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La sélec­tion ciné du 17 novembre

Quatre belles sor­ties cette semaine : Olga, d’Élie Grappe, Memoria, d’Apichatpong Weerasethakul, Les Magnétiques, de Vincent Maël Cardona et Amants, de Nicole Garcia.

« Olga », d’Élie Grappe

Il y a les films forts, et puis il y a les films puis­sants. Ceux qui épatent ou résonnent plus long­temps. ­Olga appar­tient à la deuxième caté­go­rie. Son sujet, bien sûr, favo­rise cet élan for­mi­dable. Coécrite et réa­li­sée par le jeune ­Élie ­Grappe (27 ans et des pous­sières…), cette pre­mière œuvre, pri­mée à ­Cannes, suit le par­cours très phy­sique d’une gym­naste de 14 ans, tiraillée entre la Suisse, où elle s’entraîne pour le cham­pion­nat euro­péen en vue des JO, et l’­Ukraine, où sa mère jour­na­liste couvre les évé­ne­ments d’­Euromaïdan. 

L’intrigue déploie ses figures, ses ara­besques et ses bas­cules fin 2013-​début 2014, oscil­lant entre la blan­cheur oua­tée d’un hiver hel­vète et le tumulte violent de la place ­Maïdan, qu’­Olga suit à tra­vers dif­fé­rents réseaux sociaux. On ­com­prend qu’elle ait du mal à se concen­trer… On ­com­prend vite, aus­si, que l’on est en pré­sence d’un vrai cinéaste et d’un fin por­trai­tiste. Qui filme le corps de son héroïne tou­jours à la bonne dis­tance (sans l’érotiser, mer­ci !), pour mieux nous per­mettre de la voir gran­dir, chan­ger, s’affirmer. Ou qui fait se suc­cé­der en sou­plesse, avec grande maî­trise, les séquences d’entraînement (justes et belles), les images des manifestant·es ukrainien·nes ou les scènes de la vie quo­ti­dienne d’­Olga. In fine, ­Élie ­Grappe par­vient à conci­lier sans fausse note le désir ­per­son­nel d’une jeune fille avec le cours de l’Histoire. Il a bien méri­té sa médaille lui aussi ! 

Olga, d’Élie Grappe.

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« Memoria », d’Apichatpong Weerasethakul 

Attention, dépay­se­ment garan­ti ! ­Memoria conte l’histoire d’une femme qui croit deve­nir folle, han­tée par un bruit sourd et per­cu­tant. Une femme qui erre seule dans la ville, comme dans la forêt humide et ses mon­tagnes envi­ron­nantes. Une femme qui tente de se sou­ve­nir et qu’on n’oubliera pas de sitôt. De fait, on se laisse vite envoû­ter par la lan­gueur mys­té­rieuse du nou­vel ouvrage ­d’­Apichatpong ­Weerasethakul, cinéaste thaï­lan­dais chou­chou des fes­ti­vals. Tourné en ­Colombie, Memoria s’apparente à un rêve éveillé, d’autant plus qu’il enroule ses longs plans-​séquences autour de Tilda ­Swinton, actrice hors normes, donc idéale pour incar­ner cette quête étrange, ­hyp­no­tique et profonde… 

Memoria, d’Apichatpong Weerasethakul.

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« Les Magnétiques », de Vincent Maël Cardona

Justement pri­mé à la Quinzaine des réa­li­sa­teurs, cette année à Cannes, ce pre­mier film fran­çais est une mer­veille de sen­si­bi­li­té. Atmosphère, atmo­sphère… Il nous immerge au tout début des années 1980, à la ­croi­sée de l’Ancien Monde et du nou­veau, et nous donne à voir le par­cours de deux frères que tout oppose. Le plus jeune, roman­tique et timide, vivant dans l’ombre du pre­mier, cha­ris­ma­tique et des­troy. Si le récit, ­visuel­le­ment impres­sionnant, s’accomplit telle une tra­gé­die grecque, il n’en reste pas moins moderne et ­sti­mu­lant. D’abord parce qu’il est por­té par de jeunes acteurs et actrices renversant·es. Ensuite parce que la pas­sion de ses deux (anti-)héros pour le punk-​rock, musique de colère et de liber­té, le gal­va­nise en per­ma­nence. Les Magnétiques nous aimante de bout en bout. 

Les Magnétiques, de Vincent Maël Cardona. 

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« Amants », de Nicole Garcia

Deux amants mau­dits, un mari cocu : le 9e long-​métrage de Nicole Garcia revi­site sans détours le sché­ma clas­sique du tri­angle amou­reux, mais dans sa veine la plus tra­gique. Romanesque oblige, ses sombres pro­ta­go­nistes agitent tou­te­fois leurs tour­ments dans un uni­vers de luxe, entre Paris, Genève et océan Indien. Heureusement cette beau­té plas­tique, presque froide et lisse, abrite des fêlures plus inté­res­santes qu’il n’y paraît. Pas tant du côté de l’héroïne, une femme-​objet à peine libé­rée par un ultime rebon­dis­se­ment, que des per­son­nages mas­cu­lins, plus ambi­gus, plus ­com­plexes, plus atta­chants. Nicole Garcia n’a pas son ou sa pareil·le, déci­dé­ment, pour aus­cul­ter la fra­gi­li­té des hommes bles­sés ! Elle est bien aidée, cela étant, par les excel­lents comé­diens que sont Pierre Niney et Benoît Magimel. 

Amants, de Nicole Garcia.

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