Si loin, si proche… Honeyland, documentaire nominé aux oscars et primé au Festival de Sundance, est un film étrange et familier à la fois. Magnétique. Il nous projette dans un espace primitif, hors temps, presque surnaturel, tout en nous racontant une histoire très actuelle, tissée de questions environnementales.
Précisément : son récit nous entraîne dans le hameau délabré, sans eau ni électricité d’Hatidze, l’une des dernières personnes à récolter le miel de manière traditionnelle dans les montagnes de Macédoine. Cette femme sans âge, illettrée, paisible, vit seule auprès de sa mère, paralysée et aveugle, et passe ses journées à prendre soin de ses abeilles. En totale communion avec elles, Hatidze prélève uniquement le miel nécessaire pour gagner modestement sa vie, histoire de préserver le fragile équilibre entre l’homme et la nature. Une « entente cordiale » bientôt perturbée par l’arrivée de nouveaux voisins, nettement plus avides… Nul besoin d’être experte en apiculture pour saisir le message : derrière l’histoire micro-locale d’Hatidze, si personnelle et si frappante, se niche une fable hélas universelle qui rappelle à quel point la course aux profits affecte l’équilibre écologique et met en péril la biodiversité. Une fable d’autant plus puissante que les deux coauteurs d’Honeyland ont opté pour une narration très visuelle. Peu de dialogues, des plans d’une grande beauté qui laissent parler les corps et les émotions : on est totalement happé par ce « cinéma-vérité ». Rude mais juste.
Honeyland, de Ljubomir Stefanov et Tamara Kotevska. Sortie le 16 septembre.
Pour aller plus loin, écoutez le super podcast autour de Honeyland, réalisé par la production du film, qui donne la parole entre autre à deux apiculteur·trices français·es.