Au programme de ce film présenté à la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes : une masculinité toxique intense, viscérale et terrifiante.
Trauma et paranoïa font généralement bon ménage dans les films de genre, surtout quand ils manient les codes de l’épouvante. Il est moins courant, en revanche, d’y trouver un message féministe. Sauf quand ledit film est signé Alex Garland. Le thème de la masculinité toxique traverse en effet la plupart des œuvres de ce cinéaste britannique. Celle-ci, intense, viscérale, terrifiante, ne déroge pas à la règle…
Pourtant, le point de départ semble classique… Nous voici projeté·es au côté d’Harper, une jeune femme qui vient de vivre un drame personnel et décide de s’isoler quelque temps dans la campagne anglaise pour tenter de se reconstruire. Rien de plus normal ! Très vite, pourtant, une présence étrange dans les bois environnants semble la traquer. Est-ce un fou ? Est-ce une hallucination ? Harper a peu à peu l’impression de voir cet homme menaçant partout, dans les habits d’un prêtre, d’un barman, d’un châtelain, d’un enfant et même d’un policier. Un vrai cauchemar…
Inutile de tergiverser, Men est un film impressionnant. D’abord parce que sa beauté plastique, qui oscille entre élégance et morbidité, est assez magnétique. Ensuite parce que son héroïne, incarnée par la solide Jessie Buckley, n’est jamais présentée comme une petite chose fragile. Et enfin parce que l’idée de donner le même visage (celui de l’excellent Rory Kinnear) à tous les hommes du village n’est pas seulement flippante. Elle raconte fort bien, de façon uniquement visuelle, les violences répétées et systémiques perpétrées contre les femmes. Bien sûr, il y a de fortes chances pour que ce film provocant divise (attention à la séquence finale, très gore !). Mais on peut aussi espérer qu’il fasse réfléchir…
Men, d’Alex Garland.