capture decran 2021 07 13 a 19.01.23

Quel bilan pour la France après l'Euro ?

Contre Attaque, c’est un superbe web­zine réa­li­sé par une dizaine de jeunes femmes pas­sion­nées de foot. De quoi mettre du female gaze dans le sport pré­fé­ré des Français·es. Pour l’Euro, qui a débu­té le 11 juin, elles prennent leurs quar­tiers sur Causette.fr… À vos crampons !

Quelques jours avant le début de la com­pé­ti­tion, 50 jour­na­listes euro­péens ont été inter­ro­gés quant à l’issue de la com­pé­ti­tion, et 56% d’entre eux avait décla­ré la France comme vain­queur. Bon, si ces jour­na­listes nous ont sûre­ment por­té l’œil, on ne peut pas leur en vou­loir entiè­re­ment. Cette défaite est autant le résul­tat d’une ges­tion dis­cu­table de la part de Didier Deschamps qu’un manque de cohé­sion sur le ter­rain. 
 
 

Un choix tac­tique discutable

Afin de dres­ser un bilan de l’Euro 2020 des Bleus, on revien­dra sur la défaite de la France face à la Suisse. Le soir fati­dique, Deschamps a choi­si de mettre en place un 3−5−2 inédit, sché­ma que les joueurs avaient très peu tra­vaillé en Bleus. Dans ce type de sys­tème, les trois défen­seurs cen­traux sont essen­tiels car ils doivent gérer à eux trois la défense, en cas de mon­tée des pis­tons. Alors on s’étonne que le sélec­tion­neur fran­çais ait pré­fé­ré titu­la­ri­ser C. Lenglet, auteur d’une sai­son très moyenne à Barcelone, alors qu’il avait L. Hernandez et K. Zouma à dis­po­si­tion. Autre décep­tion lors de ce match, B. Pavard a été inca­pable de tenir son cou­loir, lais­sant des espaces impor­tants dans son dos, sans tou­te­fois appor­ter des solu­tions offen­sives convain­cantes. Pourtant au cœur du sys­tème mis en place par Deschamps, on peut regret­ter la pres­ta­tion désas­treuse de B. Pavard.

Conscient de son choix tac­tique catas­tro­phique qui a mis la France en dif­fi­cul­té en pre­mière période, Deschamps repasse en 4−4−2 avant la pause, sort Lenglet à la mi-​temps et met en place une sorte de 4−3−3 pour la 2ème mi-​temps. Les Bleus ren­ver­se­ront la vapeur grâce à un Karim Benzema très ins­pi­ré, aidé par un Paul Pogba étin­ce­lant et un Lloris héroïque sur pénal­ty. Cependant, Didier Deschamps fait encore un choix dis­cu­table en sor­tant Griezmann pour Sissoko (à la 88ème), pen­sant que le match est plié. Cependant, les Bleus craquent sur cette fin de match, pré­fé­rant défendre le score plu­tôt que de conti­nuer à por­ter le dan­ger sur la but Suisse.

Alors même si on ne parle ici que d'un seul match, celui contre la Suisse, les dif­fi­cul­tés de l'Équipe de France ne se résument pas qu'à ce match, mais à plu­sieurs hési­ta­tions tac­tiques de D. Deschamps tout au long de la com­pé­ti­tion, qui n’est pas par­ve­nu à se fixer sur un sys­tème particulier.

Un col­lec­tif moins soudé

Au-​delà des choix tac­tiques de D. Deschamps, on a sen­ti un groupe moins uni et on a eu la sen­sa­tion que le sélec­tion­neur n’avait pas la main sur son groupe. Cela s’est res­sen­ti dès les matchs de pré­pa­ra­tion, notam­ment après la vic­toire contre la Bulgarie (3−0), où O. Giroud accu­sait publi­que­ment K. Mbappé de ne lui ser­vir aucun « bons bal­lon ». Après cette sor­tie média­tique, K. Mbappé s’est expli­qué publi­que­ment quatre jours plus tard, avec l’autorisation du sélec­tion­neur. On se rap­pelle éga­le­ment K. Coman qui refuse de sor­tir mal­gré les injonc­tions de D. Deschamps contre la Suisse ou encore de K. Mbappé qui affirme en confé­rence de presse qu’il n’y avait pas de hié­rar­chie de tireur, alors qu’A. Griezmann avait affir­mé être le tireur numé­ro 1 de pénalty. 

Ce manque d’emprise sur le groupe et les sor­ties média­tiques des joueurs ont mis en lumière l’échec mana­gé­rial de D. Deschamps lors de cette cam­pagne euro­péenne, lui qui avait réus­si en 2018 notam­ment grâce à ces qua­li­tés de meneur d’homme. Peut-​être n’a‑t-il pas su gérer les égos des atta­quants (K. Mbappé, O. Giroud, A. Griezmann) pour conduire ce groupe vers la réus­site. Le départ pré­ma­tu­ré d’O. Dembélé après sa bles­sure lors du match contre la Hongrie, a été un coup dur pour l’Equipe de France, lui qui met­tait une bonne ambiance dans le groupe.

On peut donc ain­si regret­ter cette bataille d’égo que n’a pas su gérer le sélec­tion­neur et ce manque de cohé­sion qui ont fait rage pen­dant le tournoi. 

Une orga­ni­sa­tion de l’Euro en par­tie responsable ?

Le dou­zième homme avait man­qué au monde du foot­ball pen­dant la crise du Covid. Cependant, les Bleus n’ont pas pu ren­con­trer leur sup­por­ter comme ils l’avaient fait lors de l’Euro 2016 orga­ni­sé en France. Les sup­por­ters avaient por­té les Bleus jusqu’en finale leur appor­tant un sou­tien sans faille. Alors on regrette qu’aucun match ne se soit pas­sés en France, lorsque l’on com­pare à Budapest et son stade rem­pli por­té par le peuple hon­grois ou encore le stade de Wembley qui a accueilli l’équipe d’Angleterre six fois sur l’ensemble du tour­noi. Certaines équipes devait donc ajou­ter à leur entrai­ne­ment des tra­jets pour cer­tains de plu­sieurs mil­liers de kilo­mètres. Comme l’Angleterre qui ne s’est dépla­cée qu’une seule fois, à Rome, pour les quarts de finales contre l’Ukraine. Alors que la Suisse, elle, s’étant arrê­tée en quart de finale, a par­cou­ru envi­ron 10 466 kilo­mètres. Cette orga­ni­sa­tion inégale de la part de l’UEFA a été un fac­teur non négli­geable sur la frai­cheur phy­sique des joueurs. On n’oublie pas non plus le bilan car­bone catas­tro­phique de cet Euro, cau­sé par les mul­tiples dépla­ce­ments en avion des équipes participantes.

Alors for­cé­ment on est déçus, déçus d’avoir vu l’Équipe de France qui nous avait fait vibrer en 2018 s’arrêter aus­si tôt dans la com­pé­ti­tion. Mais aus­si cela nous amène à nous ques­tion­ner sur l’avenir de D. Deschamps en tant que sélec­tion­neur des Bleus. Sera-​t-​il en mesure de trou­ver la bonne équipe et de mettre en place un sys­tème effi­cace pour la Coupe du Monde 2022 au Qatar ? D’autant plus que D. Deschamps n’aura qu’un an et demi pour faire fonc­tion­ner l’alchimie, après le déca­lage de l’Euro en 2021 dû à la crise sanitaire. 

Maiwenn Degove

Vous êtes arrivé.e à la fin de la page, c’est que Causette vous passionne !

Aidez nous à accom­pa­gner les com­bats qui vous animent, en fai­sant un don pour que nous conti­nuions une presse libre et indépendante.

Faites un don
Partager

Cet article vous a plu ? Et si vous vous abonniez ?

Chaque jour, nous explorons l’actualité pour vous apporter des expertises et des clés d’analyse. Notre mission est de vous proposer une information de qualité, engagée sur les sujets qui vous tiennent à cœur (féminismes, droits des femmes, justice sociale, écologie...), dans des formats multiples : reportages inédits, enquêtes exclusives, témoignages percutants, débats d’idées… 
Pour profiter de l’intégralité de nos contenus et faire vivre la presse engagée, abonnez-vous dès maintenant !  

 

Une autre manière de nous soutenir…. le don !

Afin de continuer à vous offrir un journalisme indépendant et de qualité, votre soutien financier nous permet de continuer à enquêter, à démêler et à interroger.
C’est aussi une grande aide pour le développement de notre transition digitale.
Chaque contribution, qu'elle soit grande ou petite, est précieuse. Vous pouvez soutenir Causette.fr en donnant à partir de 1 € .

Articles liés