Avec la nomination d’Elisabeth Borne comme cheffe du gouvernement ce lundi 16 mai, l’Europe compte actuellement neuf femmes premières ministres en exercice, dont six au sein de l’Union Européenne. Mais quand on s’y penche de plus près, les ratios de femmes à la tête des gouvernements européens restent infimes, et leur position souvent précaires.
Trente ans après Edith Cresson, une nouvelle femme retourne à Matignon. Hier, lundi 16 mai, Elisabeth Borne est devenue la deuxième femme française à détenir le titre de première ministre. L’ancienne ministre du travail intègre désormais le cercle encore très fermé des cheffes de gouvernement en Europe : six au total pour l’Union européenne, et neuf pour l’Europe, avec la Serbie, la Moldavie et l’Islande.
Le président rélu Emmanuel Macron a choisi de nommer une femme pour, a‑t-il laissé entendre, rattraper le retard par rapport à ses voisins européens en terme de parité. Actuellement, en Suède, au Danemark, en Finlande, en Estonie et en Lituanie, ce sont principalement des jeunes femmes (entre 37 et 55 ans) qui dirigent leurs gouvernements. Mais si les pays scandinaves et du nord de l’Europe restent champions en termes de nominations de femmes aux premiers postes du pouvoir, le virage est récent.
La journaliste Rachel Garrat-Valcarcel en a en effet établi le constat sur Twitter en élargissant la focale dans le temps : en observant les listes de premier⸱ères ministres depuis le début de la mise en place des différents régimes politiques de chaque pays européen, le ratio femmes-hommes est totalement défavorable aux premières.
La Finlande reste la championne du genre, mais ce sont seulement trois femmes qui ont tenu le poste sur 46 nommé.es. Au Royaume-Uni depuis 1721, seuls deux mandats sur 77 ont été assurés par des femmes, en les figures emblématiques de Margaret Thatcher et Theresa May. Même bilan pour le Danemark, qui compte deux premières ministres sur 26. En Suède, à l’exception de Magdalena Andersson, actuelle cheffe du gouvernement suédois, aucune autre femme n’a obtenu le titre sur 45 mandats. En Belgique, Sophie Wilmès est la seule femme a avoir dirigé le gouvernement fédéral de 2019 à 2020, sur 53 mandats de premiers ministres.
Autre écueil : quand elles sont nommées, beaucoup le sont pour très peu de temps. Un tiers d’entre elles sont ainsi restées en place moins d’un an. Maria de Lourdes n’est restée que cinq mois à la tête du gouvernement portugais en 1980. En Lituanie, Irena Degutienė a servi deux fois de cheffe intérimaire en 1999… pour pas plus de treize jours.
Sur les 27 pays membres de l’UE, huit n’ont encore jamais connu de femme première ministre à ce jour, hors intérim. C’est le cas de l’Espagne, l’Italie, l’Autriche, les Pays-Bas, la Bulgarie, la République Tchèque, Chypre et le Luxembourg.
En dehors de l’Europe, il faut actuellement compter moins d’une dizaine de femmes premières ministres. Celles de longue date, comme Sheikh Hasina à la tête du Bangladesh depuis 2009, ou Saara Kuugongelwa-Amadhila depuis 2015 en Namibie. Mais aussi dans le Pacifique, avec Jacinda Ardern depuis 2017 en Nouvelle-Zélande (deux autres femmes avant elle ont aussi occupé la fonction de première ministre). Tout récemment, en Tunisie, au Togo, au Gabon et en Ouganda, des femmes ont également accédé au poste.