La Cour européenne des droits de l'Homme a déclaré recevable la requête des travailleur·ses du sexe qui demandent l’abrogation de la loi de 2016, pénalisant les clients de la prostitution.
C'était une décision très attendue par les travailleur·ses du sexe et les associations qui travaillent avec elles.eux. Jeudi 31 août, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a déclaré, à la majorité, recevable la requête de travailleur·ses du sexe demandant l'abrogation de la loi française de 2016 instaurant la pénalisation des clients de la prostitution.
La CEDH ne se prononcera sur le fond de l'affaire que dans les prochains mois. La Cour a été saisie en 2019 par plus de 260 travailleur.ses du sexe de nationalités différentes se plaignant d'une dégradation de leurs conditions de travail depuis le vote de ce texte. Selon elles.eux, cette loi a précarisé leur situation, les exposant davantage aux risques de contamination au VIH/sida et autres infections sexuellement transmissibles, ainsi qu’aux violences sexistes et sexuelles. Elles·eux demandent l’abrogation de ce texte au motif qu’elle porte atteinte à leurs « droits à la santé et à la sécurité » et au « respect de la vie privée ».
La CEDH a admis la recevabilité des requêtes et a reconnu que requérant·es pouvaient se prétendre victimes de la violation de leurs droits au titre des articles 2 (droit à la vie), 3 (interdiction des traitements inhumains ou dégradants) et 8 (droit au respect de la vie privée et familiale) de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme. Les associations qui soutiennent les travailleur.euses du sexe perçoivent cette décision comme une « victoire d'étape » qui « acte le débat ».
Un premier recours devant le Conseil constitutionnel en 2019
Avant de contacter la CEDH, les plaignant.es s'étaient dans un premier temps tourné·es vers le Conseil constitutionnel en 2019 afin de contester la conformité de la pénalisation des clients à la Constitution. Tout en reconnaissant l’atteinte à la liberté d’entreprendre que constituait une telle mesure, le Conseil constitutionnel n'avait pas censuré cette disposition.
La loi votée le 13 avril 2016 « visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées » a abrogé le délit de racolage et instauré une interdiction d’achat d’acte sexuel. Depuis, le recours à la prostitution est puni d’une contravention pouvant aller jusqu'à 3 750 € en cas de récidive.