Chaque mois, un chercheur, une chercheuse, nous raconte sa thèse sans jargonner. Pendant quinze mois, l’anthropologue Inès Pasqueron de Fommervault a observé les rires en Tanzanie. Derrière les éclats, elle a trouvé des normes, des transgressions et des actes de résistance.
Causette : Pourquoi avoir décidé d’étudier le rire ?
Inès Pasqueron de Fommervault : Lorsque j’étais enfant, ma grand-mère m’a permis d’entrevoir la complexité du rire. Déportée à l’âge de 14 ans dans le camp de concentration d’Auschwitz, elle me racontait des souvenirs empreints d’horreur et de douleurs, mais aussi ces élans de rire irrépressibles qu’elle partageait avec ses sœurs et ses amies lorsqu’elles se retrouvaient pendant leur enfermement, puis une fois libérées. Elle ne comprenait pas vraiment ce rire, qui n’était pas l’expression d’une joie et qui, pourtant, existait. Il était pour moi aussi source d’étonnement et de confusion. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’en ai fait mon objet de recherche.
Comment avez-vous choisi votre terrain ?
I. P. F. :[…]