at tal
Montage Causette © Capture écran LCP

“Parents défaillants”, “mères céli­ba­taires qui ne lâchent rien” : le double dis­cours du gou­ver­ne­ment sur les familles mono­pa­ren­tales est inaudible

Mardi soir, lors de sa décla­ra­tion de poli­tique géné­rale devant les député·es, Gabriel Attal a décla­ré : “La France, ce sont ces mères céli­ba­taires qui ne lâchent jamais rien.” Pas si long­temps en arrière, elles étaient jugées défaillantes… Un dis­cours pas très audible. 

On a du mal à suivre. Mardi soir, lors de sa décla­ra­tion de poli­tique géné­rale devant les dépu­tés, Gabriel Attal a décla­ré : “La France, ce sont ces mères céli­ba­taires qui ne lâchent jamais rien.” Bien sûr, on se réjouit d’entendre ces mots pour celles qui, en effet, se tapent bien sou­vent tout le bou­lot pour cause de cara­pa­tage en masse des pères. Elles n’ont guère le choix de ne rien lâcher, à dire vrai. Il est néan­moins louable de saluer leur tra­vail. D’autant qu’elles ne l’assurent pas dans les meilleures condi­tions : 1 mil­lion de mères iso­lées vivent sous le seuil de pau­vre­té, selon les chiffres du Secours catho­lique de novembre dernier.

Cette sor­tie d’hier, un rien déma­go, ça nous rap­pelle un peu quand Emmanuel Macron avait salué les “mères cou­rages” durant le mou­ve­ment des Gilets jaunes. Là encore, pas trop de prise de risque avec cette phrase qui bros­sait dans le sens du poil. Même si cette héroï­sa­tion des femmes pré­caires et étouf­fées par la charge men­tale pour cause de défaillance socié­tale nous gêne légè­re­ment aux entour­nures. Mais à la limite, passons.

Car ce qui nous pique vrai­ment, au fond, ce n’est pas vrai­ment ça. Ce qui nous cris­pouille un poil plus, c’est qu’après les émeutes de juillet der­nier, le gou­ver­ne­ment n’avait pas man­qué de poin­ter du doigt les “parents défaillants” des jeunes y ayant par­ti­ci­pé. Aurore Bergé, alors ministre des Solidarités et des Familles, avait annon­cé vou­loir les punir grâce à des tra­vaux d’intérêt géné­ral et des amendes. Dans le même temps, le gou­ver­ne­ment n’oubliait pas de rap­pe­ler, dans un rac­cour­ci bien culpa­bi­li­sant, que la plu­part des jeunes émeu­tiers étaient éle­vés par des mères solos. Quelques mois plus tard, en octobre, le minis­tère de la Justice confir­mait d’ailleurs les chiffres : 60 % des mineurs pré­sen­tés à la jus­tice après les émeutes en réac­tion à la mort de Nahel étaient bien issus d’une famille mono­pa­ren­tale. Sous-​entendu : des mères.

Donc dans cer­tains cas, “elles ne lâchent rien”, elles ont tous les “cou­rages”. Dans d’autres, quand leurs enfants com­mettent des erreurs, donc, elles sont “défaillantes” ? Y aurait-​il de bonnes mères de familles mono­pa­ren­tales cou­ra­geuses : celles des ronds-​points et de la classe moyenne blanche. Et celles des quar­tiers, qui, selon les termes du Premier ministre, sont pour cer­taines “tota­le­ment dépas­sées” ? À elles, on pro­pose de mettre leurs enfants dans des inter­nats. En soi, pour­quoi pas. L’idée n’est pas déli­rante si tant est qu’elles jugent cette solu­tion adap­tée. Mais n’est-ce pas les déres­pon­sa­bi­li­ser ? Juger qu’elles sont inca­pables de gérer leurs propres enfants ? Peut-​être ont-​elles sim­ple­ment besoin de plus de moyens et de moins de pré­ca­ri­té. Et que les pères de leurs enfants soient contraints de payer leurs pen­sions ali­men­taires. Il est fort pro­bable que, dans ces condi­tions, elles y par­viennent très bien elles-mêmes.

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.