Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé ce jeudi que la France allait accueillir les 234 personnes sauvées des eaux par SOS Méditerranée dès vendredi matin. La fin du calvaire compliqué par un bras de fer diplomatique avec l'Italie.
C'est la fin de vingt jours d'incertitude pour les migrant·es secouru·es en mer par l'association SOS Méditerranée. Jeudi 10 novembre, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé que la France avait autorisé « à titre exceptionnel » l'Ocean Viking à accoster dans le port militaire de Toulon, afin d'y débarquer 234 personnes, dont 57 enfants, présent·es sur le navire pour certain·es depuis le 22 octobre.
« Toutes les mesures seront prises pour apporter l'assistance sanitaire et médicale nécessaire aux passagers du navire, a déclaré le ministre lors d'un point presse. Assurer les contrôles sécuritaires adéquats et examiner les demandes de séjours et d’asile. » Un tiers des passagers migrants seront « relocalisés » en France, a‑t-il ajouté, et ceux qui ne répondront pas aux critères de demandeurs d’asile « seront reconduits directement ».
Un accueil courroucé…
En parallèle, Gérald Darmanin a réitéré l'expression de la colère de la France envers son voisin italien, qui a refusé d'accueillir l'Ocean Viking dans ses ports alors qu'il « se trouvait sans aucune contestation dans la zone de recherche et de secours italienne ». Un comportement « inacceptable », a assuré le locataire de la place Beauvau : « La France regrette très profondément que l'Italie n'ait pas pris le parti de se comporter comme un Etat européen responsable. La gestion des flux migratoires en Méditerrannée est un problème européen qui nous touche tous, appelant une réponse européenne. »
Pour marquer le coup, l'Intérieur a annoncé prendre « dans les prochaines heures » des mesures de renforcement des contrôles aux frontières intérieures avec l'Italie. Mercredi 9 novembre, la première ministre d'extrême droite Giorgia Meloni avait martelé assumer son refus de l'accueil de l'Ocean Viking en raison du mandat donné par ses électeur·rices sur une ligne migratoire dure.
… Et militaire
Pour l'Ocean Viking, cette décision de Paris marque la fin de plusieurs semaines d'errance dans les eaux méditerranéennes, et dans un contexte où, le 8 novembre, SOS Méditerranée alertait dans un communiqué sur la détresse de ses passagers. « Les rescapés et l’équipe sont épuisés physiquement et psychologiquement par plus de deux semaines de blocage en mer », constatait Sophie Beau, directrice générale de l'association, faisant part de ses craintes que certain·es migrant·es choisissent de passer par-dessus bord pour en finir avec l'attente.
Interrogé jeudi matin par la presse sur la possibilité d'accueillir l'Ocean Viking, le maire de Toulon Hubert Falco (ex-LR et soutien d'Emmanuel Macron) avait déclaré : « Avons-nous le droit de laisser mourir sur la Méditerrannée, des femmes, des enfants, des hommes ? […] On est maire, on est responsable de la vie des gens. Est-ce que je peux dire que je laisserai mourir des gens sur la Méditerranée aujourd'hui ? Non, il faut les accueillir. » Pour autant, il précisait dans la foulée que si le bateau venait à rejoindre Toulon, il « ne viendrait que sur le domaine militaire, les collectivités ne seraient pas impactées ». Manière de ne pas crisper les Français·es anti-migration.