Une partie des 52 associations qui composent le Collectif Handicaps a décidé de boycotter la Conférence Nationale du Handicap qui doit se tenir cet après-midi à l’Élysée. En cause : « l’absence d’information sur les mesures qui seront annoncées et leur financement ».
Emmanuel Macron doit présider ce mercredi 26 avril après-midi à l’Élysée la sixième Conférence nationale du handicap (CNH). Dans une lettre ouverte adressée au président lundi dernier, le Collectif Handicaps avait demandé de reporter cette conférence de « quelques semaines » pour « enclencher une véritable concertation sur les mesures envisagées ». Face à ce que le collectif estime être un « manque apparent d’ambition » de la CNH pour améliorer les droits et la vie quotidienne des personnes handicapées, la moitié des 52 associations qui le composent a décidé de boycotter l’événement, d’après France inter.
Cette conférence, qui a lieu tous les trois ans et qui a pour mission de donner le cap des politiques publiques du handicap, devrait cette année évoquer la scolarisation des enfants, l’emploi, l’accessibilité, et d’autres aspects de la vie quotidienne, comme la santé ou la facilitation de démarches administratives, explique Le Parisien.
Le grand rendez-vous réunira des membres du gouvernement, des élu·es, les collectivités locales, administrations, associations, entreprises, syndicats, selon le ministère des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, indique le quotidien. Au programme : des discours du ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe et de la ministre déléguée Geneviève Darrieussecq, des tables-rondes thématiques et en clôture, une allocution du président de la République pour annoncer « 70 mesures fortes » selon les mots de l’Élysée.
Un mécontentement global
Dans la lettre adressée à Emmanuel Macron, à laquelle Le Parisien a eu accès, Arnaud de Broca, le président du Collectif Handicaps, a pointé du doigt « un mécontentement assez général parmi les associations membres » du Collectif. « Elles ne sont pas satisfaites de la manière dont les travaux préparatoires se sont déroulés et de l’absence d’information sur les mesures qui seront annoncées et leur financement », a déclaré d’après le quotidien celui qui a décidé de laisser sa chaise vide la CNH.
Pour Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée chargée des Personnes handicapées, « décaler les décisions, les annonces et l’aboutissement du travail mené en commun ne ferait que repousser les solutions attendues en urgence », rapporte Le Parisien.
Respecter les décisions européennes
Alors qu'Emmanuel Macron avait annoncé faire du handicap une des priorités de son premier quinquennat, lors d’une « carte blanche » au moment du débat du second tour face à Marine Le Pen en 2017, force est de constater que la loi de 2005 pour l'égalité des droits et des chances à la participation et à la citoyenneté des personnes handicapés n’est à ce jour toujours pas respecté, comme l’a épinglé le Conseil de l’Europe. Le 17 avril, lors de sa prise de parole, Emmanuel macron a encore une fois fait du handicap la grande cause oubliée des grands chantiers annoncés pour les 100 prochains jours. Le Collectif avait donc demandé à ce que la CNH affiche « une politique ambitieuse et un engagement budgétaire », précise à Causette, Pascale Ribes, la présidente d’APF France handicap.
Les 52 associations souhaitaient que la CNH « fasse référence à la décision du Conseil de l’Europe dans son introduction », a continué d’expliquer Pascale Ribes. Dans son rapport publié le 17 avril, le Conseil de l’Europe a en effet épinglé la France pour ses manquements aux droits et libertés des personnes en situation de handicap. Il avait été saisi en 2018 par plusieurs associations et le Comité européen des droits sociaux (CEDS) qui reprochaient à la France de ne pas remédier efficacement aux problèmes liés à l’inclusion des enfants et adolescents handicapés dans les écoles ainsi qu’aux difficultés des personnes handicapées à accéder aux services de santé.
Cinq ans après, les associations ont reçu cette décision avec « beaucoup de joie », indique Pascale Ribes, qui explique que « même si les décisions qu'ils rendent ne sont pas exécutoires, en tant que telles dans les ordres juridiques nationaux, elles obligent l'État à changer ses politiques et elles peuvent aussi servir de base à la jurisprudence, notamment devant les tribunaux. »La présidente d’association a également affirmé que « l’État et les associations avaient connaissance des condamnations fin décembre ». Et « qu’un délai de quatre mois avant de rendre la condamnation publique est laissé aux États afin qu’il commence à anticiper des solutions, ce que l’État n’a pas fait. »
Si une partie des associations ont bien décidé de décliner l’invitation présidentielle, contrariées par le manque d’engagement du gouvernement, certaines assisteront quand même à l’événement décidées à « porter haut et fort leurs demandes », comme c’est le cas pour Pascale Ribes.