France Télévisions a été condamné aux prud’hommes à verser plus de 80 000 euros à un ancien présentateur de France Info, notamment pour “harcèlement moral” et “sexuel” et licenciement “nul”, selon un jugement consulté mercredi.
France Télévisions a été condamné aux prud’hommes à verser plus de 80 000 euros à Gaël Giordana, ancien présentateur de France Info, notamment pour “harcèlement moral” et “sexuel” et licenciement “nul”. Le groupe audiovisuel public a déclaré avoir fait appel de cette décision rendue le 25 janvier, sans plus de commentaire. De son côté, le journaliste a également fait appel, sa demande principale de réintégration à l’entreprise ayant été “refusée” par le conseil des prud’hommes de Paris, a indiqué son avocat, Me Florent Hennequin.
Recruté en 2021 par le groupe, où il a enchaîné plus de soixante-dix CDD, Gaël Giordana a coprésenté de 2022 à 2023 la matinale de France Info et le 6 h info de France 2 les vendredis, samedis et dimanches. C’est là qu’il a subi “des remarques sur son homosexualité, des contacts physiques intrusifs, des messages inappropriés” de sa coprésentatrice, Camille Grenu, “plus installée que lui” – car en CDI – et conjointe du rédacteur en chef de Télématin sur France 2, assure Me Hennequin. Après avoir alerté sa rédaction, Gaël Giordana a été invité à s’expliquer avec sa coprésentatrice, qui “a extrêmement mal réagi”, poursuit l’avocat.
Traitement “profondément injuste”
Si une enquête interne diligentée par France Télévisions a bien reconnu “des comportements inadaptés de Mme Grenu, des maladresses, un manque de discernement, et un ressenti justifié de M. Giordana”, indique la décision des prud’hommes, le journaliste s’est par la suite vu proposer “une tranche beaucoup plus confidentielle (en fin d’après-midi) qui entraînait une perte de salaire”. Gaël Giordana ne présentait la matinale qu’en l’absence de sa coprésentatrice, relate encore son avocat.
À l’été 2023, le contrat du journaliste n’a pas été renouvelé. “On le met au placard et on se débarrasse de lui dès que son contrat prend fin”, résume Me Hennequin, insistant sur le fait que la procédure vise France Télévisions et la manière “profondément injuste” dont “cette situation a été traitée”. Malgré la requalification du contrat de Gaël Giordana en CDI et la nullité de son licenciement, le conseil des prud’hommes “n’est pas allé au bout de son raisonnement” en refusant sa réintégration, jugée “inadaptée”, déplore Me Hennequin.
Sollicitée par Télérama, qui a révélé cette affaire, Camille Grenu n’a pas répondu. Il revient désormais à la cour d’appel de trancher ce conflit, possiblement “dans deux ans”, estime l’avocat de Gaël Giordana.
Lire aussi I Selon une étude, 60 % de salarié·es déclarent avoir déjà été victimes de violences sexistes et sexuelles au travail