Si on s’est collectivement mis·es à déconstruire le couple et les sexualités hétéros, un autre type de relation avec les hommes est passé sous les radars : l’amitié. Pourtant, la révolution féministe offre des perspectives nécessaires pour bâtir des amitiés mixtes plus égalitaires et plus profondes.
![Amitiés hommes-femmes : être potes après #MeToo 1 MG 9598](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2022/05/MG_9598-682x1024.jpg)
Le best-seller féministe de l’année parle du sujet le plus éculé du monde (qu’il dépoussière comme jamais) : l’amour hétéro. Dans Réinventer l’amour, l’un des succès de la dernière rentrée littéraire, Mona Chollet fait le vœu de produire un « discours public qui rompe l’isolement » des femmes dans « le huis clos amoureux », où le lien avec les hommes, s’il est volontaire et empreint d’affection, « est bel et bien empoisonné par la domination ». Il existe un autre type de relation affective liant les hommes et les femmes, qui mériterait lui aussi de se réinventer, mais qui reste pour l’instant un angle mort du chantier de déconstruction de nos relations : l’amitié.
À en croire les magazines féminins, la littérature et même la pop culture, elle serait presque impossible, forcément parasitée par une incontournable envie de séduction qui écraserait toute forme de lien authentique et dénué d’ambiguïté. Pauline Le Gall, journaliste culture et autrice d’un essai sur les amitiés féminines dans les films et les séries, Utopies féministes sur nos écrans (Éd. Daronnes), en librairie le 27 mai, le constate encore après #MeToo. « Le fameux “Will they, won’t they?” [vont-ils le faire ou non ?, ndlr] est un arc narratif très commun, qui veut qu’un ami et une amie vont forcément finir ensemble. C’est le cas depuis Quand Harry rencontre Sally. Et ça a infusé nos imaginaires. » Signe des temps, quelques exceptions viennent briser la règle et redonner à l’amitié entre un homme et une femme le grand A qu’elle mérite.
Révolution féministe
Comme la série française Platonique, diffusée sur OCS début mai et consacrée à l’amitié mixte. L’intrigue : deux ami·es fraîchement séparé·es s’installent ensemble pour « faire famille entre amis ». Il·elle ont chacun·e un enfant et décident de se mettre en coloc pour les élever. Sans finir ensemble. Doit-on ces nouvelles représentations à la révolution féministe ? Nous permettrait-elle enfin de relationner avec l’autre genre sans sous-entendu et de façon non seulement plus profonde, plus tendre mais aussi plus égalitaire ?
![Amitiés hommes-femmes : être potes après #MeToo 2 MG 9714](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2022/05/MG_9714-682x1024.jpg)
Celles et ceux qui ont emprunté ce chemin en appliquant les réflexions post-#MeToo aux relations avec leurs potes prouvent que ça en vaut la peine. Il faut écouter Camille, la quarantaine, qui a découvert, grâce à ses copains du groupe
de chorale, qu’elle pouvait évoquer le viol qu’elle a subi en étant « vraiment écoutée et soutenue » par des hommes. Sofiane, 21 ans, qui a su poser les bonnes
questions à une amie dans une relation abusive pour l’aider à en sortir. Adèle 1, 28 ans, dont les deux potes d’enfance pourtant « mâles alpha » se sont mis
à lui faire des bouillottes pour soulager sa douleur pendant ses règles. Amine 1, 36 ans, qui a accepté « la part de tendresse » dans l’amitié. Sophie 1, 29 ans, qui ose désormais dire « t’es beau » à ses copains hétéros. Ou Stéphane, 43 ans, qui a ouvert sa « fenêtre de fragilité » dans ses conversations avec ses amies. « Ça change des discussions boulot ou sur mes marathons. »
Derrière les « good guys »
Réinventer l’amitié avec les hommes au prisme du féminisme suppose d’abord qu’ils se réinventent eux-mêmes. Daisy Letourneur, autrice fondatrice du blog La Mecxpliqueuse (dont le but est de déconstruire les masculinités) et militante féministe, trans, lesbienne, publie le 5 mai On ne naît pas mec (Éd. La Découverte). « La première chose à remettre en question, débute-t-elle, c’est le concept de friendzone, qui va main dans la main avec celui de good guy. Il s’agit de l’idée que les hommes qui se voient comme de gentils garçons manqueraient de chance, car les femmes autour d’eux préféreraient les bad boys. Raison pour laquelle ils se feraient “friendzoner” », c’est-à-dire, resteraient « bloqués » au rang d’ami, sans perspective sexuelle ou amoureuse. « Il y a dans tout ça une vision très traditionnelle des rapports hommes-femmes hétéros qui instaure une sorte de transaction par la sexualité, comme si les amitiés mixtes étaient impossibles. »
Gabriel, 29 ans, s’est regardé dans la glace à ce sujet.« Le cas s’est présenté avec une femme qui est devenue une très bonne amie aujourd’hui. Quand je l’ai rencontrée, j’ai pensé : “Je l’aime bien, je la trouve jolie, DONC je me demande si quelque chose serait possible.” Tout le problème est dans ce DONC. La révolution féministe a eu un rôle fondamental pour régler ça. J’ai constaté le réflexe qui m’amenait à sexualiser mes interlocutrices. Mais l’ambiguïté existe souvent juste dans ta tête. Une fois que tu clarifies tes intentions – simplement discuter avec quelqu’un de sympa –, tu abolis les artifices. Ça m’a permis d’ouvrir mon cercle amical, de faire passer des liens faibles à des choses plus fortes. »
Une nouvelle perspective, se réjouit-il, « méga apaisante, libératrice et gratifiante » : la possibilité, si l’on est hétéro, d’accueillir avec joie le fait de ne pas être attiré sentimentalement ou sexuellement par un humain d’un autre genre que le sien. Et non de le vivre comme un échec. Car l’amitié hommes-femmes n’est pas le lot de consolation d’une histoire romantique ratée et dans cet espace se niche peut- être, au contraire, un vrai pas possible vers l’altérité.
![Amitiés hommes-femmes : être potes après #MeToo 3 MG 9650](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2022/05/MG_9650-1024x683.jpg)
Pour l’historienne des émotions Anne Vincent-Buffault, autrice d’Une histoire de l’amitié (éd. Bayard, 2010), « l’amitié valorisée a toujours été l’amitié virile ». À l’époque où on devenait ami·es dans les salons, « cela représentait une promotion de discuter avec des philosophes ou des proches du pouvoir ». C’est-à-dire : des hommes. Résultat : ils n’ont jamais été incités à valoriser les amitiés féminines. Anne Vincent-Buffault cite Les Filles du coin (Presse de Sciences Po, 2021), enquête sociologique de Yaëlle Amsellem-Mainguy sur les femmes en milieu rural, pour montrer à quel point cela se retrouve aujourd’hui. « On y apprend que les jeunes femmes citent toujours un ami masculin pour décrire leurs amitiés alors qu’elles ont plus d’amies filles. Pour les jeunes hommes, les femmes ne sont là qu’en tant qu’épouses. »
« Fille à pédés »
La sociologue américaine Karen Walker l’expliquait dès 1994. « Les jeunes garçons et les hommes éprouvent les amitiés proches et intimes comme des menaces. L’intimité menace leur sens de la masculinité », écrit-elle dans « Les hommes, les femmes et l’amitié » 2, parce que la notion de proximité émotionnelle est associée au féminin, « qu’ils ont été contraints de réprimer dans leur petite enfance ».
![Amitiés hommes-femmes : être potes après #MeToo 4 MG 9744](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2022/05/MG_9744-682x1024.jpg)
Daisy Letourneur le confirme en citant les travaux de la psychologue Niobe Way. Dans Deep Secrets, Boys Friendships and the Crisis of Connection (Havard University Press, 2011), « elle décrit comment les jeunes garçons entretiennent des amitiés très fortes, émotionnellement enrichissantes, qui sont pour eux des lieux de résistance à l’injonction patriarcale », mais les perdent au fil de l’âge, à mesure qu’ils apprennent les normes de virilité. « La psychologue explique cet état de fait par l’attribution aux émotions d’un sexe (féminin) et d’une orientation (homosexuelle), poursuit Daisy Letourneur, mais aussi par une autre injonction patriarcale : un homme, un vrai, est indépendant. Il peut se débrouiller avec sa bite et son couteau. » Et donc, sans amis. Encore moins des amies femmes.
Voilà comment on en arrive à un autre bon vieux cliché : les garçons qui nouent des amitiés sincères ou pire, multiples, avec des femmes seraient forcément gays. Charles 1, 32 ans, peut en témoigner : « J’ai grandi avec un groupe de potes filles depuis la classe de quatrième. C’était quelque chose de socialement pas hyper accepté et mon orientation sexuelle – hétéro – était souvent remise en question à cause de ça. »
De l’autre côté du spectre survit un autre stéréotype, avance Daisy Letourneur : les « filles à pédés ». L’idée, très tenace, selon laquelle un certain degré de proximité avec les hommes ne pourrait être atteint qu’avec des gays. On la retrouve aussi dans la pop culture : Carrie et Stanford dans Sex and the City, ou Charlotte et Anthony dans le remake en 2021, And Just Like that. L’image n’est pas 100 % sortie du chapeau, admet Sofiane, étudiant en licence de sciences politiques. Lui n’est « pas hétéro » et observe : « En étant gay, ça enlève un rapport de hiérarchie sociale avec mes amies. On a dû à la fois déconstruire des choses communes et certaines injustices nous rapprochent. »
![Amitiés hommes-femmes : être potes après #MeToo 5 MG 9669](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2022/05/MG_9669-682x1024.jpg)
Cela aide à se comprendre. Une bonne piste pour les hommes non gays que de tenter de s’intéresser sincèrement au vécu de leurs amies et aux discriminations en général. Pour Daisy Letourneur, « il est beaucoup plus facile pour les femmes de nouer des amitiés avec des hommes qui militent pour des causes proches du féminisme : antiracisme, antivalidisme ou antitransphobie. Des relations de solidarité entre personnes victimes d’autres discriminations peuvent devenir de vrais liens amicaux ». Du moment qu’on y ajoute une forme de vigilance envers le vécu d’autrui. C’est le cas de Sofiane : « #MeToo a éclaté quand j’avais 17 ans. Depuis, en tant que mec, je fais quand même beaucoup plus attention à fermer ma gueule. »
Les couilles et le cœur sur la table
En finir avec le mansplaining – soit quand un homme explique à une femme ce qu’elle sait déjà – est une première étape. S’ouvrir à sa propre sensibilité en est une autre. C’est en voyant ses potes se remettre en cause qu’Adèle a pu reconnecter avec eux. « Un de mes amis s’est remis en question parce qu’une nana l’a ghosté. Il m’a demandé s’il avait été incorrect en me montrant leurs conversations. Ça m’a marquée qu’il s’autorise à parler de ses émotions. Il ne l’aurait pas fait avant. Ça a solidifié notre lien. » La réalisatrice Anaïs Volpé, qui a sorti, en avril, la série podcast À mes amiesœurs, sur Binge Audio, en arrive au même constat. Si ses « amisœurs » masculins sont si proches, c’est parce qu’ils viennent du milieu artistique, accoutumés à se livrer, analyse-t-elle. « Ce sont des gens habitués à créer avec leur sensibilité, à se laisser aller dans l’expression de soi. » Leurs amitiés n’en sont que plus complètes, plus riches. « On peut parler des heures de façon super deep ou rigoler toute la soirée. »
L’année dernière, Stéphane Jourdain et Guillaume Daudin ont publié une enquête en BD sur la contraception masculine : Les Contraceptés (éd. Steinkis). En parallèle de celle-ci s’opère pour eux une « grande introspection ». Une remise en question de soi, dépeint Stéphane Jourdain, et une ouverture émotionnelle. « La révolution féministe a une incidence sur ce que je suis en tant qu’homme. L’amitié est un angle mort sur lequel je ne me suis pas interrogé. Mais j’ai notamment pris conscience de la brutalité qu’on peut avoir en nous, les hommes hétéros. Tu réalises que quand tu te refuses
à être sensible sur tel ou tel sujet, cela peut avoir une incidence sur un ou une amie. Avant #MeToo, je pense que je n’aurais par exemple pas parlé du travail que je mène avec ma psy, parce que c’était pas cool d’étaler sa fragilité. » Partager son vécu l’a aussi amené à s’ouvrir davantage à celui de ses amies. « Je pense à une copine qui a eu deux enfants seule par PMA et n’a pas de boulot. On a des échanges plus profonds sur elle ou sur des sujets super variés comme la parentalité. »
Sortir de l’ « himpathy »
Mais là encore, la pop culture n’aide pas, souligne Pauline Le Gall. Les amitiés mixtes à l’écran qui échappent au modèle de la friendzone – « Meredith et Alex dans Grey’s Anatomy, Don Draper et Peggy Olson dans Mad Men, Ron et Leslie dans Parks and Recreation… » – véhiculent bien souvent un autre cliché de l’amitié hommes-femmes, que Daisy Letourneur appelle la figure de « l’amie psy ». Une forme de relation où les femmes prennent toute la part de la charge émotionnelle et, comme dans le couple hétéro, écoutent les hommes. Tout cela sans qu’ils jugent nécessaire de consulter un ou une professionnel·le par ailleurs. « Les amitiés mixtes à l’écran dépeignent souvent une amitié toute en non-dits où l’homme est secret et mystérieux, alors que les amitiés féminines sont représentées comme un endroit de libération de la parole sur leurs sentiments », résume Pauline Le Gall. Dans Parks and Recreation, Ron, sorte de bûcheron bourru fan de steak, n’ose parler de sa grande peine sentimentale qu’en évoquant ses souvenirs sexuels avec son ex, là où sa pote et collègue Leslie s’enquiert tout le temps de son ressenti…
Se dresse ici la barrière la plus fondamentale que #MeToo peut nous aider à faire sauter : celle de l’empathie. Ou de l’« himpathy », vous dirait la philosophe féministe australienne Kate Manne. Mélange de him (« lui ») et de sympathy (« compassion »), le terme désigne une tendance à adopter le point de vue des agresseurs plutôt que celui des victimes, qui conduit à gommer l’expérience féminine de notre imaginaire. Ce qui produit l’« herasure », mélange de her (« elle ») et d’erasure (« suppression »). Elle invente ces termes en 2017 pour évoquer le rapport de la société aux auteurs de violences. Mais on peut les appliquer aux relations hommes-femmes en général : la tendance à oublier le ressenti féminin au profit du vécu masculin.
Rencontrer des hommes – ceux de sa chorale – capables de faire ce chemin vers l’empathie, et vers une véritable écoute des femmes, voire de se mettre à leur place sans y projeter leur propre expérience, a bouleversé Camille. Elle dit à demi-mot avoir subi un viol, plus jeune. Et du harcèlement sexuel au travail. « Ce qui a changé dans mon amitié avec les hommes depuis #MeToo, c’est déjà l’occasion d’en parler. Et chez mes amis de la chorale, j’ai découvert de la compréhension, de l’empathie, du soutien. Tout l’inverse d’un collègue de travail qui m’a dit, en apprenant ce que j’avais subi : “En fait, t’es une bombe sexuelle.” Une copine m’a fait remarquer : pour faire partie d’une chorale quand on est un homme, il faut déjà être sorti du moule masculiniste. Il y a la croyance que le chant fait perdre en virilité. Ça peut expliquer pourquoi j’ai ressenti une telle confiance avec eux. » Alice, 34 ans, a découvert cette fluidité émotionnelle grâce à Jérémy. Le duo s’est rencontré dans le cadre pro, il y a quelques années. Tout de suite, ça matche. Ça se met à boire des coups et à raconter sa vie en profondeur, à s’écrire tout le temps. En parlant féminismes, notamment. « C’est tellement agréable de pouvoir parler avec un homme des problèmes que nous vivons sans s’entendre dire immédiatement “Ouais moi, je ne suis pas comme ça”. » Simplement, être écoutée.
« Care » amical
Guillaume Daudin, coauteur de la BD Les Contraceptés, remarque à quel point adopter le point de vue féminin a enrichi ses relations. « La BD a provoqué des discussions avec des filles proches que je n’avais jamais eues. Elles s’ouvraient sur ces questions comme si j’étais un pair. On a eu des conversations de niveau d’intensité, de profondeur et d’exploration de soi nouveaux et extrêmement riches. »
Dans la bande de potes dont il fait partie depuis quinze ans – gros clan du genre à partir en vacances estivales à vingt-cinq –, « on fait plus attention aux autres depuis que les réflexions portées par #MeToo ont gagné ce groupe ». L’écoute et l’empathie peuvent aussi mener à une forme de vigilance supplémentaire – une sorte de care amical – pour ses amies. Cela a permis à Sofiane d’aider une pote à se libérer d’un partenaire oppressif. « Elle était contente que son copain soit jaloux. Je me souviens d’une image de lui qui remettait son tee-shirt de sorte à cacher ses épaules. Il faut faire attention à ne pas donner de leçon de féminisme, donc je ne lui ai pas dit : “C’est qu’un con !” Je lui ai demandé ce qu’elle trouvait de mignon là-dedans. Elle a fini, plus tard, par s’en séparer. »
L’une des perspectives des amitiés mixtes post-#MeToo réside enfin dans le choix de certaines femmes de trier leurs relations et donc, de pleinement redéfinir leurs safe places amicales. Le fait de passer ses liens avec des hommes au crible du féminisme et d’oser écarter les relations toxiques aboutit à un espoir politique rare : la possibilité de construire un espace amical où l’on se sent en sécurité avec des hommes en qui on a pleinement confiance.
Un espace qui défie les cases relationnelles prévues par le patriarcat. Tal Madesta, militant féministe trans, auteur de Désirer à tout prix (Binge Audio Éditions), son premier essai paru en avril, et journaliste pour le média transféministe XY, fait partie de celles et ceux qui ont choisi de privilégier les espaces sans hommes cis hétéros. Ses amitiés sont centrées sur les femmes et des personnes queer. « Cela offre un espace de créativité incroyable pour inventer ses relations autrement et abandonner l’idée d’essayer d’améliorer ses relations avec les hommes. Ça ouvre la porte à autre chose. Il peut y avoir des amitiés avec des hommes cis qui sont très belles, mais au niveau politique, pour moi, cela a du sens de les mettre de côté. »
La démarche se veut radicale. Pour qui ne l’adopte pas, continuer de relationner amicalement avec les hommes qu’on a vraiment choisis peut offrir un espace de créativité relationnelle remarquable, si l’on applique l’argumentaire de Tal Madesta sur l’amitié en général : « Elle permet de dire qu’il existe une façon d’être en dehors du couple monogame hétéro, qui fait sa vie ensemble dans le but d’avoir des enfants et construire ce cercle refermé de la famille nucléaire, qui est culturellement très ancré dans les relations », déclare-t-il.
Cela fait penser à l’exemple d’Alice et Jérémy. Après être parti en vacances à deux, le duo a fini par emménager ensemble. En plus d’une rumeur sur leur relation au boulot, « mes copines disaient au départ : “On est sûres que vous allez finir ensemble”, relate Alice. Non. On a tous les deux des conjoints mais on veut continuer à vivre tous les deux. C’est pas parce qu’on n’est pas un couple qu’on ne peut pas envisager un futur ensemble ». Elle repense à une mauvaise expérience de vie commune avec un ex. « Je préfère que mon partenaire de vie soit mon meilleur ami et que mon amoureux reste juste mon amoureux. Je n’aurais pas pensé envisager de faire un bout de chemin avec un ou une amie. De vivre autrement. Aujourd’hui, oui. » Peut-être l’ami prodigieux existe-t-il.