Après des accusations de sexisme et d'homophobie, l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) a ouvert une enquête administrative concernant l'établissement privé catholique Stanislas, sous contrat avec l'État, à Paris.
Le ministère de l'Éducation nationale a saisi, le 22 février dernier, l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) afin d'ouvrir une enquête administrative « suite à différents articles parus dans la presse » concernant l'établissement privé catholique Stanislas, sous contrat avec l'État, situé dans le 6e arrondissement de Paris, rapporte Mediapart.
« La mission ayant débuté réellement après les vacances de février, précise au site d'investigation le service presse du ministère, elle suit actuellement son cours avec les différentes auditions habituelles : rectorat, direction diocésaine, directeur de Stanislas, cadres de l’établissement, organisations syndicales et représentants des parents d’élèves. » Des auditions d’enseignant·es et d’élèves du collège et du lycée parisien sont également prévues, ainsi que le lancement d'un appel à témoignages garantissant l’anonymat des réponses.
Cette enquête administrative intervient moins d'un an après un article de Mediapart concernant le collège et lycée privé catholique Stanislas. Une quinzaine d'ancien·nes élèves avaient notamment fait part du « danger » que représenterait l’éducation proposée au sein de l’établissement, mettant l'accent sur des valeurs qu'ils et elles jugeaient « réactionnaires » et « autoritaires ». Des témoignages et documents laissaient également penser qu'une vision sexiste et homophobe de la société serait transmise dans les cours au sein de l'établissement, avec des filles accusées de jouer les « aguicheuse[s] » ou d'« allumer les garçons », et l'homosexualité vue comme « taboue » avec une homophobie « omniprésente ». « En arrivant à Stan, j’ai compris que mon homosexualité était péché, c’était une violence énorme et encore aujourd’hui c'est dur de se débarrasser de cette homophobie en moi », avait affirmé une élève à Mediapart.
Subventions publiques
Dans une première enquête publiée quelques semaines avant celle de Mediapart, L’Express avait également dénoncé le collège et lycée Stanislas, au sein duquel la « pudeur » féminine était prônée face aux « pulsions » des garçons. Dans un épisode de son podcast Défense de filmer, diffusé à la fin de l'année dernière, Brut avait recueilli des témoignages similaires. Le média expliquait alors que Stanislas pouvait mener son propre projet éducatif, mais comme il bénéficie de subventions publiques, qu'il devait respecter certains principes de l'Éducation nationale, comme par exemple l’égalité entre les filles et les garçons.
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L'établissement, fondé en 1804 pour former l'élite française, compte parmi sa liste d'ancien·nes élèves des noms aussi prestigieux que Charles de Gaulle, Jacques Lacan, Christian Dior, Martin Bouygues, Carlos Ghosn ou François-Henri Pinault. Le journaliste Philippe Tesson et l'ancien ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer ont également étudié entre ses murs. En 2022, il était premier du classement des meilleurs lycées de France du Figaro, avant de passer derrière Louis-le-Grand en 2023.