En une petite semaine, le gouvernement a utilisé pas moins de trois fois le 49.3. En réponse face à l'usage de l'arme fatale de la Constitution les parlementaires ont émis deux motions de censure.
Depuis quelques semaines, le suivi de l’actu parlementaire donne l’impression d’un sacré désordre. Avec un gouvernement sans majorité claire, le vote des lois à l’Assemblée nationale ressemble à une foire d’empoigne. Les budgets de l’État et de la Sécu l’ont été par le 49.3. Pas moins de trois en une semaine ! Ce recours à l’arme fatale de la Constitution a, en retour, déclenché le vote de deux motions de censure.
« Je ne pense pas qu’il soit juste de parler de bazar, relativise Frédéric Sawicki, professeur de sciences politiques à l’université Paris 1 – PanthéonSorbonne. En France, on a l’habitude d’avoir des présidents avec des majorités disciplinées, mais ce n’est pas le cas en ce moment puisque le gouvernement ne dispose que d’une majorité relative. » Avec une majorité relative, il faut trouver des compromis… ou passer en force. Sauf que l’usage du 49.3 est très encadré. Impossible d’y avoir recours à chaque fois. Si le gouvernement peut l’utiliser comme bon lui semble sur les textes budgétaires, il ne peut le dégainer à nouveau qu’une seule fois par an. A priori, le gouvernement se garde le prochain pour la réforme des retraites qu’Emmanuel Macron veut absolument faire passer.
Pour la suite du quinquennat, deux options : soit le gouvernement s’allie avec les député·es LR pour consolider sa majorité et faire passer ses lois en menant une politique à droite toute ; soit les député·es LR restent dans l’opposition et là, tout est possible. « Je ne pense pas qu’on va passer encore quatre années sans rien changer à l’Assemblée, souligne Frédéric Sawicki. Le président pourrait dissoudre en expliquant qu’il ne peut pas mener la politique qu’il souhaite, ou bien une alliance de circonstance entre les oppositions pourrait le mettre en minorité et forcer de nouvelles élections législatives. » On ne va pas s’ennuyer !