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Capture d'écran CNews. ©A.T.

« Une Greta Thunberg méno­pau­sée » : les pro­pos sexistes de Guillaume Bigot à l'égard de Sandrine Rousseau

On s'en dou­tait : pri­vée du cham­pion de l'outrance Eric Zemmour, CNews allait mettre les bou­chées doubles pour inci­ter ses chro­ni­queurs, nou­veaux ou res­tants, à mul­ti­plier les sor­ties de route pour ne pas déce­voir son audi­mat. On en a eu la preuve quand, dimanche 26 sep­tembre, la mati­nale de la chaîne d’information en conti­nu a accueilli sur son pla­teau le chro­ni­queur Guillaume Bigot. Sa mis­sion du jour : décryp­ter la stra­té­gie de l'écoféministe Sandrine Rousseau, fina­liste de la pri­maire éco­lo­giste face à Yannick Jadot. L’occasion pour l’homme pré­sen­té comme un poli­to­logue de livrer une ana­lyse poli­tique solide et mesu­rée, comme le requiert sa fonc­tion. « Si vous l’écoutez, on a l’impression d’une illu­mi­née. C’est la folie verte. C’est une sorte de Greta Thunberg méno­pau­sée », lance d'emblée le chroniqueur. 

Ah… nous sommes fina­le­ment à des lumières de l'exercice deman­dé. Guillaume Bigot, 51 ans, est pour­tant diplô­mé de Sciences Po Paris et devrait savoir à ce titre qu'en poli­tique, ana­ly­ser une stra­té­gie par le prisme de l'intimité et de l'âge est loin d'être un argu­ment rece­vable. Mais il faut dire que l'homme est un touche-​à-​tout. Il est à la fois poli­to­logue et édi­to­ria­liste sur CNews et Sud Radio mais aus­si essayiste et sur­tout direc­teur géné­ral de l'école de com­merce et de mana­ge­ment pari­sienne IPAG. Peut-​être s'est-il alors mélan­gé les pin­ceaux entre son rôle d'expert en sciences poli­tiques et celui d'homme d'affaire prêt à sau­ter sur l'occasion d'un bon (bad)buzz ?

Revenons à la séquence. Vaguement reca­dré par le pré­sen­ta­teur de l’émission, « l’analyste » recule d’un pas, mais per­siste. « Pardon, c’est une image, poursuit-​il. Mais Sandrine Rousseau sur­joue sa radi­ca­li­té. » Avant de lâcher les che­vaux : « Quand je dis Greta Thunberg, on voit bien, elle a des yeux comme des chouettes (sic) et elle débite des trucs ultra-​violents en regar­dant face camé­ra. C’est un peu ce que fait madame Rousseau. Elle n’a pas le même âge, c’est ce que je vou­lais dire. » Sexisme, âgisme, dis­cri­mi­na­tion à l’égard des per­sonnes autistes1. L’avantage dans cette séquence, c’est que le choix est pléthorique. 

Indignation

« Les insultes sexistes, c'est chaque jour, chaque heure pen­dant cette cam­pagne », s’est indi­gnée Alice Coffin, élue EELV de Paris et sou­tien de Sandrine Rousseau sur Twitter, un peu plus tard dans la jour­née. Et c’est fina­le­ment sur la même pla­te­forme que Guillaume Bigot conclue­ra son œuvre en fin de soi­rée, en s’excusant tout d’abord d’avoir pu bles­ser cer­taines per­sonnes (mais en pre­nant le soin de ne pas s'excuser auprès des prin­ci­pales inté­res­sées), mais aus­si et sur­tout en esti­mant que si son « allu­sion à la méno­pause de Sandrine Rousseau man­quait d’élégance » – c'est le moins qu'on puisse dire en effet -, « [il] ne [savait] pas que la méno­pause était une insulte. [il] ne [savait] pas non plus que pour une can­di­date EELV, être com­pa­rée à Greta Thunberg pou­vait être infa­mant. » Ben voyons, ce n'est pas comme si la jeune fille fai­sait l'objet depuis des mois de l'animosité har­ce­lante d'une sorte d'amicale inter­na­tio­nale de l'extrême-droite.

Guillaume Bigot a embrayé en s'offusquant du fait que « les attaques per­ma­nentes contre le mâle blanc hété­ro­sexuel passent crème. » On note­ra que pour Bigot, cata­lo­guer une femme can­di­date à la pré­si­den­tielle comme étant folle et péri­mée tout en se vic­ti­mi­sant au pas­sage est un art qu'il semble maî­tri­ser à la perfection. 

Le poli­to­logue en herbe a choi­si de conclure son plai­doyer d'un lapi­daire « ce wokisme devient irres­pi­rable ». Si Guillaume Bigot a visi­ble­ment des bouf­fées de cha­leur, à son âge, peut-​être devrait-​il se méfier : la méno­pause existe aus­si pour les hommes, on l'appelle l'andropause.

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