Quand il s’agit de stratégie de com, le cœur des chasseurs balance entre tradition et modernité. Côté pile, la Fédération nationale des chasseurs mise sur les jeunes femmes. La dernière pub de l’institution met en scène deux trentenaires sophistiquées. L’une des deux, censée incarnée la bobo à tendance veggie, vernis carmin aux ongles, headband stylé dans les cheveux, se fait réprimander par l’autre sur son alimentation : « [Oublie] ton régime détox à base de verveine, on se nourrit pas d’eau chaude. » Son conseil : « Tous les week-ends, je vais à la chasse », lâche-t-elle, tout sourire. « Toi, tu vas à la chasse ? lui rétorque l’autre. Avec ton p’tit haut fleuri là ? » Il fallait bien inclure une petite conversation chiffons ! Le spot publicitaire finit en beauté sur une touche pas du tout cliché non plus : « Alors, reprend la chasseuse, il est comment mon chevreuil au quinoa ? » On est sûres que ça plaira aux bobos.
Côté face, la décision de Jean Castex de suspendre la chasse à la glu, début septembre, a conduit à un tout autre choix de mise en scène. Les chasseurs ont organisé le 12 septembre, à l’appel de plusieurs associations, un funeste défilé à Prades (ville des Pyrénées-Orientales dont Jean Castex est l’ancien maire) avec, en tête de cortège, un cercueil orné d’un oiseau empaillé et d’une cage à glu. L’objectif : symboliser la mort de leur sport du dimanche préféré. Ironie de très bon goût… À l’heure où 84 % des Français·es trouvent la chasse « dangereuse », « cruelle pour les animaux » et « d’un autre âge », selon un sondage Ipsos de 2018, et où les bobos écolos se portent plutôt sur le végétarisme, on leur souhaite bon courage dans leurs futurs brainstormings pour (tenter de) défendre leur passion.