Célébrer le mâle alpha dans sa belle virilité pour soutenir une cause féminine, drôle d'idée, non ?
En septembre, un mail a retenu notre attention dans la boîte de la rédaction. L’annonce du nouveau calendrier “tout en puissance” des rugbymen 2024. Bon, jusque-là, rien de nouveau sous le soleil, on connaît la chanson : de l’homme virrrrrril, du short plus moulant que jamais, du muscle saillant, du poil, de la transpi et du regard sirupeux. Bref, la recette inchangée de notre bon vieux éphéméride sex(y)iste. Mais cette fois, à la différence du cadeau de Noël offert chaque année par notre tante (non Tata, ce calendrier ne va définitivement avec la décoration de PERSONNE), notre œil tique : voici que les dieux du stade se mettent à nu contre le cancer du sein, à l’occasion d’Octobre rose ? Mhmmm… célébrer le mâle alpha pour soutenir une cause féminine, drôle d’idée, non ?
On ne connaissait que trop bien (hélas) les robots électroménagers roses flashy, les vêtements girly, les cupcakes en forme de nichons, ou encore les bijoux rose bonbon vendus tout spécialement à cette période. Mais pas encore les rugbymen. Après quelques recherches, ce n’est en fait pas la première fois. Déjà, en 2014, 2016 et 2017, les rugbymen ont, grands seigneurs, tombé la chemise pour la cause du cancer du sein. Étrangement, la lutte contre le cancer de la prostate incite moins les hommes à se désaper.
Foire commerciale
D’après le communiqué, “chaque mois de l’année est illustré par un cliché viril et volontairement sexy des hommes du rugby”. Ah parce que le mois de juin ne fait pas naturellement cette tête quand il enfile ses chaussettes ? Déçue. Surtout, le communiqué précise dans une typo rose bonbon qu’“une partie des droits d’auteur sera reversée à l’association Le Ruban rose”, ajoutant aussi que ce calendrier “est idéal pour célébrer la Coupe du monde de rugby 2023”.
On vient de comprendre le plan de communication : vendre un calendrier de rugbymen solidaires de la cause des femmes pendant la Coupe du monde de rugby, qui a par ailleurs lieu en France, ça donne forcément une bonne image de l’événement – sans parler des possibles retombées économiques. Rappelons que le ministère de la Santé a retoqué au printemps dernier une campagne de prévention sur les risques liés à la consommation d’alcool qui aurait dû être diffusée pendant la Coupe du monde de rugby. Et que, pour rappel, la consommation d’alcool est responsable de 8 % des cancers en France chaque année. Mais ça, c’est moins sexy que le rose.