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© Alysa Bajexnaru / Unsplash

Au lycée pri­vé Charles-​de-​Foucauld, les élèves n’ont plus le droit de por­ter des jupes et des robes 

Depuis la ren­trée, les élèves du lycée pri­vé sous contrat Charles-​de-​Foucauld, à Paris, n’ont plus le droit de por­ter des jupes ou des robes dans l’établissement. Les Françaises se sont bat­tues pen­dant des années pour avoir le droit de por­ter un pan­ta­lon, qui aurait cru qu’elles devraient désor­mais se battre pour por­ter une jupe ?

Quelle époque for­mi­dable où les tenues por­tées par les femmes ne cessent d’être sujettes à débat ! Alors que l’expérimentation du port de l’uniforme a agi­té le débat poli­tique en sep­tembre, un lycée pri­vé pari­sien a tran­ché la ques­tion d’un coup sec. Depuis la ren­trée, les lycéen·nes de Charles-​de-​Foucauld ont l’obligation de por­ter un pan­ta­lon droit, sans trou, sans ins­crip­tion et non déchi­ré. Et rien d’autre. L’établissement pri­vé du XVIIIe arron­dis­se­ment de Paris refuse désor­mais l’entrée à celles et ceux qui por­te­raient des jupes ou des robes, et cela, quelle que soit la lon­gueur ou la trans­pa­rence de ladite jupe. 

À l’image d’un videur impi­toyable de boîte de nuit, le nou­veau dress code du lycée est intrai­table : celles qui ont l’idée (ou le cou­rage) d’outrepasser le règle­ment en por­tant une jupe ou une robe sont auto­ma­ti­que­ment ren­voyées chez elles. Pire, elles doivent ensuite rat­tra­per les heures de cours man­quées en fai­sant des rete­nues. Sympa. 

Contacté par Le Parisien, le chef d’établissement, Thierry Courrège, ne voit pas le pro­blème et vante au contraire “une sim­pli­fi­ca­tion”. Point de sexisme non plus dans cette déci­sion. “Il y avait trop de dis­cus­sions, on a donc pré­fé­ré s’arrêter sur une tenue uni­for­mi­sée pour tous”, explique-​t-​il pré­ci­sant au pas­sage que les gar­çons, eux, “n’ont pas le droit de por­ter des maillots de foot, c’est déjà beau­coup pour eux.” Pauvres chatons. 

Lycée sous contrat 

Alors certes, le lycée Charles-​de-​Foucauld est pri­vé, mais il est sous contrat, ce qui signi­fie qu’il béné­fi­cie de sub­ven­tions de l’État, et que ce contrat l’oblige à accueillir tous et toutes les élèves sans dis­tinc­tion d’origine, d’opinion ou de croyance. Mais la tenue ves­ti­men­taire, elle, obéit au bon vou­loir du chef d’établissement. Et celui de Charles-​de-​Foucauld est impi­toyable. Il ne s’est d’ailleurs pas conten­té de ban­nir jupes et robes. Dans son lycée, les élèves doivent aus­si por­ter – au choix – un tee-​shirt, une che­mise, un polo ou un pull sans ins­crip­tion et ne pas avoir les che­veux colo­rés. Grand sei­gneur, les boucles d’oreilles y sont tout de même tolé­rées. Ouf. 

En jan­vier der­nier, nous fêtions l’abrogation sym­bo­lique de l’ordonnance inter­di­sant aux femmes de por­ter le pan­ta­lon. Pour l’anecdote, en 1972, Michèle Alliot-​Marie, alors jeune conseillère poli­tique, se voyait refu­ser l’entrée de l’Assemblée par les huis­siers. La cause ? Elle por­tait un pan­ta­lon. Cinquante ans plus tard, on refuse l’entrée d’un lycée aux filles qui portent des jupes ou des robes. Comme quoi, en matière de mode et de lutte pour nos droits, c’est tou­jours un éter­nel recommencement.

Lire aus­si I Il y a 10 ans, les Parisiennes étaient auto­ri­sées à por­ter le pan­ta­lon : Christine Bard nous raconte cette épo­pée féministe

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