Depuis la rentrée, les élèves du lycée privé sous contrat Charles-de-Foucauld, à Paris, n’ont plus le droit de porter des jupes ou des robes dans l’établissement. Les Françaises se sont battues pendant des années pour avoir le droit de porter un pantalon, qui aurait cru qu’elles devraient désormais se battre pour porter une jupe ?
Quelle époque formidable où les tenues portées par les femmes ne cessent d’être sujettes à débat ! Alors que l’expérimentation du port de l’uniforme a agité le débat politique en septembre, un lycée privé parisien a tranché la question d’un coup sec. Depuis la rentrée, les lycéen·nes de Charles-de-Foucauld ont l’obligation de porter un pantalon droit, sans trou, sans inscription et non déchiré. Et rien d’autre. L’établissement privé du XVIIIe arrondissement de Paris refuse désormais l’entrée à celles et ceux qui porteraient des jupes ou des robes, et cela, quelle que soit la longueur ou la transparence de ladite jupe.
À l’image d’un videur impitoyable de boîte de nuit, le nouveau dress code du lycée est intraitable : celles qui ont l’idée (ou le courage) d’outrepasser le règlement en portant une jupe ou une robe sont automatiquement renvoyées chez elles. Pire, elles doivent ensuite rattraper les heures de cours manquées en faisant des retenues. Sympa.
Contacté par Le Parisien, le chef d’établissement, Thierry Courrège, ne voit pas le problème et vante au contraire “une simplification”. Point de sexisme non plus dans cette décision. “Il y avait trop de discussions, on a donc préféré s’arrêter sur une tenue uniformisée pour tous”, explique-t-il précisant au passage que les garçons, eux, “n’ont pas le droit de porter des maillots de foot, c’est déjà beaucoup pour eux.” Pauvres chatons.
Lycée sous contrat
Alors certes, le lycée Charles-de-Foucauld est privé, mais il est sous contrat, ce qui signifie qu’il bénéficie de subventions de l’État, et que ce contrat l’oblige à accueillir tous et toutes les élèves sans distinction d’origine, d’opinion ou de croyance. Mais la tenue vestimentaire, elle, obéit au bon vouloir du chef d’établissement. Et celui de Charles-de-Foucauld est impitoyable. Il ne s’est d’ailleurs pas contenté de bannir jupes et robes. Dans son lycée, les élèves doivent aussi porter – au choix – un tee-shirt, une chemise, un polo ou un pull sans inscription et ne pas avoir les cheveux colorés. Grand seigneur, les boucles d’oreilles y sont tout de même tolérées. Ouf.
En janvier dernier, nous fêtions l’abrogation symbolique de l’ordonnance interdisant aux femmes de porter le pantalon. Pour l’anecdote, en 1972, Michèle Alliot-Marie, alors jeune conseillère politique, se voyait refuser l’entrée de l’Assemblée par les huissiers. La cause ? Elle portait un pantalon. Cinquante ans plus tard, on refuse l’entrée d’un lycée aux filles qui portent des jupes ou des robes. Comme quoi, en matière de mode et de lutte pour nos droits, c’est toujours un éternel recommencement.