À 30 ans, la poétesse russe exilée en Géorgie est une figure majeure de l'engagement féministe des Russes contre la guerre que mène Vladimir Poutine en Ukraine.
Figure majeure de l’engagement féministe contre l’invasion de l’Ukraine et Vladimir Poutine, la poétesse russe Daria Serenko, 30 ans, est l’une des cofondatrices du mouvement Résistance féministe antiguerre (FAS). Né dans la clandestinité au lendemain de l’entrée des troupes russes sur le territoire ukrainien, le FAS réunit quarante-cinq associations russes, auxquelles s’ajoutent des dizaines de militantes anonymes. Sans compter celles qui ont dû s’exiler. C’est le cas de Daria Serenko, qui vit aujourd’hui à Tbilissi, en Géorgie.
Elle n’en est pas à son premier fait d’armes : déjà, en 2016, elle avait lancé l’action #tikhiypiket (#Manifestationsilencieuse). Lors de ses trajets en transports en commun moscovites, elle arborait une pancarte à message engagé et discutait de son contenu avec les autres passager·ères. Une action relayée par d’autres femmes, souvent étudiantes. Depuis, les mouvements féministes russes n’ont cessé de grossir : les militantes du FAS organisent ainsi à leurs risques et périls des opérations commando, comme celle qui a consisté, au printemps 2022, à installer, de nuit, deux mille mémoriaux dans le pays en hommage aux mort·es de Marioupol (Ukraine).
Mais la répression envers les activistes est violente : « Je suis une déléguée de beaucoup de femmes militantes russes qui sont obligées de se cacher le visage. Elles agissent sous terre », confiait Daria Serenko, de passage à Paris en avril à la librairie Utopia, insistant sur le fait que « la violence d’État et la violence de genre sont extrêmement liées ». La poétesse, elle-même emprisonnée en Russie en février 2022 pour avoir publié sur son compte Instagram le logo de la Fondation anticorruption créée par l’opposant Alexeï Navalny, avait à l’époque réussi à fuir son pays déguisée… en livreuse de repas.