D’un côté, une ministre des Sports, Roxana Maracineanu, déterminée à éradiquer des stades les slogans issus d’un champ lexical homophobe. De l’autre, des supporters baignant dans une culture commune faite d’esprit de provocation et de masculinité exacerbée. Au milieu, des arrêts de matchs, des bisbilles entre le ministère et la Fédération française de football et une question de fond : vu le niveau global d’homophobie dans le pays, est-il utile de sanctionner des « enculés » lancés à la volée sans avoir pris le temps de déconstruire la portée de cette insulte dans les esprits ?

Frédérique Vidal
Administratrice de la Fédération sportive gaie et lesbienne (FSGL)
« Ces supporters ne sont peut-être pas homophobes, mais leurs propos le sont. Mettons-nous à la place de la personne homosexuelle qui les entend : c’est dégradant et violent. Face à cette atmosphère plombante, je ne suis pas étonnée qu’il n’y ait pas plus de coming out de sportifs.
En tant que première fédération sportive – par son nombre de licencié·es et sa médiatisation – la Fédération française de football (FFF) a un devoir d’exemplarité. Elle devrait jouer un rôle moteur dans la lutte contre l’homophobie. Mais ce sujet a toujours été tabou et, pour le moment, cette discrimination n’est pas traitée efficacement. Au-delà des sanctions, il faut instaurer un dialogue, pour mener un vrai travail au quotidien, avec les clubs, les clubs de supporters, le monde amateur… Un plan d’action courageux de la FFF, comme[…]