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#Femmes2022 l Place des femmes dans la sphère publique : deman­dez les programmes

Cinquième et der­nier épi­sode d'une série de chro­niques de l'association fémi­niste Politiqu'elles publiées sur Causette.fr, qui décrypte les pro­grammes des candidat·es à l'élection pré­si­den­tielle 2022 en matière de droits des femmes. Aujourd'hui, focus sur la repré­sen­ta­tion des femmes dans la sphère publique.

cartographie sphèrepublique

En 2022, le nombre de pré­ten­dantes à la fonc­tion pré­si­den­tielle n’a jamais été aus­si éle­vé. Néanmoins, cette meilleure repré­sen­ta­tion ne garan­tit pas la prise d’engagements réels pour amé­lio­rer la place des femmes en poli­tique, dans les médias ou la culture. Cet article passe donc à la loupe les pro­po­si­tions des dif­fé­rents pro­grammes des can­di­dates et can­di­dats pour assu­rer une repré­sen­ta­tion plus juste des femmes dans la sphère publique.

Parité dans les ins­ti­tu­tions publiques et par­tis politiques

Le prin­cipe de « l’égal accès des femmes et des hommes aux man­dats élec­to­raux et fonc­tions élec­tives » a été ins­crit dans la Constitution dès 1999 puis consa­cré dans son pre­mier article lors de révi­sion consti­tu­tion­nelle 2008. De ce prin­cipe, l’objectif de pari­té s’est pro­gres­si­ve­ment impo­sé au cœur des ins­ti­tu­tions poli­tiques depuis la pre­mière loi pari­té en 2000 qui contraint les par­tis poli­tiques à pré­sen­ter un nombre égal d’hommes et de femmes pour les élec­tions régio­nales, muni­ci­pales, séna­to­riales et euro­péennes. Néanmoins, encore aujourd’hui, de nom­breux par­tis poli­tiques conti­nuent de pré­fé­rer perdre des mil­liers voire mil­lions d’euros en finan­ce­ments publics plu­tôt que d’investir le nombre de can­di­dates requis. Par ailleurs, le Haut Conseil à l’Egalité femmes-​hommes sou­ligne que plu­sieurs types de col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales (com­munes de moins de 1000 habi­tants et intercommunalités).

Le choix de la com­po­si­tion d’un gou­ver­ne­ment, y com­pris en termes d’équilibre femmes/​hommes, demeure à la dis­cré­tion des chefs ou cheffes d’Etat et de gouvernement.

Les deux der­niers quin­quen­nats ont mis en place des gou­ver­ne­ments pari­taires pour la pre­mière fois dans l’Histoire. En cohé­rence, le président-​candidat s’engage une nou­velle fois à mettre en place un gou­ver­ne­ment pari­taire en cas de réélec­tion comme l’a confir­mé Bérangère Couillard, membre du groupe éga­li­té femmes-​hommes de l’équipe de cam­pagne, lors de son entre­tien avec notre asso­cia­tion. La sys­té­ma­ti­sa­tion de la nomi­na­tion de gou­ver­ne­ments pari­taires est une étape impor­tante pour la place des femmes en poli­tique. Néanmoins, cer­tains ana­lystes tels que la poli­to­logue Réjane Sénac regrettent une répar­ti­tion encore gen­rée des res­pon­sa­bi­li­tés et por­te­feuilles, se maté­ria­li­sant par des femmes plus repré­sen­tées par­mi les secré­ta­riats d’Etat ou dos­siers socié­taux à l’inverse des ministres de plein exer­cice et réga­liens. En outre, au cœur du pou­voir, les cabi­nets minis­té­riels demeurent très loin de la pari­té : 80% des direc­teurs de cabi­nets sont des hommes selon Oxfam. Enfin, en 2017, Emmanuel Macron s’était enga­gé à nom­mer une Première ministre à la tête de son gou­ver­ne­ment, enga­ge­ment non sui­vi d’effet en 5 ans. Face à cette cri­tique, Emmanuel Macron répon­dait lors de l’émission « Face aux Françaises » sur LCI qu’il avait ten­té « tout au long de ce quin­quen­nat de nom­mer aux postes de res­pon­sa­bi­li­tés quelques qu’ils soient les per­sonnes les plus com­pé­tentes ». Malgré ces limites, le bilan d’Emmanuel Macron peut en revanche se pré­va­loir d’une avan­cée assez mar­quante : le bon du nombre de femmes élues dépu­tées qui passent en 2017 à 38,7% contre 26,9 % en 2012, notam­ment par le res­pect de la pari­té dans le groupe majorité.

De nom­breux can­di­dats ont aus­si fait part de leur volon­té de mettre en place la pari­té dans leur gou­ver­ne­ment. Jean-​Luc Mélenchon qui estime que l’Etat doit “être exem­plaire dans la pro­mo­tion d’une culture d’égalité” pré­voit l’instauration d’un gou­ver­ne­ment pari­taire, com­pre­nant une répar­ti­tion des res­pon­sa­bi­li­tés et minis­tères réga­liens éga­le­ment plus éga­li­taire. Plus lar­ge­ment, le pro­gramme du can­di­dat insou­mis appelle à impo­ser la pari­té entre les femmes et les hommes dans les ins­ti­tu­tions poli­tiques, admi­nis­tra­tives, éco­no­miques, syn­di­cales et asso­cia­tives. Du côté des éco­lo­gistes, Yannick Jadot sou­haite ins­tau­rer la pari­té réelle au sein du Parlement et au sein du gou­ver­ne­ment. Valérie Pécresse a pris à plu­sieurs reprises la parole pour célé­brer les mérites de la pari­té sans for­mu­ler d’engagement concret sur la com­po­si­tion de son gou­ver­ne­ment. Lors de l’entretien de Politiqu’elles avec sa porte-​parole Florence Portelli, cette absence a été expli­quée par une volon­té de ne pas pré­emp­ter les résul­tats de avant l’heure. L’ensemble des can­di­dates et can­di­dats men­tion­nés ci-​dessus ont expri­mé un sou­tien de prin­cipe à la nomi­na­tion d’une Première ministre, seul Yannick Jadot s’y est enga­gé for­mel­le­ment dans les décla­ra­tions ana­ly­sées par notre association.

Nous n’avons pas noté de décla­ra­tion récente de Philippe Poutou, de Jean Lassalle, de Nicolas Dupont Aignan ou de Nathalie Arthaud sur la pari­té. Néanmoins, en 2017, le can­di­dat du Nouveau Parti Anticapitaliste rap­pe­lait que les sta­tuts du par­ti pré­voient une obli­ga­tion de pari­té dans les ins­tances diri­geantes. Nicolas Dupont-​Aignan avait pris la parole sur ce prin­cipe en 2017 assu­rant avoir le sen­ti­ment en poli­tique « qu’il y a d’énormes pro­grès » grâce aux mesures mises en place, chan­ge­ment de ton par rap­port à cer­taines de ces décla­ra­tions en 2012. Marine Le Pen s’est long­temps oppo­sée au prin­cipe de pari­té mais a néan­moins décla­ré avoir chan­gé d’avis face à l’efficacité du dis­po­si­tif exis­tant ayant per­mis l’émergence de plus de femmes en poli­tique comme elle le sou­ligne dans un entre­tien pour le maga­zine Elle, sans pour autant for­mu­lé d’engagement sur la com­po­si­tion de son gouvernement.

Un can­di­dat fait excep­tion en s’opposant de façon claire au prin­cipe de pari­té. Eric Zemmour a décla­ré qu’il « trouv[ait] la pari­té humi­liante pour les femmes » et reste fidèle à ses pro­pos tenus en 2013 selon les­quels « les femmes n’incarnent pas le pou­voir. » Il confirme qu’il n’y aura pas d’obligation de pari­té dans son gou­ver­ne­ment lorsque la ques­tion lui est posée dans un entre­tien avec le vidéaste Hugo Décrypte.

D’autre part, la pari­té dans les postes à res­pon­sa­bi­li­té dans les équipes de cam­pagne n’est pas acquise dans toutes les orga­ni­sa­tions. Une polé­mique avait émer­gé à ce pro­pos lorsque Valérie Pécresse avait pré­sen­té son équipe de cam­pagne comme par­tiaire alors que celle-​ci com­prend seule­ment 31 femmes pour 59 hommes. Les équipes d’Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Jean-​Luc Mélenchon et Fabien Roussel rap­por­taient à notre asso­cia­tion une orga­ni­sa­tion pari­taire de leur équipe de cam­pagne res­pec­tive. Le président-​candidat Emmanuel Macron est sou­vent cri­ti­qué par le fait que sa garde rap­pro­chée et les poids poli­tiques de LREM seraient essen­tiel­le­ment des hommes, y com­pris dans la pré­sente cam­pagne. Lors de notre entre­tien avec Bérangère Couillard, la membre du groupe éga­li­té femmes-​hommes dans l’équipe de cam­pagne nous rap­porte que le par­ti pré­sen­tiel n’avait pas publié d’organigramme de cam­pagne mais que le mou­ve­ment avait bien nom­mé des femmes à des postes clés. Ainsi, il appa­raît assez com­plexe de véri­fier cer­taines décla­ra­tions de prin­cipes avec la réa­li­té sur le ter­rain de la campagne.

Violences sexistes et sexuelles en poli­tique Dans une tri­bune publiée dans Le Monde en novembre 2021, 285 femmes enga­gées en poli­tique appel­laient à un #MeToo poli­tique notam­ment en écar­tant les auteurs de vio­lences sexistes et sexuelles de la vie poli­tique. Cette ini­tia­tive fait écho à un constat alar­mant : le sexisme en poli­tique se mani­feste aus­si par une cer­taine impu­ni­té des res­pon­sables poli­tiques visés par des accu­sa­tions pour vio­lences sexistes et sexuelles.

Plusieurs can­di­dates et can­di­dats s’engagent ain­si à lut­ter contre les vio­lences sexistes et sexuelles en poli­tique à la fois dans leur pro­gramme et au sein de leur propre for­ma­tion. Dans son pro­gramme, Yannick Jadot s’engage à écar­ter « les auteurs et les mis en exa­men pour des faits de vio­lences sexistes et sexuelles de la com­po­si­tion du gou­ver­ne­ment, de leurs équipes et des postes de la haute fonc­tion publique ». Il sou­haite éga­le­ment mettre en place des cel­lules d’alerte, d’écoute et d’accompagnement des femmes vic­times de vio­lences au sein des admi­nis­tra­tions publiques. Philippe Poutou sou­haite pour sa part, l'inéligibilité des élus condam­nés pour vio­lences faites aux femmes et pro­pose la sus­pen­sion de toute fonc­tion de repré­sen­ta­tion pour les hommes accu­sés de ces vio­lences le temps de la pro­cé­dure. Même idée du côté du par­ti com­mu­niste : Fabien Roussel s’engage pour la mise en place d’une peine d'inéligibilité requise par les par­quets contre les élus condam­nés pour vio­lences sexistes et/​ou sexuelles. Valérie Pécresse sou­haite écar­ter de son gou­ver­ne­ment tout ministre mis en exa­men, y com­pris pour vio­lences sexistes et sexuelles, mais alerte contre les dan­gers de prise de déci­sion sur des accu­sa­tions non ins­truites par la justice.

Nous n’avons pas à jour connais­sance de mesure spé­ci­fique à ce pro­pos dans le pro­gramme du candidat-​président bien que celui-​ci sou­ligne l’importance de l’exemplarité des struc­tures poli­tiques. Lors de son quin­quen­nat, Emmanuel Macron a été très cri­ti­qué quant à son absence de réac­tions au moment des accu­sa­tions pour vio­lences sexistes et sexuelles for­mu­lées à l’encontre de deux de ses ministres : Nicolas Hulot et Gérard Darmanin (un non-​lieu a été requis par le par­quet de Paris contre Gérald Darmanin). Le pré­sident assume aujourd’hui cette déci­sion invo­quant le prin­cipe de pré­somp­tion d’innocence, et les risques d’une « République du soup­çon » si celui n’était pas res­pec­té. Gabrielle Siry-​Houari, porte-​parole d’Anne Hidalgo, rap­pe­lait le sou­tien de la can­di­date au #MeToo poli­tique, tout comme Jean-​Luc Mélenchon et Yannick Jadot. La can­di­date socia­liste est donc favo­rable à la prise de sanc­tions au sein du par­ti en cas d’accusation, sans déci­sion de jus­tice néces­saire. On peut noter que cette orien­ta­tion, si mise en place lors de la polé­mique autour de Christophe Girard accu­sé d’abus sexuels, l’adjoint au maire aurait dû être écar­té de la majo­ri­té en place, ce qui ne fut pas la posi­tion d’Anne Hidalgo au début de l’affaire.

En com­plé­ment de ces enga­ge­ments ou décla­ra­tions, plu­sieurs par­tis poli­tiques ont ins­tau­ré en leur sein des méca­nismes visant à mieux prendre en charge les poten­tielles vic­times de vio­lences sexistes et sexuelles. Le par­ti com­mu­niste, a créé en interne un dis­po­si­tif Stop Violence et a signé une conven­tion avec le Collectif Féministe Contre le Viol. Lors de notre entre­tien, l’équipe de cam­pagne de Fabien Roussel pré­ci­sait que la ques­tion des vio­lences sexistes et sexuelles était inté­grée dans tous les stages de for­ma­tion du par­ti. La France insou­mise a aus­si mis en place un comi­té de sui­vi des vio­lences sexistes et sexuelles, centre d’écoute indé­pen­dant dans le mou­ve­ment ani­mé par des asso­cia­tions spé­cia­li­sées. EELV, le par­ti socia­liste et LREM ont éga­le­ment mis en place des cel­lules d’écoutes en ce sens.

Par ailleurs, le col­lec­tif #MeToo poli­tique met­tait en lumière le fait que plu­sieurs can­di­dats étaient accu­sés de vio­lences sexistes et sexuelles, visant sans les citer ou pré­sa­ger de leur culpa­bi­li­té Eric Zemmour et Jean Lassalle. Le pre­mier a fait l’objet du témoi­gnages de 8 femmes qui rap­por­taient com­por­te­ments inap­pro­priés et d’agressions sexuelles pour des faits pré­su­més allant de 1999 à 2019. Jean Lassalle quant à lui, a fait l’objet de plu­sieurs dénon­cia­tions en 2017 pen­dant la vague #MeToo pour har­cè­le­ment ou vio­lences sexistes et sexuelles.

Manque de repré­sen­ta­tion des femmes dans les médias

Les femmes ont éga­le­ment une place mino­rée dans les médias, repré­sen­tant seule­ment un tiers du temps de parole. Cet écart se creuse encore davan­tage lorsqu’il s’agit de par­ler de sujets spé­ci­fiques comme d’économie, de poli­tique ou encore de culture. Seuls 27% des invi­tés poli­tiques en 2020 étaient des invi­tées selon l’ARCOM (ancien­ne­ment CSA). La crise a d’autant plus mis en exergue cette répar­ti­tion inéga­li­taire du temps d’audience. La dépu­tée Céline Calvez a ren­du en 2020 un rap­port sur la place des femmes dans les médias pen­dant la crise aux ministres Roselyne Bachelot, Elisabeth Moreno et Marlène Schiappa. La dépu­tée LREM y for­mule plu­sieurs recom­man­da­tions par­mi les­quelles la créa­tion d’un obser­va­toire de la pari­té et de l'égalité femmes-​hommes dans les médias, la défi­ni­tion de meilleurs indi­ca­teurs ou une plus grande repré­sen­ta­ti­vi­té des femmes dans les médias.

Néanmoins, ce sujet appa­raît rela­ti­ve­ment sous-​investi dans les pro­grammes des can­di­dates et can­di­dats. L’équipe d’Anne Hidalgo a ain­si garan­ti vou­loir ren­for­cer les moyens de l’ARCOM y com­pris dans son action pour assu­rer une plus grande mixi­té dans les médias. La can­di­date cri­tique éga­le­ment la concen­tra­tion des médias et sou­haite défendre davan­tage de plu­ra­lisme qui serait, d’après son pro­gramme, favo­rable à l’égalité femmes-​hommes. Sabrina Nouri, res­pon­sable thé­ma­tique éga­li­té femmes-​hommes dans le par­ti LFI énon­çait à notre asso­cia­tion l’engagement du mou­ve­ment à pro­mou­voir la place des femmes dans sa

com­mu­ni­ca­tion par exemple par l’instauration de semaines dédiées où le par­ti n’envoient que des repré­sen­tantes sur les pla­teaux, mal­gré les réti­cences de la part de cer­tains médias. Jean-​Luc Mélenchon sou­haite aus­si lut­ter contre les repré­sen­ta­tions dis­cri­mi­nantes des femmes dans les indus­tries cultu­relles et créa­tives ain­si que dans la publi­ci­té, notam­ment en condi­tion­nant les aides publiques au res­pect de cri­tères favo­ri­sant la diversité.

Sexisme dans la sphère numérique

La place des femmes dans la sphère publique est éga­le­ment mis à mal par les cyber­vio­lences dont les figures publiques, jour­na­listes, élues et mili­tantes sont régu­liè­re­ment vic­times dans l’espace numé­rique : elles seraient 27 fois plus sujettes à être cybe­rhar­ce­lées qu’un homme selon le docu­men­taire Arte #SalePute qui alerte de ces com­por­te­ments visant à silen­cier les femmes lorsque pré­sentes dans la sphère publique.

Une grande par­tie des can­di­dates et can­di­dats se sont enga­gés à lut­ter contre le cybe­rhar­cè­le­ment. Valérie Pécresse sou­haite ren­for­cer les sanc­tions en cas de cybe­rhar­cè­le­ment et pro­pose la mise en place d’un cyber-​paquet qui s’attaquerait notam­ment à cette pro­blé­ma­tique. Le can­di­dat Nicolas Dupont Aignan l’importance d’améliorer la place des femmes dans les médias sociaux en lut­tant contre les vio­lences en ligne. Emmanuel Macron sou­haite aus­si ren­for­cer l’arsenal judi­ciaire pour les cas de har­cè­le­ment. Anne Hidalgo appelle dans son pro­gramme à lut­ter contre toutes les formes d’harcèlement qu’elles soient en ligne ou non et sou­haite créer une com­mis­sion natio­nale de sui­vi des réseaux sociaux auprès du Défenseur des droits. La lutte contre le cybe­rhar­cè­le­ment est bien pré­sente dans le pro­gramme du can­di­dat com­mu­niste Fabien Roussel. Lors de notre entre­tien, son équipe de cam­pagne nous a fait savoir que leur can­di­dat était très atten­tif aux cyber­vio­lences subies par les élues. Yannick Jadot s’engage dans son pro­gramme à ren­for­cer les moyens de lutte contre le cybe­rhar­cè­le­ment, notam­ment de la pla­te­forme Pharos. L’équipe de cam­pagne du can­di­dat Jean-​Luc Mélenchon a affir­mé l’importance pour la struc­ture de dénon­cer ces vio­lences y com­pris lorsqu’elles touchent des femmes élues, par­ti­cu­liè­re­ment visées sur Twitter. Nous regret­tons néan­moins que la notion du cyber­sexisme et la dimen­sion for­te­ment gen­rée des vio­lences en ligne ne soient géné­ra­le­ment pas assez mises en avant dans ces propositions

Représentation des femmes dans le récit national

L’invisibilisation des femmes dans l’Histoire a été docu­men­tée reste un enjeu majeur pour notre mémoire col­lec­tive. Déjà en 1970, le Mouvement pour La Libération des Femmes adop­tait le slo­gan choc sui­vant pour dénon­cer ce pro­blème : « Il y a plus incon­nu que le Soldat, c’est sa femme. » Féminisation des rues, pro­grammes sco­laires, culture… de nom­breuses pistes sont mises en avant par les spé­cia­listes pour célé­brer davan­tage les femmes illustres qui sont très peu reprises dans les pro­grammes ana­ly­sés. Lors d’un entre­tien avec Politiqu’elles, la porte-​parole de Yannick Jadot, Mélissa Camara men­tion­nait la volon­té du can­di­dat d’une plus grande place du « matri­moine » dans les pro­grammes sco­laires. Le can­di­dat Nicolas Dupont-​Aignan men­tionne éga­le­ment vou­loir "rééqui­li­brer les pro­grammes sco­laires” pour mieux repré­sen­ter les femmes. Sur cet aspect, nous n’avons pas noté d’engagement du président-​candidat mais on peut noter dans son bilan la pan­théo­ni­sa­tion de Joséphine Baker en 2021 qui fut un évé­ne­ment mar­quant pour la mémoire collective.

Lire aus­si l #Femmes2022 : éga­li­té femmes-​hommes à l'école, deman­dez les programmes

Nos conclu­sions et ce qu’il manque à ce stade

Le sujet de la place des femmes dans la sphère publique est très peu inves­ti par les can­di­dates et can­di­dats à l’élection pré­si­den­tielle 2022. Lorsqu’on les inter­roge sur le sujet, beau­coup de pré­ten­dants et pré­ten­dantes à l’élection ont le réflexe de men­tion­ner le nom de femmes membres de leur mou­ve­ment ou occu­pant une fonc­tion à res­pon­sa­bi­li­té, sans mettre en ques­tion les freins sys­té­miques qui per­durent et restreignent les voies d’accès des femmes aux postes de déci­sion poli­tique ou de repré­sen­ta­tion média­tique. Par ailleurs, en se pen­chant plus près sur la struc­ture de cer­tains par­tis, les vel­léi­tés de pari­té ne sont par­fois pas réel­le­ment sui­vies d’effets, avec une sur­re­pré­sen­ta­tion des hommes aux postes les plus stra­té­giques. La ques­tion du « matri­moine » ou autre­ment dit, d’une place plus grande don­née aux Femmes illustres de l’Histoire par­mi nos figures natio­nales, ne fait pas l’objet de mesures détaillées dans les décla­ra­tions et pro­grammes ana­ly­sés. On peut néan­moins se réjouir du fait que le prin­cipe de pari­té n’est plus remis en cause, à une excep­tion près. Un célèbre leit­mo­tiv du fémi­nisme des années 60 scan­dait que « le pri­vé est poli­tique ». De la même manière, nos ins­ti­tu­tions publiques reflètent notre socié­té : notre sys­tème de valeur et nos repré­sen­ta­tions per­son­nelles façonnent notre sphère publique. La plus juste repré­sen­ta­tion des femmes dans la sphère publique devra donc pas­ser par une vraie révo­lu­tion cultu­relle enga­geant toutes les par­ties pre­nantes, des res­pon­sables poli­tiques, média­tiques en pas­sant par le monde aca­dé­mique et bien-​sûr, les citoyennes et citoyens.

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