À l’occasion de la journée mondiale du droit à l’avortement, la Ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Élisabeth Moreno, s’est rendue ce mardi au sein des locaux de la Confédération Nationale du Mouvement Français du Planning Familial, dans le 11e arrondissement de Paris. Au programme : une visite guidée suivie d’une discussion avec les écoutantes du numéro vert.
Le 28 septembre, c’est la journée mondiale du droit à l’avortement. Pour marquer le coup, la Ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno a passé la matinée accompagnée des salarié·e·s du Planning Familial dans le 11e arrondissement. À l’occasion de cette journée, l’association a mis en place une campagne pour rappeler leur combat : le droit et la liberté de chacun·e à disposer de son propre corps. De nouvelles affiches ont été confectionnées, elles sont affichées dans toutes les salles, ainsi que dans le couloir. On peut y lire de nombreux slogans comme « Avorter est un droit fondamental », « Ici, vous êtes libres de vos choix » ou encore « Je n’ai pas à culpabiliser ».
Le droit à l'avortement, le premier combat du Planning Familial
Après la visite, la ministre s’est installée avec les écoutantes du numéro vert « sexualités, contraception, IVG », pour discuter de leur activité. La co-présidente nationale du Planning Familial, Sarah Durocher, est revenue sur l'utilité du numéro vert national ainsi que sur la nécessité de le faire connaître au plus grand nombre. « On essaye vraiment de toucher un maximum de gens avec ce numéro vert. On est présentes sur les réseaux sociaux mais aussi à travers nos affiches dans les infirmeries scolaires, les associations etc. » La proportion de mineures qui appellent est très faible, l'association indique qu'elles ne représentent qu'environ 6% des usagères. Pour les sensibiliser, le Planning Familial a donc décidé d'ouvrir un site internet dédié, où les internautes les plus jeunes pourront discuter directement par message écrit. Ce dernier ouvrira le 28 septembre 2022, pour la prochaine journée mondiale du droit à l'avortement.
Le Planning Familial se bat aussi contre le poids mental qui est imposé aux femmes qui ont décidé de subir une IVG. Lors de la discussion, Sarah Durocher est revenue sur la colère qu’elle a ressentie lorsqu’elle a lu les déclarations du Président de la République, en juillet dernier. Dans une interview pour Elle, Emmanuel Macron a tenu des propos sur l'avortement que beaucoup de militant·es ont jugé déplacés : « L’IVG est une conquête immense pour les femmes et pour les hommes… Mais je mesure le traumatisme que c’est d’avorter. » La dernière partie de la phrase avait été largement critiquée. Des militant·es ont accusé le Président d'avoir utilisé une rhétorique familière au mouvement anti-IVG. Elisabeth Moreno dévie la conversation, sans pour autant prendre la défense du Chef de l'État : « Je sais que vous avez été très touchée Sarah, mais sachez que pour le Président, la priorité c’est vraiment qu’on continue d’avancer sur ces questions, coûte que coûte. » La ministre rappelle aussi que "de nombreuses mesures ont été prises depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron et que le budget du ministère dédié à l’égalité entre les femmes et les hommes en 2021, a augmenté de 40% par rapport à 2020, une première".
Des Polonaises viennent avorter en France
Samedi 25 septembre, le collectif féministe « Avortement en Europe : les femmes décident » avait organisé une manifestation parisienne. Lors de cette journée, les militant·e·s n’ont pas oublié de rappeler qu’en France, la proposition de loi qui vise à allonger le délai d'accès à l'IVG de 12 à 14 semaines n’est toujours pas passée. Face aux remarques des écoutantes du numéro vert sur le sujet, Elisabeth Moreno affirme que si la proposition n’est pas passée, ce n’est pas à cause de la majorité. « Vous savez bien que c’est le Sénat qui a rejeté cette proposition. Je me suis entretenue avec Christophe Castaner [chef de file de la majorité à l'Assemblée, ndlr] et d’autres députés, ils sont d’accords, il faut trouver la solution pour la faire passer. » Pourtant, une élue LREM, expliquait dans un article de Libération, que le Président et le gouvernement n'ont pas manifesté un grand enthousiasme pour ce projet.
Pendant la manifestation de samedi, de nombreuses pancartes concernaient le sort des femmes à l'étranger. Les reculs observés en Pologne ou encore dans l'Etat du Texas ont poussé les salarié·es du Planning Familial à s'interroger sur leur rôle à l'international. Sans avoir de chiffre exact, elles observent une augmentation de femmes polonaises venant en France pour pratiquer des IVG. Elles regrettent notamment le fait que l'IVG ne soit pas prise en charge par la Sécurité Sociale pour les femmes étrangères. La France prend, le 1er janvier prochain, la présidence du Conseil de l'Union européenne et ce pour 6 mois, jusqu'au 30 juin 2022. Elisabeth Moreno espère une meilleure coopération entre les pays européens. « La France ne pourra pas faire grand chose toute seule. Il faut qu'il y ait une communion des Etats pour qu'on puisse avancer ensemble sur la question. »