Santé publique France publie, ce mardi, une étude montrant une augmentation des cas recensés d’affection psychique, notamment des troubles anxieux et dépressifs, par les médecins du travail. Les femmes sont deux fois plus affectées que les hommes.
La fréquence de la souffrance psychique au travail a fortement augmenté en France et affecte les femmes deux fois plus que les hommes, selon une étude publiée, mardi 5 mars, par Santé publique France. Les femmes sont en effet deux fois plus affectées que les hommes.
“En 2019, la prévalence de la souffrance psychique en lien avec le travail était plus de deux fois supérieure à celle de 2007, avec une augmentation notable à partir de 2016, quel que soit le sexe”, expliquent les auteur·rices de l’étude dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire. En regardant de plus près, cette évolution n’est pas homogène mais bien genrée, les femmes étant “deux à trois fois plus” concernées. L’enquête s’appuie sur des données d’enquêtes transversales répétées, reposant sur des médecins du travail volontaires.
Les troubles mentaux des femmes, causés ou aggravés par le travail et ses conditions d’exécution, sont ainsi passés de 2,4 % en 2007 à 6,2 % en 2018, avant de baisser légèrement en 2019 (5,9 %). Les hommes, en revanche, sont moins touchés par cette augmentation puisque cette prévalence a progressé jusqu’en 2015, a diminué légèrement en 2016 pour remonter à 2,6 % les deux années suivantes, détaillent les chercheur·euses.
Pour expliquer ce phénomène, l’étude avance plusieurs hypothèses, notamment “de multiples détériorations des conditions de travail”, mais également “une meilleure information des problèmes de santé mentale, provoquant une meilleure sensibilisation des médecins au diagnostic et une plus ample verbalisation des salariés”. Devant toutes les autres, les affections psychiques les plus fréquemment signalées par les médecins du travail sont les troubles anxieux et dépressifs mixtes, suivis des troubles dépressifs.
Un enjeu de santé publique
Les secteurs professionnels les plus touchés diffèrent également selon le genre. Chez les femmes, le risque de souffrance psychique liée au travail est apparu plus important
dans les secteurs du transport et de l’entreposage, de la construction et de l’industrie ; chez
les hommes, dans l’agriculture, certaines activités de services, l’hébergement et la
restauration.
Autre enjeu relevé par l’étude, “le nombre de reconnaissances en maladie professionnelle de troubles psychiques [qui] augmente régulièrement, [mais] reste faible en l’absence de tableau de maladie professionnelle dédié”. Pourtant, la souffrance psychique liée au travail est un véritable “enjeu de santé publique”, qui a de “graves conséquences sur la qualité de vie des travailleurs touchés” mais aussi un “coût pour la société”, affirment-ils.
Pour pallier cette augmentation différenciée selon le genre et le secteur d’activité, les chercheur·euses évoquent la mise en place de “politiques visant à réduire les inégalités entre les sexes dans les secteurs les plus à risque” pour contribuer à une “répartition plus équitable des expositions professionnelles” et avoir “possiblement un impact positif sur la santé mentale des salariées”.