Série d’été « Épifounie », 1/7
Cet été, Causette vous propose de (re)découvrir sa série Épifounie qui s'intéresse, chaque mois dans le magazine, au récit d’un moment d’épiphanie sexuelle. Qu’il s’agisse d’un orgasme inoubliable ou d’une période d’abstinence, c’est la chronique d’une pépite intime et politique dans l’histoire érotique de chaque témoin. Pour ce premier épisode, Sylvie découvre la multiorgasmie à plus de 50 ans.
Sylvie est une auxiliaire de puériculture de 57 ans. Elle a une crinière châtain, un sourire immense, un rire presque enfantin. Et aucune réticence à parler de ses expérimentations sexuelles. Le moment d’euphorie qu’elle a choisi de raconter n’a rien à voir avec un souvenir de jeunesse. C’est le genre d’histoire qui donne chaud, de celles qui prouvent qu’on peut vivre des sensations explosives et des émotions inattendues tout au long de sa vie intime.
La scène se passe l’année de ses 52 ans. Elle est alors en couple avec Vincent, son deuxième mari, rencontré quelques années après son divorce. Il a presque vingt ans de moins qu’elle. Au début, à cause de cet écart d’âge, et parce qu’elle voulait expérimenter sa vie sexuelle de célibataire après un premier mariage de vingt-quatre ans dont sont nés deux enfants, Sylvie ne souhaitait pas spécialement s’engager avec Vincent. Mais la première fois qu’ils font l’amour, ils ressentent tous les deux l’envie de se dire je t’aime. Après quelques années de relation, ils se marient. Au début, certaines personnes de leur entourage désapprouvent cette union. Mais le couple est fou amoureux et, pour ne rien gâcher, très épanoui dans sa vie intime. « Vincent a toujours été très concentré sur mon plaisir pendant l’amour », retrace Sylvie.
Presque dix ans après leur rencontre, un soir de semaine, les voilà tous deux dans leur chambre, nus, sur le lit conjugal. « Je me sens bien, détendue. À ce moment-là, je n’ai pas de contrariété familiale ou professionnelle. Peut-être que j’ai plus lâché prise qu’à l’accoutumée », décrit-elle. Ils s’embrassent et se caressent. « Il me fait un cunnilingus, mais d’une façon différente de d’habitude. Je pense qu’il essaye autre chose, pour me donner plus de plaisir. C’était un cunni très léger et délicat. » Sylvie sent l’orgasme monter des pieds jusqu’à la racine des cheveux. Elle poursuit la reconstitution de son épiphanie : « Ça m’envahit complètement. Ça finit par exploser et par redescendre doucement, sans vraiment retomber. Vincent ne s’arrête pas là et il continue son cunni. Il prend le temps et il est attentif à mes réactions. Cette vague, qui me remplit, repart de nouveau. J’ai des spasmes, des petites secousses. La vague remonte, redescend, puis remonte encore. Je m’aperçois qu’il n’y a pas de rémission et que les montées sont de plus en plus fortes. Ce sont des orgasmes qui s’enchaînent. Je dois en avoir dix en cinq minutes. Ça ne s’arrête jamais. »
Épuisée, au bout du dixième…
La quinquagénaire n’a jamais ressenti cela auparavant. C’est déroutant pour elle, car contrairement à l’orgasme « unique », elle sent qu’elle n’a aucun contrôle sur la situation. Alors que les montées orgasmiques vont crescendo et sont de plus en plus puissantes, Sylvie finit par demander à son compagnon de s’arrêter. Elle est vidée de toute son énergie. Les premier, deuxième et troisième orgasmes étaient gérables, mais arrivée au dixième – excusez du peu –, elle est épuisée. Le couple continue à faire l’amour. Après leurs ébats, ils débriefent sous la couette. « C’était des orgasmes ? », demande Vincent. Sylvie lui dit que oui, et son mari est ravi. « Il m’explique qu’il a essayé de faire différemment, plus doucement, avec moins de pression. C’est un moment marquant. Je pense que ça a renforcé notre connivence, car c’est quelque chose que je n’ai partagé qu’avec lui », résume-t-elle. Sylvie, qui a eu de nombreuses expériences sexuelles, n’imaginait
pas découvrir de nouvelles choses sur son corps après 50 ans. « J’étais déjà ménopausée. C’est un mythe de dire que la sexualité s’arrête à ce moment-là. Moi, j’ai toujours autant de libido. Je crois que je suis indécrottable ! » Quand Sylvie a parlé de son expérience de la multiorgasmie sur son compte Instagram, @plaisir_libere, d’autres femmes lui ont demandé comment parvenir à ce nirvana. « Il ne faut pas incriminer les hommes, mais quand même, le secret, c’est l’écoute du partenaire », pense Sylvie.
Plaisir intense et partagé
Aujourd’hui, elle et Vincent sont ensemble depuis quinze ans. Leur désir est toujours bien présent, voire brûlant. Depuis cette première fois, ils s’octroient ce moment multiorgasmique à chaque occasion. « Ce n’est pas indispensable, mais comme son plaisir passe par le mien, il aime voir l’état dans lequel ça me met. J’ai parfois eu vingt ou trente orgasmes d’affilée ! », fanfaronne Sylvie. Sans en faire le passage obligé d’une sexualité accomplie, elle est persuadée que toutes les personnes munies d’une vulve ont un potentiel orgasmique que l’on peut explorer à l’infini, si on en a envie. « Je pense que la multiorgasmie sommeille en chacune d’entre nous », assure-t-elle. Amen !