Série « Épifounie » : Marta s'autoexplore jusqu’à l’éjaculation féminine

La série Épifounie c'est le récit d’un moment d’épiphanie sexuelle. Qu’il s’agisse d’un orgasme inou­bliable ou d’une période d’abstinence, c’est la chro­nique d’une pépite intime et poli­tique dans l’histoire éro­tique de chaque témoin. Pour ce cin­quième épi­sode, Marta retrace l’autoexploration intime qui l’a menée jusqu’à l’éjaculation féminine. 
Collage 144
© Isabelle Motrot pour Causette

C’est une his­toire qui com­mence en post-​partum. L’année qui suit la nais­sance de sa fille, Marta est un peu per­due dans ses sen­sa­tions. Entre la gros­sesse, l’accouchement par césa­rienne, l’allaitement, la pose d’un DIU (sté­ri­let) au cuivre qui modi­fie ses sen­sa­tions, le temps gri­gno­té par la mater­ni­té, elle a du mal à se retrou­ver. « Je me sen­tais expro­priée. La péné­tra­tion était dou­lou­reuse. Je ne sais plus com­ment ça m’est venu, mais j’ai vou­lu me réap­pro­prier ma sexua­li­té, ma libi­do, mon ana­to­mie. J’ai com­men­cé à beau­coup me mas­tur­ber », raconte-​t-​elle. La jeune mère a envie de décou­vrir de nou­velles sen­sa­tions dans son vagin pour qu’il rede­vienne un lieu de plai­sir. À ce moment-​là, elle regarde beau­coup de films por­nos queer. Une scène d’éjaculation fémi­nine dans le film Too Much Pussy !, de la réa­li­sa­trice et por­no­graphe Émilie Jouvet, la trouble. Ce vision­nage oriente ses explo­ra­tions ona­nistes, jusqu’à deve­nir un objec­tif personnel.

Marta, docu­men­ta­riste bisexuelle en couple poly­amou­reux, a alors 33 ans et elle n’a jamais expé­ri­men­té la chose dans son corps. Par contre, elle a déjà pro­vo­qué elle-​même cette réac­tion phy­sio­lo­gique chez l’une de ses amantes. Cette mani­fes­ta­tion cor­po­relle la fas­cine. Elle a envie de la repro­duire sur elle. Curieuse, elle se lance à la recherche de sa propre source, qui pour­rait la faire fon­taine. C’est une explo­ra­tion soli­taire, même si elle n’exclut pas de l’appliquer plus tard dans sa sexua­li­té avec son com­pa­gnon ou avec ses autres par­te­naires. Tout au long de ses expé­ri­men­ta­tions, elle n’en parle à per­sonne et pré­fère vivre les choses de son côté. Elle explique : « C’était une façon de reprendre pos­ses­sion de mon inti­mi­té. Donc c’était très impor­tant pour moi de le faire seule, et que ça ne vienne pas d’un par­te­naire pro­vi­den­tiel qui tire­rait une sorte de gloire de m’avoir arra­ché ça. Je ne vou­lais pas lais­ser ce geste de réap­pro­pria­tion à quelqu’un d’autre. »

« Je me suis concen­trée sur cette sen­sa­tion, jusqu’à sen­tir mon vagin se gor­ger d’eau et avoir cette pre­mière émis­sion de liquide »

Comment s’y prend-​elle concrè­te­ment ? « J’ai com­men­cé à sti­mu­ler cette zone un peu rugueuse située en haut, un peu après l’entrée du vagin. C’est une sen­sa­tion très sub­tile, que j’ai apprise à culti­ver », décrit-​elle. Cette fameuse zone G cor­res­pond à la jonc­tion entre deux branches internes du cli­to­ris au-​dessus du vagin. Marta s’explore pen­dant plu­sieurs semaines avec ses doigts ou avec des sex toys pour pro­vo­quer l’inondation qu’elle recherche et qui n’arrive pas tout de suite. Elle y consacre du temps et de l’énergie, comme à une pra­tique artis­tique que l’on décou­vri­rait pour la pre­mière fois. Elle se sou­vient : « C’était la pre­mière fois que j’explorais mon inti­mi­té phy­sique aus­si scrupuleusement. »

Un ver­rou saute…

Un jour qu’elle est seule chez elle, la tren­te­naire s’installe sur son cana­pé, qu’elle a pris soin de cou­vrir. « Je me suis concen­trée sur cette sen­sa­tion, jusqu’à sen­tir mon vagin se gor­ger d’eau et avoir cette pre­mière émis­sion de liquide. C’est assez sur­pre­nant au début, car c’est abon­dant. C’était très dif­fé­rent de ce que je connais­sais, comme l’orgasme cli­to­ri­dien par sti­mu­la­tion externe qui est court et où on sent la mon­tée, puis le paroxysme et la décharge d’adrénaline. Là, c’était beau­coup plus de l’ordre du lâcher-​prise. Il y a eu cette espèce de sen­sa­tion d’un ver­rou qui saute et de tous les sphinc­ters qui se détendent en même temps. » Marta fait d’ailleurs la dif­fé­rence entre orgasme et éja­cu­la­tion. Ce jour-​là, elle a l’impression d’être arri­vée au bout d’une quête pas­sion­nante. Comme si une bar­rière men­tale en elle était tombée.

« Ça a relan­cé une dimen­sion ludique dans ma sexua­li­té. Mes par­te­naires étaient plu­tôt amu­sés et y ont volon­tiers pris part »

La suite de son aven­ture consiste à repro­duire le phé­no­mène tout en le contrô­lant pour ne pas éja­cu­ler à chaque fois, quand elle a la flemme de chan­ger les draps. Car sa zone G est deve­nue hyper­sen­sible. « Une fois que j’ai eu maî­tri­sé tout ça, je savais que c’était dis­po­nible, que je pou­vais retrou­ver cette sen­sa­tion de me gor­ger d’eau sans pour autant lais­ser cou­ler la fon­taine, et m’en trou­ver très bien », décrit-​elle.

Une expé­rience à transmettre

Aujourd’hui, elle a 43 ans et, avec le recul, elle ana­lyse cet appren­tis­sage comme une forme de récon­ci­lia­tion avec son corps post-​partum de l’époque. « Ça a relan­cé une dimen­sion ludique dans ma sexua­li­té. Mes par­te­naires étaient plu­tôt amu­sés et y ont volon­tiers pris part », poursuit-​elle. Pour bou­cler la boucle, Marta a même fini par ani­mer un ate­lier consa­cré à l’éjaculation fémi­nine dans un fes­ti­val sex­po­si­tif. Elle a ain­si pu trans­mettre ses connais­sances à d’autres per­sonnes dési­reuses de faire jaillir la fon­taine qui som­meille en elles…

Lire aus­si l Série « Épifounie » – Sauterie entre ami·es

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