Dans son nouveau livre, Les Corps abstinents1, l’écrivaine Emmanuelle Richard discute « avec celles et ceux qui comme [elle] ne font plus l’amour ». Qui imaginerait là une collection de témoignages chastes et bien rangés n’y est pas. Elle montre que l’abstinence peut être une voie de résistance intime. Une manière de se réapproprier son corps et son cœur au-delà des mornes normes hétéronormées.

Causette : D’où est partie votre démarche d’abstinence ?
Emmanuelle Richard : Les trois premières années, ça n’était pas du tout volontaire. Je venais de vivre une rupture destructrice qui m’a laissée inapte à un quelconque rapport. J’ai dû me « récupérer » en restant seule. Puis j’ai eu envie de revivre quelque chose. Mais mes quelques essais ont été médiocres, infructueux. J’ai été avec un homme qui ne me touchait pas. Avec lui, il n’y avait ni sexe ni tendresse. C’est là que je me suis dit qu’il fallait privilégier mes besoins. Et je suis passée à une abstinence sexuelle et sentimentale choisie pendant environ deux autres années.
Qu’est-ce que cette période vous a apporté ?
E. R. : J’ai découvert un truc incroyable : le fait que j’étais autosuffisante ! Pendant longtemps,[…]