![Témoignages : amour timbré 1 113 couple laura lafon pour causette](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/08/113-couple-laura-lafon-pour-causette-684x1024.jpg)
Chaque mois, Causette donne la parole à un duo sentimental pour comprendre comment les visions divergentes de chacun·e n’empêchent pas (toujours) le ménage de tourner. Dans cet épisode, Laure et Lilian racontent comment ils ont réussi à poursuivre leur histoire malgré le départ de Laure pour un road trip juste après leur rencontre. Leur secret : les cartes postales.
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Laure
35 ans
« On habitait le même immeuble. Ce qui nous a rapprochés, c’est qu’on avait un voisin bizarre qui avait un python. Un jour, il a insisté pour que je le prenne dans mes mains. J’ai croisé Lilian juste après et je lui ai raconté ce que je venais de vivre… Puis on a pris un verre, un jour, après mon entraînement de boxe. On a commencé à se fréquenter après une soirée chez lui pour fêter son CDI. C’était très cool, mais j’étais un peu réticente parce que j’avais peur que ça se termine mal et qu’on risquait de se croiser tous les jours… Deux mois plus tard, je partais en voyage pour cinq mois : États-Unis, Canada, Chine, Thaïlande, puis La Réunion. Ça me tenait à cœur. Je l’avais préparé pendant longtemps et j’y avais mis une partie de l’héritage de mon grand-père.
Je l’ai prévenu. Il m’a répondu qu’il avait aussi un programme chargé cet été, car il devait écrire un livre. J’avais prévu de tenir un blog et une newsletter de voyage pour mes proches, mais il ne voulait pas des nouvelles adressées à tout le monde. C’est un littéraire. Il m’a dit : “Écris-moi des cartes postales.” Ça me semblait une idée géniale. J’en ai toujours envoyé beaucoup et puis je ne voulais pas l’appeler tous les jours et avoir la tête à Paris. L’idée était de profiter. Avec le recul, je me dis aussi que c’était facile, en début de relation, de se dire “voyage et on verra”. Ce n’est qu’au retour que tu te projettes vraiment. Pendant le road trip, je n’avais pas de réponse, puisque les cartes étaient unilatérales. Ça a commencé à me manquer. Un jour, par erreur, je lui ai envoyé ma newsletter. Il m’a répondu que je ne respectais pas les règles. J’ai expliqué que c’était une gaffe, mais j’aurais préféré une autre réaction que ce ton détaché… C’est là que je lui ai confié que ça n’était pas facile pour moi. Par la suite, on s’est envoyé quelques mails en plus des cartes, ça a fait du bien.
Je ne me rappelle plus bien les retrouvailles. En fait, il y a eu deux retours, car avant la dernière étape du voyage, à La Réunion, je suis repassée par Paris. En tout cas, on s’est reconnectés très vite. On était toujours voisins. En fin de compte, notre rencontre est tombée au bon moment, car ce voyage m’a permis de mieux me connaître, d’être prête à mieux aimer et à mieux être aimée. Et ça fait des années que ça dure ! »
Lilian
35 ans
« La première fois que je l’ai vue, dans la cage d’escalier, je l’ai trouvée jolie. Une fois, je me suis arrangé pour monter dans la même rame de métro qu’elle et discuter. Ensuite, j’ai inventé un stratagème : je lui ai proposé de garder mon double de clés en cas de problème. Quand j’ai toqué, j’ai vu un garçon sortir juste avant… Mais j’ai fini par proposer un café. Des semaines plus tard, elle partait faire son tour du monde.
On sortait tous les deux d’histoires longues, mais j’étais enthousiaste, avec l’idée de construire un truc solide. Alors, j’ai cherché un moyen un peu spécial de faire durer la relation. Par mail, on attend que l’autre réponde tout de suite. Et je ne voulais pas du côté “t’as pas répondu, tu t’en fiches de moi”. Je voulais un truc original que je pourrais garder. Comme j’ai toujours été adepte des cartes postales, je lui ai proposé ça. Ça instaurait un jeu de complicité original, précieux en début de relation. J’ai pensé : “Si elle tient ce truc-là, c’est que je compte pour elle.”
L’attente de la carte entretenait une flamme, une part de mystère. J’en ai reçu de villes américaines improbables, de coins paumés. Je l’imaginais dans le bus ou dans les bars typiques des séries… Les cartes de Thaïlande et de Chine étaient plus kitsch. Je les recevais par paquet. Une attention m’a touché : elle s’est arrangée pour qu’une arrive pile le jour de mon anniversaire.
Un jour, elle m’a envoyé par erreur sa newsletter, c’était à Vegas. Je lui ai répondu que c’était cool de lire ça, mais qu’elle ne respectait pas les règles. J’ai senti qu’elle était un peu agacée. Elle m’a dit qu’elle avait l’impression que son voyage ne m’intéressait pas. J’avais pas saisi ! À partir de là, on a rectifié le tir et complété cette routine un peu old school par quelques mails et appels Skype.
Avec du recul, je me dis que tout ça, ça a été la pierre fondatrice de notre couple. Elle aurait pu s’en foutre, me dire qu’on faisait un break. Mais non. En tout, j’ai reçu une trentaine de cartes. L’année suivante, on a voyagé dans les Balkans. Depuis, le voyage fait partie de notre couple. Il y a eu la Mongolie, l’Argentine… Ça fait neuf ans, et cette année, on avait prévu de partir plusieurs mois avec nos enfants. On devait aller au Québec et aux Antilles, mais le Covid-19 est passé par là… Ce sera la France, peut-être l’Italie. »
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