Témoignages : amour timbré

113 couple laura lafon pour causette
© Laura Lafon 











Chaque mois, Causette donne la parole à un duo sen­ti­men­tal pour com­prendre com­ment les visions diver­gentes de chacun·e n’empêchent pas (tou­jours) le ménage de tour­ner. Dans cet épi­sode, Laure et Lilian racontent com­ment ils ont réus­si à pour­suivre leur his­toire mal­gré le départ de Laure pour un road trip juste après leur ren­contre. Leur secret : les cartes pos­tales.













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Laure

35 ans

« On habi­tait le même immeuble. Ce qui nous a rap­pro­chés, c’est qu’on avait un voi­sin bizarre qui avait un python. Un jour, il a insis­té pour que je le prenne dans mes mains. J’ai croi­sé Lilian juste après et je lui ai racon­té ce que je venais de vivre… Puis on a pris un verre, un jour, après mon entraî­ne­ment de boxe. On a com­men­cé à se fré­quen­ter après une soi­rée chez lui pour fêter son CDI. C’était très cool, mais j’étais un peu réti­cente parce que j’avais peur que ça se ter­mine mal et qu’on ris­quait de se croi­ser tous les jours… Deux mois plus tard, je par­tais en voyage pour cinq mois : États-​Unis, Canada, Chine, Thaïlande, puis La Réunion. Ça me tenait à cœur. Je l’avais pré­pa­ré pen­dant long­temps et j’y avais mis une par­tie de l’héritage de mon grand-​père.
Je l’ai pré­ve­nu. Il m’a répon­du qu’il avait aus­si un pro­gramme char­gé cet été, car il devait écrire un livre. J’avais pré­vu de tenir un blog et une news­let­ter de voyage pour mes proches, mais il ne vou­lait pas des nou­velles adres­sées à tout le monde. C’est un litté­raire. Il m’a dit : “Écris-​moi des cartes pos­tales.” Ça me sem­blait une idée géniale. J’en ai tou­jours envoyé beau­coup et puis je ne vou­lais pas l’appeler tous les jours et avoir la tête à Paris. L’idée était de pro­fi­ter. Avec le recul, je me dis aus­si que c’était facile, en début de rela­tion, de se dire “voyage et on ver­ra”. Ce n’est qu’au retour que tu te pro­jettes vrai­ment. Pendant le road trip, je n’avais pas de réponse, puisque les cartes étaient uni­la­té­rales. Ça a com­men­cé à me man­quer. Un jour, par erreur, je lui ai envoyé ma news­let­ter. Il m’a répon­du que je ne res­pec­tais pas les règles. J’ai expli­qué que c’était une gaffe, mais j’aurais pré­fé­ré une autre réac­tion que ce ton déta­ché… C’est là que je lui ai confié que ça n’était pas facile pour moi. Par la suite, on s’est envoyé quelques mails en plus des cartes, ça a fait du bien.
Je ne me rap­pelle plus bien les retrou­vailles. En fait, il y a eu deux retours, car avant la der­nière étape du voyage, à La Réunion, je suis repas­sée par Paris. En tout cas, on s’est recon­nec­tés très vite. On était tou­jours voi­sins. En fin de compte, notre ren­contre est tom­bée au bon moment, car ce voyage m’a per­mis de mieux me connaître, d’être prête à mieux aimer et à mieux être aimée. Et ça fait des années que ça dure ! » 

Lilian

35 ans

« La pre­mière fois que je l’ai vue, dans la cage d’escalier, je l’ai trou­vée jolie. Une fois, je me suis arran­gé pour mon­ter dans la même rame de métro qu’elle et dis­cu­ter. Ensuite, j’ai inven­té un stra­ta­gème : je lui ai pro­po­sé de gar­der mon double de clés en cas de pro­blème. Quand j’ai toqué, j’ai vu un gar­çon sor­tir juste avant… Mais j’ai fini par pro­po­ser un café. Des semaines plus tard, elle par­tait faire son tour du monde.
On sor­tait tous les deux d’histoires longues, mais j’étais enthou­siaste, avec l’idée de construire un truc solide. Alors, j’ai cher­ché un moyen un peu spé­cial de faire durer la rela­tion. Par mail, on attend que l’autre réponde tout de suite. Et je ne vou­lais pas du côté “t’as pas répon­du, tu t’en fiches de moi”. Je vou­lais un truc ori­gi­nal que je pour­rais gar­der. Comme j’ai tou­jours été adepte des cartes pos­tales, je lui ai pro­po­sé ça. Ça ins­tau­rait un jeu de com­pli­ci­té ori­gi­nal, pré­cieux en début de rela­tion. J’ai pen­sé : “Si elle tient ce truc-​là, c’est que je compte pour elle.
L’attente de la carte entre­te­nait une flamme, une part de mys­tère. J’en ai reçu de villes amé­ri­caines impro­bables, de coins pau­més. Je l’imaginais dans le bus ou dans les bars typiques des séries… Les cartes de Thaïlande et de Chine étaient plus kitsch. Je les rece­vais par paquet. Une atten­tion m’a tou­ché : elle s’est arran­gée pour qu’une arrive pile le jour de mon anni­ver­saire.
Un jour, elle m’a envoyé par erreur sa news­let­ter, c’était à Vegas. Je lui ai répon­du que c’était cool de lire ça, mais qu’elle ne res­pec­tait pas les règles. J’ai sen­ti qu’elle était un peu aga­cée. Elle m’a dit qu’elle avait l’impression que son voyage ne m’intéressait pas. J’avais pas sai­si ! À par­tir de là, on a rec­ti­fié le tir et com­plé­té cette rou­tine un peu old school par quelques mails et appels Skype.
Avec du recul, je me dis que tout ça, ça a été la pierre fon­da­trice de notre couple. Elle aurait pu s’en foutre, me dire qu’on fai­sait un break. Mais non. En tout, j’ai reçu une tren­taine de cartes. L’année sui­vante, on a voya­gé dans les Balkans. Depuis, le voyage fait par­tie de notre couple. Il y a eu la Mongolie, l’Argentine… Ça fait neuf ans, et cette année, on avait pré­vu de par­tir plu­sieurs mois avec nos enfants. On devait aller au Québec et aux Antilles, mais le Covid-​19 est pas­sé par là… Ce sera la France, peut-​être l’Italie. » 

Si vous aus­si, vous sou­hai­tez nous racon­ter votre his­toire de couple, écri­vez à [email protected]

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