Du binge-watching en perspective !
The Flight Attendant : Very good trip
Attachez vos ceintures, décollage immédiat ! The Flight Attendant est typiquement le genre de série « badass » qui démarre en trombe et que l’on visionne sans pouvoir s’arrêter, quels que soient ses hauts et ses bas. Son héroïne, gentiment alcoolique, y est pour beaucoup : Cassie, blonde hôtesse de l’air, est une bringueuse de première, qui multiplie les aventures sans lendemain. Autant dire qu’elle se retrouve facilement dans le pétrin, pour notre plus grand bonheur. Bingo ! Lors d’une escale à Bangkok, la belle se réveille avec une gueule de bois d’anthologie, au côté du cadavre à peine refroidi de son amant d’un soir. Rien, elle ne se souvient de rien. De peur d’être accusée de meurtre, elle nettoie donc la scène du crime, avant de prendre la tangente et de continuer sa petite vie peinarde. Croit-elle ! Car la CIA s’intéresse à Cassie dès son retour à New York. Pas de bol : son fugace compagnon était un homme très surveillé. Elle va donc devoir vite faire un gros effort de mémoire si elle veut sauver sa peau… Alerte, légère, facétieuse, cette nouvelle série américaine combine pas mal d’atouts. Déjà, elle chahute un genre masculin – la comédie d’espionnage, avec une touche soûlo-déjantée façon Very Bad Trip –, en donnant le premier rôle à un personnage féminin. Ensuite, elle exhale un charme joliment vintage en jouant avec les codes des films ricains des années 1960 et 1970. Enfin, elle s’offre un casting aux petits oignons, dont Kaley Cuoco, ex-star de The Big Bang Theory, que l’on redécouvre dans le rôle savoureux de Cassie. A. A.
Marie et les choses
Vous kiffez l’univers décalé de Marie Papillon ? Cette nouvelle série de cinquante capsules, qui débarque dès le 22 mai sur la chaîne Téva, a toutes les chances de vous séduire ! La comédienne, autrice, humoriste, influenceuse et vedette d’Instagram (330 000 abonné·es) – oui, tout ça à la fois ! – profite en effet de chacun de ses mini-épisodes pour répondre à des questions aussi existentielles que triviales… en dialoguant avec des objets (une brosse à dents, un interrupteur, un réveil, etc.) et pas mal d’autodérision. L’occasion, aussi, d’aborder des sujets qui lui sont chers (l’homosexualité, le sexisme, les genres…) avec « légèreté et poésie », promet-elle. À vérifier dare-dare, d’autant qu’elle a su bien s’entourer (Olivier Marchal, l’excellente Laurence Bibot et plein de « guests » surprises). A. A.
Staged
La vie serait-elle une représentation perpétuelle ? C’est l’une des questions posées par Staged, hilarante série anglaise qui se propose de suivre le quotidien de deux acteurs (David Tennant et Michael Sheen) contraints au confinement… alors qu’ils s’apprêtaient à monter sur scène. Chacun chez soi, ces deux sales gosses vieillissants (l’un a une petite quarantaine, l’autre aborde la cinquantaine) papotent, s’ennuient, répètent, s’engueulent et se réconcilient en « visio », donc par écrans interposés, tandis qu’une pléiade de « guests » (épouses, agent, metteur en scène, acteurs rivaux…) traverse leurs échanges narcissiques et tordants. Applaudissements : non seulement cette série est une leçon de liberté en termes d’écriture, mais elle raconte finement, aussi, la fragilité des acteur·rices (surtout aujourd’hui) et la cruauté de leur milieu. A. A.
Mare of Easttown : Une femme fourbue
Ça valait la peine d’attendre ! Mare of Easttown marque en effet le retour de la grande Kate Winslet dans une minisérie HBO, dix ans tout juste après Mildred Pierce, sublime mélo et l’un de ses plus beaux rôles. Première bonne nouvelle : cette Anglaise lumineuse, égérie de James Cameron (Titanic) et Sam Mendes (Les Noces rebelles), confirme ici son goût du risque puisqu’elle interprète Mare Sheehan, une détective fourbue, plongée dans une sombre enquête pour meurtre dans un bled perdu de Pennsylvanie. Une première pour elle, accent du cru à la clé ! Deuxième bonne nouvelle : ce contre-emploi intense n’est pas la seule qualité de ce thriller à combustion lente… Les fanas du genre trouveront sans doute le ressort classique (plus l’enquête avance et plus la vie de cette femme blessée part à vau‑l’eau) où pointeront les influences (coucou True Detective, hello Happy Valley). Reste que Mare of Easttown se distingue par le réalisme de son récit, qui s’attache à montrer le quotidien d’une détective locale, par-delà les mythes et les clichés. Oui, davantage que les rebondissements de cette sordide affaire de meurtres et d’enlèvements de jeunes filles, c’est bien l’ambiance environnante qui happe, intrigue et émeut. Easttown, petite ville américaine rongée par le chômage, la drogue, les grossesses adolescentes et les suicides à répétition, est justement décrite à hauteur d’homme. Ou plutôt de femme, vacillante, hantée, mais déterminée. A. A.
La guerre des mondes, saison 2
À rebours du blockbuster S.F. de Steven Spielberg, la saison 1 de cette nouvelle adaptation du fameux roman post-apocalyptique de H. G. Wells avait séduit en 2019. Et même saisi, tant son regard intimiste et sa réalisation toute en sobriété privilégiaient l’humain, le doute, les sentiments. Les personnages féminins, notamment, échappaient aux codes du genre et s’avéraient d’autant plus captivants qu’ils étaient portés par des actrices épatantes (Léa Drucker, Elizabeth McGovern, Stéphane Caillard, Daisy Edgar-Jones). On se réjouit donc de retrouver cette poignée de survivant·es, entre France et en Angleterre, pour une saison 2 qui promet de soulever de nouvelles questions. Dont une, peu anodine : qu’est-ce qui distingue les humains de ces aliens qui ont massacré des millions de personnes ? A. A.
Cry Wolf
Le sujet de cette minisérie danoise est brûlant. Essentiel, en ces temps de confinement. Tout démarre lorsque Holly, une frêle adolescente de 14 ans, dénonce, dans une rédaction au collège, les violences que son beau-père lui fait subir. Elle est aussitôt placée dans un foyer par un travailleur social qui la croit sur parole. Le souci, c’est que ledit beau-père, mais encore la mère et le petit frère d’Holly, nient en bloc ces accusations. En l’absence de preuve, le doute commence à s’insinuer. Qui dit la vérité ? Que doit-on entendre derrière la détresse de Holly ? Que doit-on comprendre des dénégations affolées de ses parents ? Comment décrypter la parole d’un·e enfant et comment, surtout, le ou la protéger ? Telles sont les questions qui hantent ce drame tendu comme un arc mais subtil (sa créatrice est l’une des scénaristes de Borgen, un gage de qualité). A. A.