Le must du mois
Shrill, de Lindy West
Annie, trentenaire toute mignonne, veut changer de vie mais pas de corps… Quoiqu’en pensent sa mère (qui la culpabilise), son boss (qui la tyrannise), son petit ami (qui évite soigneusement de la présenter à ses potes) et une prof d’aérobic (qu’elle croise au détour d’un café branché de Portland, aux États-Unis).
De fait, Annie est en surpoids. Et ça les dérange. Obnubilés par leurs stéréotypes, ils ne voient pas à quel point elle est fine mouche et pétillante. Alors un jour, lasse de cette grossophobie ambiante, l’adorable Annie publie une tribune intitulée « Hello, I’m fat » (« Salut, je suis grosse ») sur son blog. Histoire de raconter les remarques blessantes qui ponctuent son quotidien. Mais aussi d’envoyer promener tous ces diktats à la noix. Histoire, au fond, d’arrêter de s’excuser et de prendre, enfin, le contrôle de sa vie…
Attention, pas d’erreur ! Si Shrill, série américaine, est résolument body positive, prônant l’acceptation de soi tout au long de ses six épisodes, elle n’est jamais prêchi-prêcha. Sa recette ? D’abord, une actrice formidable pour incarner Annie : la subtile Aidy Bryant, tout droit sortie du Saturday Night Live, show légendaire – et corrosif – de la chaîne NBC. Ensuite, des dialogues affûtés. Souvent très drôles. Tout comme sa galerie de personnages d’ailleurs. Et enfin, une façon unique de montrer – donc de célébrer – la diversité des corps, des genres, des cultures et des couleurs de peau. Comme si de rien n’était. L’épisode de la pool-party est, à cet égard, succulent ! En clair, Shrill est une dramédie gentiment révolutionnaire.
Shrill, de Lindy West. Série de 6 épisodes de 26 min. À partir du 23 décembre 2019 sur Canal+ Séries.
À surveiller
La Foire aux vanités, de Gwyneth Hughes
Très connu outre-Manche, un peu moins en France, le roman-fleuve de William Makepeace Thackeray a fait l’objet de moult adaptations. Et ça n’est pas un hasard ! Quand bien même La Foire aux vanités (Vanity Fair, en version originale) se déroule à Londres, au début du XIXe siècle, les thèmes qui le traversent continuent de nous interpeller. Tout comme sa dimension satirique. La trajectoire de son héroïne, une aventurière très futée, prête à tout pour avancer dans une société figée dans ses castes… et sa vanité, est loin d’être anachronique ! Certes, cette nouvelle série britannique est moins mordante que sa version originale, mais elle ne manque ni de panache ni de rythme. Joliment ‑boostée, il est vrai, par le talent ‑d’Olivia Cooke. Brillante dans le rôle principal.
La Foire aux vanités, de Gwyneth Hughes, d’après le roman de William Makepeace Thackeray. Série de 7 épisodes de 45 min. Les 12 et 19 décembre 2019 sur Arte.
En replay
Unbelievable, de Susannah Grant
S’inspirant d’une histoire vraie, Unbelievable est tout bonnement l’un des meilleurs thrillers de l’année ! Extrêmement bien construite, réalisée et interprétée (notamment par Toni Collette et Merritt Wever, formidable duo de flics antagonistes), cette minisérie américaine démarre sur la déposition de Mary, 18 ans, qui vient de se faire violer. Assez vite, la parole de cette ado fragile est mise en doute. Peu à peu, elle va même être accusée de faux témoignage par les policiers. Ellipse… Trois ans après, deux détectives femmes se mettent à enquêter sur un violeur qui, curieusement, opère de la même façon que l’agresseur de Mary… Tout passionne ici. Le sujet : quid de l’accueil et de la prise en charge d’une victime de viol ? Et le point de vue : uniquement celui des femmes, pour changer. Une profonde humanité se dégage de ce récit impeccable.
Unbelievable, de Susannah Grant. Série de 8 épisodes de 45 min. Disponible sur Netflix.