"Sauver sa peau", un pod­cast édi­fiant sur le colo­risme au sein des com­mu­nau­tés noires

Dans Sauver sa peau, la jour­na­liste Emilie Mendy explore l’un des plus grands tabous dans les familles noires : le colo­risme. Autrement dit : le fait de hié­rar­chi­ser la beau­té en fonc­tion du degré de clar­té de la peau.

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Sauver sa peau @NouvellesEcoutes

Il faut désor­mais comp­ter avec Emilie Mendy dans le vaste monde du pod­cast. En mai der­nier, déjà, la jour­na­liste signait un remar­quable docu­men­taire pour Arte radio inti­tu­lé La K7 de yaye Elisa. En par­tant d’une K7 audio enre­gis­trée en 2004 et retrou­vée dans des car­tons, – moyen qu’ont uti­li­sé, pen­dant des décen­nies, et bien avant les « vocaux » WhatsApp les per­sonnes anal­pha­bètes de sa famille pour com­mu­ni­quer avec leurs proches – elle découvre non pas la voix de sa grand-​mère, comme elle le pen­sait, mais celle de la pre­mière femme de son grand-​père : yaye Elisa. Une décou­verte sur­pre­nante à l’origine d’une dis­cus­sion bou­le­ver­sante entre Emilie Mendy et sa mère sur la poly­ga­mie mais aus­si sur la trans­mis­sion dans une famille par­ta­gée entre France et Sénégal.

Pour le pod­cast Intime et poli­tique de Nouvelles Écoutes, elle s’attelle cette fois, dans une série en 4 épi­sodes, à un sujet dou­lou­reux et tabou : le colo­risme. Ou le fait, au sein même des com­mu­nau­tés noires, de hié­rar­chi­ser la beau­té en fonc­tion de la teinte de la peau. Les plus claires étant sup­po­sé­ment gage de beau­té… Une vision rare­ment si direc­te­ment for­mu­lée, sou­vent plus impli­cite que ver­ba­li­sée, par­fois même incons­ciente mais pour­tant belle et bien réelle. Un poids qui, selon Salimata, l’un·e des témoins de ce pod­cast, « pèse sur les noirs dès le ber­ceau ». Certains parents regret­tant même par­fois que la teinte de l’enfant ne soit plus claire. Une sorte de racisme assi­mi­lé, « les noirs ayant inté­gré la dépré­cia­tion dont ils étaient l’objet », comme l’explique la jour­na­liste, pou­vant même entraî­ner une dif­fé­rence de trai­te­ment envers les enfants au sein d’une même famille. Une souf­france pour tout le monde, quoi qu’il en soit. Qui explique aus­si le recours à la déco­lo­ra­tion de la peau que s’infligent de nom­breuses femmes, sou­cieuses de cor­res­pondre aux normes de beau­té en vigueur.

Plusieurs expert·es viennent éclai­rer les puis­sants témoi­gnages recueillis par Emilie Mendy. Notamment celui de la cher­cheuse Maboula Soumahoro qui explique l’origine de l’expression « avoir la peau chap­pée », à savoir une peau claire per­met­tant de s’é-« chap­per », d’une condi­tion misé­rable liée à la peau…


Des hié­rar­chi­sa­tions qui, comme elle l’explique, remontent à l’esclavage, où les noir·es étaient réparti·es en fonc­tion de leur teinte. Aux plus foncé·es les plan­ta­tions, où le tra­vail était le plus rude ; aux plus clair·s le tra­vail de mai­son et par­fois même la pos­si­bi­li­té de rece­voir une édu­ca­tion. Autant de dis­cri­mi­na­tions que l’on retrouve jusque dans les vio­lences poli­cières, aujourd’hui, plus direc­te­ment orien­tées vers les noir·es à la peau fon­cée. Autant de témoi­gnages et d’analyses qui font froid dans le dos mais lèvent un tabou qu’il est urgent de décons­truire. Emilie Mendy accom­plit cette tâche avec brio.

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