Hello, I’m Doing My Best, d'Ali Barter
Sa voix juvénile pourrait laisser croire à une gentille chanteuse diaphane, il n’en est rien. En 2017 déjà, Ali Barter, dans sa chanson Girlie Bits, s’élevait contre ce qu’on attend supposément d’une chanteuse rock : la féminité dans le look comme dans les guitares. Après une enfance à pratiquer le chant classique, son adolescence fut placée sous le signe d’excès en tous genres : elle assure avoir été une belle fouteuse de merde. Elle aborde la trentaine avec un deuxième album pop-rock à l’énergie revigorante, aux guitares tranchantes et aux tempos toniques. Un rock simple et direct, quelque part entre les Bangles et Courtney Love. Dans Hello, I’m Doing My Best, ses textes explorent la femme qu’elle est aujourd’hui, ses relations aux autres, à l’excès, à son corps. Et sur tous ces sujets… elle fait de son mieux. É. H.
Hello, I’m Doing My Best, d’Ali Barter. Inertia Music Pias.
Confessions, de Philippe Katerine
Hourra ! Katerine se confesse. Pour son dixième disque, l’électron libre le plus délicat de la pop française redouble d’inventivité. Si le format chanson est respecté (dix-huit morceaux de quelques minutes), le chanteur s’autorise toutes sortes d’interruptions pour introduire ici une vocalise, là un extrait sonore ou une envolée poétique. La liberté est totale, l’impertinence artistique complète. L’homme, on le sait, est un poète qui endosse volontiers le costume de bouffon du roi pour mieux faire passer ses réflexions extrêmement lucides : sur le racisme « Je n’ai jamais été contrôlé parce que je suis blond… » (Blond), l’homosexualité (88 %) ou l’amour paternel (Aimez-moi) dans un réjouissant patchwork de styles et de mélodies. Cerise sur le gâteau, Katerine convie ici de nombreux invités plus ou moins surprenants : Camille, Gérard Depardieu, Gonzales, Angèle, Lomepal… Se laisser porter pour mieux apprécier, l’expérience est unique. C. E.
Confessions, de Philippe Katerine. Cinq7. Sortie le 8 novembre 2019.
O Céu é Velho Há Muito Tempo, de Lucas Santtana
Né en 1970 à Salvador de Bahia, au Brésil, Lucas Santtana a débuté en accompagnant Caetano Veloso ou Gilberto Gil, les maîtres de la bossa-nova, avant de creuser un chemin musical plus personnel.
Illustré d’ambiances et de dialogues enregistrés dans des halls d’aéroports et d’hôtels, son précédent disque était le carnet d’un voyage musical imaginaire. Il y faisait usage exclusivement d’instruments électroniques. Aujourd’hui, pour évoquer son pays, aux prises avec une sérieuse régression politique, le chanteur a décidé de reprendre le flambeau de la tradition. Dans la sobriété épurée de la formule guitare-voix, chère à la bossa-nova, O Céu é Velho Há Muito Tempo (Le ciel est vieux depuis longtemps) résonne comme un merveilleux retour vers le passé. Tout en grâce et délicatesse, cette collection de chansons pleine d’espoir est un clin d’œil délicieusement intemporel à une époque plus insouciante. C. K.
O Céu é Velho Há Muito Tempo, de Lucas Santtana. No Format/Idol.