![La sélection de mai 2019 1 MDQ Artworks9 2](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/02/MDQ-Artworks9-2-942x1024.jpg)
She, de Muthoni Drummer Queen
À en croire sa biographie officielle, Muthoni Drummer Queen a été « entre autres choses » et « durant ses vies antérieures » « la reine mère du harem de Shaka Zulu […], une fabricante de raviolis chinois et un féroce général de Napoléon ». Ceci étant posé, la rappeuse kényane, née dans les années 1980 à Nairobi, est aujourd’hui une valeur sûre du hip-hop féministe, mélangeant allègrement anglais et swahili dans des morceaux entêtants.
Dans son album She, sorti en novembre 2018, Kenyan Message semblera peut-être familier à vos oreilles. Ce titre, dans lequel Muthoni décrit la dureté de la vie dans son pays, est non seulement la BO du film Rafiki, mais aussi une reprise du premier tube du rap politique américain, The Message, de Grandmaster Flash, sorti en 1982… Pour le reste, des beats accrocheurs composés par le duo suisse Hook et Gr ! et des paroles joyeusement combatives : « To be a woman is a full-time job, for half the pay »(« Être une femme est un boulot à temps complet pour la moitié du salaire ») Pistez-la, elle est en tournée entre mai et juin dans une bonne partie du pays ! A. C.
She, de Muthoni Drummer Queen. Yotanka records. Les dates de sa tournée sur Facebook.com/pg/muthonidrummerqueen
We Get By, de Mavis Staple
Après ses remarquables collaborations avec Ry Cooder, Dylan, Nick Cave ou Jeff Tweedy (Wilco), la chanteuse de soul américaine octogénaire Mavis Staples a confié les rênes de We Get By, son nouvel album, à Ben Harper. Le bluesman californien s’est littéralement transcendé pour offrir ici onze de ses plus belles compositions. Il a concocté un écrin parfait pour la voix grave et puissante de la chanteuse. Le disque, un voyage au cœur de la soul, du blues et du gospel, abrite des textes qui résonnent comme des messages d’espoir. Ils illustrent, en cette période trouble, le combat, toujours d’actualité, de cette activiste qui dans les années 1960 a lutté, marché et chanté pour les droits civiques auprès de Martin Luther King. La pochette de l’album, magnifique photo de Gordon Parks, est un poignant témoignage de cette époque de ségrégation raciale. C. K.
We Get By, de Mavis Staples. Anti/Pias. Sortie le 10 mai.
I Crave Affection Baby, But not When I Drive, de Tankus the Henge
So British ! C’est probablement le qualificatif qui convient le mieux à ce deuxième album du groupe londonien Tankus the Henge, qui, par ailleurs, entre difficilement dans une seule case musicale. On passe du rock au jazz New Orleans via une pop très anglaise dans un cocktail qui peut évoquer à la fois Blur, Madness, Dexys Midnight Runners ou The Kinks. Au combo musical guitare basse-batterie-clavier viennent s’ajouter cuivres, clarinette, guitare manouche et harmonies de chœurs splendides. Ce mélange très réussi d’influences venant aussi bien d’Angleterre que des pays de l’Est, du sud des États-Unis ou encore de la Jamaïque est porté par la voix éraillée et chaleureuse du leader du groupe Jaz Delorean. Son timbre vocal évoque à la fois Damon Albarn et Ian Dury, impression renforcée par un accent très londonien. Un sens aigu de la mélodie et une réalisation artistique sans faille viennent parachever cet album jouissif et lumineux. É. H.
I Crave Affection Baby, But not When I Drive, de Tankus the Henge. SRM Records.
Stay Around, de JJ Cale
Artisan du son et compositeur prolifique, JJ Cale, roi de la country américaine, avait l’habitude de mettre en boîte plus de chansons que nécessaire. Celles qu’il laissait de côté restaient au fond des tiroirs de son home studio. Christine Lakeland, sa compagne et guitariste, vient d’en exhumer quinze. Demeurées jusqu’ici inédites, elles composent, six ans après la disparition de l’homme de Tulsa, un héritage posthume inespéré. Un de ces moments rares où le temps s’arrête. La beauté fluide des chansons, la douceur de ce chant à peine murmuré, le groove paresseux, tout dans l’univers musical de JJ Cale est un appel à la contemplation de l’instant. Au rêve. Stay Around nous transporte directement dans un ciel étoilé un soir d’été. C. K.
Stay Around, de JJ Cale. Because Music.