La sélec­tion de mai 2019

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Muthoni Drummer Queen. © P. Mutuma

She, de Muthoni Drummer Queen

À en croire sa bio­gra­phie offi­cielle, Muthoni Drummer Queen a été « entre autres choses » et « durant ses vies anté­rieures » « la reine mère du harem de Shaka Zulu […], une fabri­cante de ravio­lis chi­nois et un féroce géné­ral de Napoléon ». Ceci étant posé, la rap­peuse kényane, née dans les années 1980 à Nairobi, est aujourd’hui une valeur sûre du hip-​hop fémi­niste, mélan­geant allè­gre­ment anglais et swa­hi­li dans des mor­ceaux entê­tants.
Dans son album She, sor­ti en novembre 2018, Kenyan Message sem­ble­ra peut-​être fami­lier à vos oreilles. Ce titre, dans lequel Muthoni décrit la dure­té de la vie dans son pays, est non seule­ment la BO du film Rafiki, mais aus­si une reprise du pre­mier tube du rap poli­tique amé­ri­cain, The Message, de Grandmaster Flash, sor­ti en 1982… Pour le reste, des beats accro­cheurs com­po­sés par le duo suisse Hook et Gr ! et des paroles joyeu­se­ment com­ba­tives : « To be a woman is a full-​time job, for half the pay »(« Être une femme est un bou­lot à temps com­plet pour la moi­tié du salaire ») Pistez-​la, elle est en tour­née entre mai et juin dans une bonne par­tie du pays ! A. C.

She, de Muthoni Drummer Queen. Yotanka records. Les dates de sa tour­née sur Facebook.com/pg/muthonidrummerqueen

We Get By, de Mavis Staple

Après ses remar­quables col­la­bo­ra­tions avec Ry Cooder, Dylan, Nick Cave ou Jeff Tweedy (Wilco), la chan­teuse de soul amé­ri­caine octo­gé­naire Mavis Staples a confié les rênes de We Get By, son nou­vel album, à Ben Harper. Le blues­man cali­for­nien s’est lit­té­ra­le­ment trans­cen­dé pour offrir ici onze de ses plus belles com­po­si­tions. Il a concoc­té un écrin par­fait pour la voix grave et puis­sante de la chan­teuse. Le disque, un voyage au cœur de la soul, du blues et du gos­pel, abrite des textes qui résonnent comme des mes­sages d’espoir. Ils illus­trent, en cette période trouble, le com­bat, tou­jours d’actualité, de cette acti­viste qui dans les années 1960 a lut­té, mar­ché et chan­té pour les droits civiques auprès de Martin Luther King. La pochette de l’album, magni­fique pho­to de Gordon Parks, est un poi­gnant témoi­gnage de cette époque de ségré­ga­tion raciale. C. K.

We Get By, de Mavis Staples. Anti/​Pias. Sortie le 10 mai.

I Crave Affection Baby, But not When I Drive, de Tankus the Henge 

So British ! C’est pro­ba­ble­ment le qua­li­fi­ca­tif qui convient le mieux à ce deuxième album du groupe lon­do­nien Tankus the Henge, qui, par ailleurs, entre dif­fi­ci­le­ment dans une seule case musi­cale. On passe du rock au jazz New Orleans via une pop très anglaise dans un cock­tail qui peut évo­quer à la fois Blur, Madness, Dexys Midnight Runners ou The Kinks. Au com­bo musi­cal gui­tare basse-​batterie-​clavier viennent s’ajouter cuivres, cla­ri­nette, gui­tare manouche et har­mo­nies de chœurs splen­dides. Ce mélange très réus­si d’influences venant aus­si bien d’Angleterre que des pays de l’Est, du sud des États-​Unis ou encore de la Jamaïque est por­té par la voix éraillée et cha­leu­reuse du lea­der du groupe Jaz Delorean. Son timbre vocal évoque à la fois Damon Albarn et Ian Dury, impres­sion ren­for­cée par un accent très lon­do­nien. Un sens aigu de la mélo­die et une réa­li­sa­tion artis­tique sans faille viennent par­ache­ver cet album jouis­sif et lumi­neux. É. H.

I Crave Affection Baby, But not When I Drive, de Tankus the Henge. SRM Records.

Stay Around, de JJ Cale

Artisan du son et com­po­si­teur pro­li­fique, JJ Cale, roi de la coun­try amé­ri­caine, avait l’habitude de mettre en boîte plus de chan­sons que néces­saire. Celles qu’il lais­sait de côté res­taient au fond des tiroirs de son home stu­dio. Christine Lakeland, sa com­pagne et gui­ta­riste, vient d’en exhu­mer quinze. Demeurées jusqu’ici inédites, elles com­posent, six ans après la dis­pa­ri­tion de l’homme de Tulsa, un héri­tage post­hume ines­pé­ré. Un de ces moments rares où le temps s’arrête. La beau­té fluide des chan­sons, la dou­ceur de ce chant à peine mur­mu­ré, le groove pares­seux, tout dans l’univers musi­cal de JJ Cale est un appel à la contem­pla­tion de l’instant. Au rêve. Stay Around nous trans­porte direc­te­ment dans un ciel étoi­lé un soir d’été. C. K.

Stay Around, de JJ Cale. Because Music. 

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