![La sélection de juin 2019 1 c Pierre Florent 3](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/02/c-Pierre-_-Florent-3-683x1024.jpg)
La Flemme, de Suzane
Ses premiers morceaux sont nés sur des papiers d’addition. Des bouts de chansons griffonnés entre une entrecôte et un faux-filet. Il y a trois ans à peine, Suzane, Avignonnaise d’origine montée à la capitale, était encore serveuse dans les bars parisiens, se rêvant déjà en haut de l’affiche. Elle y est presque. À 28 ans, elle a cassé la baraque en moins de deux. Quatre titres dévoilés seulement, et déjà elle explose les compteurs : 5 millions de streams et 90 dates de tournée, dont la Chine et le Japon. Faut dire qu’elle a tout bon avec son look chiadé, sa coupe carrée rousse et sa combi bleu nuit. Sur fond d’électro hyper efficace, elle balance des textes réalistes à la poésie urbaine poignante. De petits bouts de vie résumés en trois minutes. Elle chante sa génération réseaux sociaux, l’insatisfaction chronique, le sexisme ordinaire. Mais elle est de la team « Bats-toi fillette ». En prime, elle danse aussi bien qu’elle chante. Suzane, c’est un peu Sia qui aurait rencontré Stromae. S. G.
La Flemme, de Suzane. Wagram. EP en téléchargement.
En tournée dans toute la France.
Office Politics, de The Divine Comedy.
C’est avec humour et finesse que le nouvel album des prolifiques Irlandais de The Divine Comedy nous plonge dans l’univers de la vie de bureau. Les chansons aux arrangements subtils du très francophile leader Neil Hannon (il a collaboré avec Valérie Lemercier, Air ou Charlotte G) décrivent les personnages qui peuplent cette jungle. L’opportuniste prêt à tout, le chef acerbe, le banquier ou encore la secrétaire désespérée par une bluette. Office Politics est surtout un magnifique voyage musical au cœur de la pop britannique. Si l’ambiance très 80’s fait la part belle aux machines, on pense aussi à The Kinks pour cette façon si fine de dépeindre le quotidien ou à David Bowie pour la richesse mélodique. Neil Hannon a le chic pour écrire des classiques intemporels. C. K.
Office Politics, de The Divine Comedy. PIAS.
Love, Tears & Guns, de Malted Milk
Au départ, Malted Milk* était un duo blues très roots. À mesure que de nouveaux musiciens ont rejoint le noyau d’origine, le groupe nantais – à l’instar de l’évolution du blues ces vingt dernières années – s’est ouvert à la soul, au R’n’B et à la funk. Aujourd’hui, après plusieurs albums et quelques centaines de concerts à travers le monde, le septuor a l’assurance tranquille de ceux qui n’ont rien à prouver, mais juste à partager. Cuivres, orgue Hammond, guitares, basse, batterie, tout est là pour évoquer la chaleur des grands groupes de soul des 60’s sans pour autant verser dans la nostalgie. Un album frais, varié, généreux, à consommer sans modération. Et sur scène, le soul band déménage. É. H.
* Le nom du groupe est tiré d’une chanson de 1937 du bluesman Robert Johnson.
Love, Tears & Guns, de Malted Milk. Mojo Hand Records.
Triple Ripple, d’Automatic City
Avec un sens de l’esthétique sonore cinq étoiles, Automatic City revisite le blues. Le quatuor lyonnais ne se contente pas des instruments d’usage pour interpréter cette musique. Les artistes se paient le kif de taquiner quelques instruments rares comme la boîte à rythmes Ace Tone, ou encore le stylophone et le thérémine, deux instruments électroniques ancestraux chers à Led Zeppelin. Résultat, nos quatre gus nous embarquent pour un voyage musical hanté et irrésistiblement groovy. Le psychobilly blues du groupe embrasse goulûment la transe rythmique d’une Afrique où Elvis (dont ils reprennent Animal Instinct) serait devenu le King of Bongo, pendant que le blues traditionnel du Delta (avec des reprises de Sonny Boy Williamson ou de R. L. Burnside) croise l’esprit d’Alan Vega. Leurs compositions originales n’ont rien à envier à celles des ancêtres convoqués pour cette noce sonore ultra jouissive. Addictif ! C. K.
Triple Ripple, d’Automatic City. Wita Records.