La Route du rock
Presque trente ans que, chaque année, au cœur du mois d’août, la Route du rock enflamme Saint-Malo et ses remparts. Une programmation toujours haut de gamme, mélange pertinent et toujours détonant de genres, d’artistes confirmés et de découvertes exclusives. Du 14 au 17 août, l’édition 2019 promet des moments au moins aussi excitants que d’habitude, avec une prédominance rock et électrique.
Du côté des valeurs sûres, on file, entre autres, voir les Australiens de Tame Impala et leur folk rock psychédelique, l’historique duo franco-anglais Stereolab au post-rock engagé, les folkeux indés américains de Beirut, ou encore la pop électronique de Metronomy.
Pour les curieux, Causette recommande d’aller faire un tour du côté du collectif hollando-turc Altin gün, du bassiste Jasper Verhulst, dont le deuxième album paru récemment propose une pop psychédélique transe et jubilatoire, fusion de musique occidentale des années 1970 et du rock qui se jouait à Istanbul à la même époque.
Allez également découvrir les jeunes Irlandais de Fontaines D.C. dont le premier album est une pure déflagration sonore. Précédés d’une flatteuse réputation scénique, ils sont, selon la presse anglaise spécialisée, le groupe de rock le plus excitant du moment. Wahou ! Enfin, les très rares Deerhunter, du tourmenté chanteur-guitariste Bradford Cox, vétérans de la scène noise rock US, devraient être l’un des points d’orgue d’un événement qui sera assurément, cette année encore, l’un des sommets de la saison des festivals. C. K.
La Route du rock, à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Du 14 au 17 août. Programmation sur Laroutedurock.com
Le monde s'est dédoublé, de Clara Ysé
D’abord, il y a cette voix sombre et puissante. Comme sortie des entrailles de la Terre. Une tessiture comme on en entend rarement, entre Barbara et une chanteuse lyrique alto. Et puis il y a ces textes, comme autant de mantras poétiques, très littéraires, qui permettraient d’affronter les ravages du deuil. Car c’est bien de cela qu’il s’agit dans ce premier EP de Clara Ysé, fille de la philosophe et psychanalyste Anna Dufourmontelle, morte de façon sacrificielle en 2017 en voulant sauver des vagues le fils de l’un de ses amis. La mer a emporté cette femme d’exception. Et pour transcender sa peine abyssale, sa fille n’a trouvé d’autre solution que de composer son chagrin. Six chansons en français, anglais et espagnol comme autant de chants mortuaires venus des profondeurs, mais, paradoxalement, totalement du côté de la vie. Des tambours tonitruants, des clarinettes qui s’envolent, des tornades mélodiques qui appellent à résister. À tenir. À célébrer l’existence en chantant à toute voix sur un air des Balkans mâtiné de fado. Car, comme elle l’écrit : « Regarde derrière les nuages/Il y a toujours le ciel bleu azur/Qui lui vient toujours en ami/Te rappeler tout bas/Que la joie est toujours à deux pas. » À pleurer de joie. S. G.
Le monde s’est dédoublé, de Clara Ysé. Tomboy Lab/Believe.
Antidote, de Shay
Elle « ne peut pas poursuivre un homme », car Shay a mieux à faire : créer une alternative au trio mère-pute-sœur, bien connu dans le rap français. Deux ans de travail pour ce deuxième album aux textes sensibles et drôles, dont les sons produits par Le Motif, son frère, nous feront danser tout l’été, entre trap ensoleillée et zumba sombre. Avec intelligence, la jeune Bruxelloise se joue des codes, chosifie son partenaire dans Ich Liebe Dich, refuse l’exploitation économique dans Cocorico et livre un témoignage touchant sur la fin de la romance dans Amour & Désastres. Shay n’a pas le temps pour les mecs, mais assume sa puissance sexuelle. L’Antidote pour guérir tous les maux du rap français ? E. G. – L. L.
Antidote, de Shay. Capitol Music France.