Dans son premier roman, Joséphine Tassy explore avec finesse le deuil et le désir pour reconstituer le puzzle maternel.
Ne cherchez pas : le terme « indésir » ne figure dans aucun dictionnaire. Alors, Joséphine Tassy en a fait une histoire. Chercheuse en économie du développement, aussi férue d’art que de sciences cognitives, cette jeune autrice (26 ans) s’est lancée en littérature pour « habiter le monde en conteuse », nous dit-elle. Autour d’une préoccupation : « Comment on fait pour grandir et se construire autour de l’absence de quelqu’un qui aurait dû être là et nous aimer. » Quand s’ouvre L’Indésir, Nuria se réveille durement d’une nuit en boîte. Pas
seulement parce que le garçon avec qui elle était rentrée a dormi sur le canapé. Mais parce qu’un coup de fil vient de lui apprendre le décès de sa mère. Elle ne l’avait plus revue depuis les années lycée, et sa disparition l’endeuille peu. Croit-elle.
Car le refoulé revient vite toquer à la porte : il lui faut savoir pourquoi cette mère ne l’a pas aimée et pourquoi elle est morte. Dans les heures suivant l’incinération, Nuria rencontre une, puis deux, puis cinq ou six personnes qu’elle y a croisées. Tirant un fil, puis plusieurs, allant d’une ancienne connaissance à une autre. Assemblant les pièces du puzzle maternel, accompagnée en cela par son crush du début du livre, notre héroïne apprend son passé pour mieux s’en affranchir. Trouvant enfin les clés pour se défaire de ses propres dénis et oser ses désirs. Porté par un flow saisissant, par une maturité psychologique remarquable, brodé avec une langue émouvante et excitante, ce premier roman est une sacrée rencontre.
L’Indésir, de Joséphine Tassy. L’Iconoclaste, 396 pages, 20,90 euros.