3 bonnes rai­sons de lire le nou­vel album de Marion Montaigne

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L’autrice revient avec une BD tou­jours aus­si déso­pi­lante et ins­truc­tive, cette fois sur l’histoire de la paléontologie.

Le pré­cé­dent album de Marion Montaigne remonte déjà à 2017. À l’époque, Dans la com­bi de Thomas Pesquet avait convain­cu bien au-​delà des lecteur·rices de BD en s’imposant pen­dant des mois par­mi les meilleures ventes de livres, tous genres confon­dus. Que faire après ? La comète Marion Montaigne revient, avec Nos mondes per­dus, frap­per la Terre pour cette fois par­ler… de dino­saures ! Et de la façon dont l’humanité a décou­vert leur exis­tence, puis se les est repré­sen­tés au fil des siècles. Fin du sus­pense : c’est à nou­veau une réus­site. Pour au moins trois bonnes raisons.

1. Parce que c’est vrai­ment très drôle

Parole de jour­na­liste BD, des albums qui déclenchent de vrais éclats de rire, ça n’arrive pas tous les jours… Fidèle à son humour déca­pant et absurde, bran­ché sur une prise de 10 000 volts, Marion Montaigne bro­carde l’histoire et la science pour mieux les racon­ter. Elle mélange les époques, fait par­ler les savants comme des per­son­nages de car­toon et mul­ti­plie les gags (comme ces aven­tu­riers indé­cis face à la dan­ge­ro­si­té du cas­tor et qui, cher­chant fié­vreu­se­ment la réponse dans un trai­té de Buffon, finissent ache­vés par le style pom­peux du natu­ra­liste fran­çais). Sans oublier de nom­breuses réfé­rences à la pop culture, comme ces séquences de Jurassic Park, dont la décou­verte au ciné­ma en 1993 fut un électro-​choc pour la petite Marion âgée de 13 ans. Elle raconte avoir regar­dé le film de Steven Spielberg “avec un ima­gi­naire qui a trente ans de retard”, bibe­ron­née aux planches illus­tra­tives de vieux manuels de science. “C’est comme aller à un concert de PNL en ayant de sa vie écou­té que des bals musettes.”

2. Parce que c’est hyper documenté

Son blog Tu mour­ras moins bête (mais tu mour­ras quand même), adap­té en BD puis en série ani­mée par Arte, avait déjà mon­tré com­bien Marion Montaigne pre­nait au sérieux la vul­ga­ri­sa­tion scien­ti­fique comique. Et si on s’amuse beau­coup en lisant Nos mondes per­dus, on apprend au moins autant que l’on rit. Sur l’histoire de la paléon­to­lo­gie, le défi lan­cé à l’Église par ces décou­vertes, le rôle des artistes dans la construc­tion des repré­sen­ta­tions scien­ti­fiques. Mais aus­si sur des femmes scien­ti­fiques mécon­nues, éclip­sées de leur vivant par des “vieux dino­saures” avides de recon­nais­sance, à l’instar de Mary Anning (1799−1847), paléon­to­logue bri­tan­nique auto­di­dacte et qui a com­men­cé par recher­cher des fos­siles pour les vendre aux touristes.

3. Parce que c’est une BD personnelle

Marion Montaigne se raconte beau­coup dans cet album. De son “bio­lo­giste gore” assu­mé à ses sou­ve­nirs miti­gés de sco­la­ri­té dans un lycée catho, en pas­sant par une lec­ture psy­cha­na­ly­tique de l’amour des enfants pour les dinos, qui finit par éclai­rer avec une émo­tion inat­ten­due sa propre pas­sion. “La vie trouve tou­jours un che­min”, assène le pro­fes­seur Malcolm (Jeff Goldblum) dans Jurassic Park. Celle de Marion Montaigne se glisse natu­rel­le­ment entre deux digres­sions sur la loi de subor­di­na­tion des organes ou la taille des vélociraptors.

Couverture

Nos mondes per­dus, de Marion Montaigne. Dargaud, 208 pages, 24,50 euros.

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