À Paris, une rétrospective gratuite retrace la carrière prolifique de l’autrice et dessinatrice finlandaise de la saga à succès des Moomins.
Premiers dessins dès qu’elle sut tenir un stylo (voire sur le pot, si l’on en croit la légende !), premières commandes à 13 ans pour un journal… Tove Jansson fut d’autant plus précoce qu’elle était issue d’une lignée d’artistes. Ses parents, d’une minorité suédophone installée en Finlande, auront trois enfants. Tove Jansson fera une partie de ses études d’art à Paris, il n’est donc pas étonnant que l’exposition de l’association artistique The Community, Houses of Tove Jansson, se tienne dans la capitale, plus précisément dans une ancienne imprimerie du 11e arrondissement.
Cet accrochage en différentes “maisons” permet de parcourir la carrière étonnante de cette femme née en 1914 et s’ouvre sur un autoportrait insolent, la montrant regard frondeur et cigarette au bec. La visite est fournie en archives : photos de familles, dessins d’enfance, toiles peintes tout au long de sa vie, couvertures de livres illustrés, commandes pour des publications… Car Tove Jansson renoncera à une carrière de peintre pour devenir illustratrice et travaillera longtemps pour le journal satirique Garm, qu’elle abreuvera de dessins contre la guerre. En plus de ses travaux graphiques, elle est aussi l’autrice de livres fortement autobiographiques, comme Le livre d’un été, 1978.
Cette monographie exhume aussi la genèse de sa saga pour enfants mettant en scène Moomin (ou Moumine en VF). Le premier volume paraît en 1945 et le succès international suivra. Ce personnage de troll lui aurait été inspiré par les contes folkloriques effrayants racontés par sa mère : désespérée par la guerre qui faisait rage en Allemagne, elle fera de ces génies sylvestres des entités rassurantes et débonnaires dans des récits empreints de magie. L’exposition en présente les premiers croquis ainsi que des produits dérivés à la patine seventies.
Artiste indépendante et libérée dans un pays qui accorde très tôt le droit de vote aux femmes, elle décide de ne pas avoir d’enfant, malgré un père qui la pousse à se marier. Elle vivra avec sa compagne, elle aussi artiste, Tuulikki Pietilä, et passera tous ses étés sur une minuscule île déserte, dans une cabane en bois idyllique, si l’on en croit les photos.
En plus de l'exposition, un ouvrage superbement illustré retrace son parcours, aux éditions Les illustrateurs.
Houses of Tove Jansson, The Community, 8 impasse de Mont-Louis, 75011 Paris. Jusqu’au 29 octobre. Entrée gratuite et sur réservation.
Tove Jansson, de Paul Gravett. Éditions Les illustrateurs, 19,90 euros.