La photographe et journaliste Léonor Lumineau creuse depuis longtemps le sillon des sujets environnementaux. Les ravages occasionnés par l’industrie textile, elle connaît. Pourtant, elle a été surprise par son propre dressing qui contenait… un véritable monstre. Elle nous dévoile les étapes du travail photographique, « Fashion Monsters », que cette expérience lui a inspirées.
Causette : Votre portfolio s’intitule « Fashion Monsters ». Ce monstre de mode, il vous est apparu un peu par hasard ?
Léonor Lumineau : Il a surgi pendant le premier confinement, alors que je faisais du tri dans mon armoire. J’ai été hallucinée par le nombre de vêtements que j’avais, par rapport à ceux que je porte réellement. Je suis pourtant tout à fait consciente des ravages de la fast fashion, je ne supporte plus de mettre les pieds dans les magasins qui la propagent. Voir ces milliers d’habits qui n’ont pas vraiment d’utilité me provoque quasiment des crises d’angoisse. J’achète majoritairement de la seconde main. Et malgré tout, c’était consternant, mais il y avait bien cet énorme tas de fringues sur mon lit.
L’idée de cette créature de textiles s’est-elle imposée immédiatement ?
L. L. : Quand j’ai vu cet amas de vêtements, je me suis sentie un peu honteuse et… un peu monstrueuse. J’ai cherché un moyen d’utiliser cette figure du monstre pour susciter un petit déclic qui déclencherait une prise de conscience. De manière ludique et pas accusatrice, puisque nous sommes tous et toutes en partie responsables. Le monstre peut être à la fois rigolo, comme dans des histoires pour enfant, mais il peut aussi être[…]