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Élodie, 56 paires de chaussures, 54 robes, 116 tee-shirts ou hauts, 29 shorts ou jupes, 45 pulls ou gilets, 44 pantalons, 16 manteaux ou vestes, 6 chapeaux, 33 sacs. © Léonor Lumineau

Fashion Monsters, de Léonor Lumineau : nos frin­gales de fringues en images

La pho­to­graphe et jour­na­liste Léonor Lumineau creuse depuis long­temps le sillon des sujets envi­ron­ne­men­taux. Les ravages occa­sion­nés par l’industrie tex­tile, elle connaît. Pourtant, elle a été sur­prise par son propre dres­sing qui conte­nait… un véri­table monstre. Elle nous dévoile les étapes du tra­vail pho­to­gra­phique, « Fashion Monsters », que cette expé­rience lui a inspirées.

Causette : Votre port­fo­lio s’intitule « Fashion Monsters ». Ce monstre de mode, il vous est appa­ru un peu par hasard ?
Léonor Lumineau :
Il a sur­gi pen­dant le pre­mier confi­ne­ment, alors que je fai­sais du tri dans mon armoire. J’ai été hal­lu­ci­née par le nombre de vête­ments que j’avais, par rap­port à ceux que je porte réel­le­ment. Je suis pour­tant tout à fait consciente des ravages de la fast fashion, je ne sup­porte plus de mettre les pieds dans les maga­sins qui la pro­pagent. Voir ces mil­liers d’habits qui n’ont pas vrai­ment d’utilité me pro­voque qua­si­ment des crises d’angoisse. J’achète majo­ri­tai­re­ment de la seconde main. Et mal­gré tout, c’était conster­nant, mais il y avait bien cet énorme tas de fringues sur mon lit. 

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Caroline, 50 hauts, 35 paires de chaus­sures, 34 pan­ta­lons, 26 pulls, 23 robes, 18 jupes, 16 man­teaux et vestes, 12 com­bi­nai­sons, 12 cha­peaux, 5 paires de lunettes de soleil. © Léonor Lumineau

L’idée de cette créa­ture de tex­tiles s’est-elle impo­sée immé­dia­te­ment ?
L. L. :
Quand j’ai vu cet amas de vête­ments, je me suis sen­tie un peu hon­teuse et… un peu mons­trueuse. J’ai cher­ché un moyen d’utiliser cette figure du monstre pour sus­ci­ter un petit déclic qui déclen­che­rait une prise de conscience. De manière ludique et pas accu­sa­trice, puisque nous sommes tous et toutes en par­tie res­pon­sables. Le monstre peut être à la fois rigo­lo, comme dans des his­toires pour enfant, mais il peut aus­si être épou­van­table. Un peu comme notre façon de consom­mer les vêtements.

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Thomas, 34 pan­ta­lons, 53 T‑shirts ou che­mises, 17 pulls, 15 vestes, un nombre incal­cu­lable de chaus­settes. © Léonor Lumineau

Vous avez mis en place un véri­table pro­to­cole pour fabri­quer ces per­son­nages ?
L. L. :
Soit cette idée fonc­tion­nait, soit c’était un échec total. J’ai eu quelques moments de stress ! J’ai fina­le­ment mis au point un pro­ces­sus pour effec­tuer la prise de vue et mettre au point des légendes. D’abord, avec la per­sonne qui me reçoit, on sort tous les habits de l’armoire, on en met sur le lit et dans la chambre. On crée le monstre, on fait la pho­to, et ensuite, au moment de ran­ger, on compte un à un, caté­go­rie par caté­go­rie, tous les vête­ments. C’est le décompte indi­qué dans les légendes. Tout ça prend plu­sieurs heures.

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Judith, 78 robes, 26 pulls, 62 paires de chaus­sures, 30 tee-​shirts, 15 pan­ta­lons, 30 jupes. © Léonor Lumineau

Les « portraituré·es » ont-​ils et elles bien pris votre pro­po­si­tion ?
L. L. :
Oui, tous et toutes étaient volon­taires et intéressé·es par la démarche. Une chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’est que ces tas de vête­ments sur leur lit leur pro­vo­quaient sou­vent exac­te­ment la même sur­prise et le petit sen­ti­ment de culpa­bi­li­té que j’avais eu moi-​même devant le nombre de fringues. Ils et elles en ont pro­fi­té pour faire du tri, et beau­coup m’ont dit ensuite que leur consom­ma­tion avait baissé ! 

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Lorris, 20 pulls, 60 tee-​shirts et che­mises, 10 vestes, 16 pan­ta­lons, 10 paires de chaus­sures, 4 dégui­se­ments et 6 gros sacs de vête­ments récem­ment don­nés à une asso­cia­tion. © Léonor Lumineau

Léonor Lumineau conti­nue le pro­jet Fashion Monsters. Elle recherche de nouveaux·elles volon­taires pour se faire tirer le por­trait en monstres de la mode ! La contac­ter via Instagram.

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