Notre directrice de la rédaction, Isabelle Motrot, a réalisé une série de collages d'images issues de magazines « de bonnes femmes » pour notre hors-série n° 10. Elle se souvient.
« Confectionnés pour le hors-série de Causette spécial « On nous prend pour des quiches », ces collages ont été l’occasion d’un troublant retour vers le futur. Telle Marty McFly au volant de sa DeLorean, j’empoignais mes ciseaux pour entrer comme une flèche au cœur des années 40, 50, 60, directement là où elles ont démontré au mieux leur définition de LA femme : les magazines féminins. Et même, substantifique moelle du concept : la RÉCLAME, destinée à LA femme.
C’était un monde fascinant, dans lequel, en noir et blanc, ou en couleurs saturées, la vie était simple et le mérite récompensé. La morale vous guidait, la famille vous soutenait et la patrie n’était pas un vain mot. Un monde bienveillant pour les honnêtes femmes, où la justice triomphait toujours et où les trucs moches n’arrivaient qu’aux paresseuses. Sérieusement, comment la flamme de la révolte et l’élan du féminisme ont-ils pu survivre à ces flots de discours lénifiant ?
Armée de mes ciseaux, j’ai grimpé les branches de l’arbre généalogique des « Journaux pour Dames » dont Causette est l’un des derniers bourgeons. Et j’ai découpé dans les frondaisons les images du passé : des sourires éclatants, « rouge baiser », des cheveux brillant, aisselles et haleines fraîches, tailles marquées, poitrines « de rêve », des kilomètres de chemises repassées, pour votre mari satisfait, des carrelages rutilants, des tsunamis de potage, des maelstroms de purée Mousseline, des montagnes de Petit Beurre pour des foules de bébés Cadum. Un monde qui pourrait faire sourire, si on n’avait pas depuis déplacé la pimpante machine à laver, pour découvrir toutes les noirceurs qu’elle dissimulait. »
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