red cinema seat number 23
©Kilyan Sockalingum

« Sans signe par­ti­cu­lier », « La voix d'Aïda » et « Tout s'est bien pas­sé » : nos reco ciné du mercredi

Trois très belles sor­ties cette semaine. Sans signe par­ti­cu­lier, de Fernanda Valadez, La voix d'Aïda, de Jasmila Zbanic et Tout s'est bien pas­sé, de François Ozon. 

Sans signe par­ti­cu­lier, une odys­sée au féminin 

Ce pre­mier film bous­cule, au bas mot. Parce qu’il s’attaque à un sujet épi­neux : l’extrême vio­lence qui sévit chaque jour au Mexique. Parce qu’il adopte un point de vue alter­na­tif : celui d’une mère dont le fils a dis­pa­ru depuis des mois. Et, enfin, parce que son récit en forme d’odyssée, très visuel, est à la fois lyrique et mys­té­rieux. Saisissant. Fernanda Valadez, sa réa­li­sa­trice, copro­duc­trice et coau­trice, est une femme cou­ra­geuse et déter­mi­née. On suit donc avec curio­si­té le par­cours de Magdalena, son héroïne. Puis, stu­pé­fac­tion : Sans signe par­ti­cu­lier n’est pas seule­ment un road-​movie tra­gique, c’est aus­si un thril­ler fan­tas­tique, jus­te­ment mâti­né de tra­di­tions locales (la figure du diable et le culte des morts occupent une place cen­trale au Mexique). Halluciné et hal­lu­ci­nant, in fine.

Sans signe par­ti­cu­lier, de Fernanda Valadez. 

Voir la bande annonce du film : 
Tout s'est bien pas­sé, chro­nique d'une mort annoncée 

Est-​ce parce que son sujet (le sui­cide médi­ca­le­ment assis­té) est dif­fi­cile, pro­pice au redou­table « film dos­sier » que François Ozon choi­sit réso­lu­ment la vie en adap­tant le livre épo­nyme d’Emmanuelle Bernheim (l’histoire d’un grand bour­geois qui, après un AVC, demande à sa fille aînée de l’aider à mou­rir) ? De fait, il injecte volon­tiers des moments de rire, d’émotion, de gêne ou de doute à son intrigue. Autant d’éclats qui per­mettent à son récit, faus­se­ment clas­sique, de vibrer. Il est bien aidé, cela dit, par l’interprétation très natu­relle, tout en nuances, de Sophie Marceau dans le rôle de la fille dou­lou­reu­se­ment per­plexe. Un contre­point idéal au numé­ro plus théâ­tral, quoique assez jubi­la­toire, d’André Dussolier, mécon­nais­sable, lui, dans celui du père déter­mi­né – et tyrannique. 

Tout s’est bien pas­sé, de François Ozon. S

Voir la bande annonce du film :
La voix d'Aïda, la voie humaine

Cette voix-​là, vous n’êtes pas près de l’oublier. Elle est celle d’une femme qui s’élève contre la vio­lence et la haine. Une femme modeste, cou­ra­geuse, vibrion­nante. Une femme sym­bole. En l’occurrence, le nou­veau film de Jasmila Zbanic revient sur la prise de la ville de Srebrenica par l’armée serbe, en juillet 1995, juste avant le mas­sacre de civils bos­niaques musul­mans (plus de huit mille hommes et ado­les­cents). Un des crimes de guerre les plus atroces com­mis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. 

Nulles exac­tions spec­ta­cu­laires, ici : la réa­li­sa­trice, elle-​même bos­niaque, pré­fère les lais­ser hors champ pour mieux se concen­trer sur le par­cours intime et batailleur d’Aïda, son héroïne. Professeure d’anglais recru­tée auprès des Casques bleus (ils sont sta­tion­nés aux abords de la ville, dépas­sés, impuis­sants) pour leur ser­vir d’interprète, témoin du chaos sur place (les habi­tants viennent cher­cher refuge par mil­liers dans le camp de base où elle offi­cie), elle com­prend vite que la situa­tion est en train de tour­ner au désastre. Elle va donc tout ten­ter pour mettre sa famille en lieu sûr…

Délibérément, La Voix d’Aïda se pré­sente comme une course contre la montre per­son­nelle, d’autant plus déchi­rante qu’elle se joue sur fond de tra­gé­die col­lec­tive. Précisément, si cette fic­tion, à la fois ten­due comme un thril­ler et fidèle, hélas, aux évé­ne­ments, cap­tive autant, c’est parce qu’elle se situe aux confins de la petite et de la grande Histoire. Un peu comme Aïda, qui, elle, fait le lien entre ses congé­nères et les auto­ri­tés inter­na­tio­nales. Personnage d’autant plus cha­ris­ma­tique qu’il est incar­né par Jasna Djuricic, actrice ô com­bien ardente ! 

La voix d’Aïda, de Jasmila Zbanic. 

Voir la bande annonce du film :
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