Dans Murina qui sort en salle ce mercredi, la réalisatrice croate Antoneta Alamat Kusijanovic met en scène une jeune femme en lutte contre son père et contre le machisme. Un remarquable premier coup d'essai justement récompensé par le prix de la caméra d'or l'an passé au Festival de Cannes.
Dès les premières images, quelque chose de l’ordre de la fascination s’installe. Comme si l’on s’enfonçait, d’un coup, dans un conte à la fois terrifiant et de toute beauté. Sans doute le cadre de Murina n’est-il pas étranger à cet éblouissement. Le premier film d’Antoneta Alamat Kusijanovic se déroule dans le décor paradisiaque des îles Kornati, en Croatie. Là même où soleil doré et flots argentés tentent d’apprivoiser des falaises aussi sauvages que spectaculaires. Mais la trame de ce récit étrange, aux accents presque légendaires, n’y est pas pour rien non plus.
Adoptant la forme d’un huis clos à ciel ouvert, Murina raconte en effet la relation houleuse entre Julija, adolescente rebelle fan de plongée sous-marine, et son père, un ancien capitaine qui s’obstine à vouloir la retenir dans ses filets (et contrôler sa belle épouse…). La tension est exacerbée par la visite d’un vieil et riche ami de la famille ; celui-ci, ancien prétendant de la mère de Julija, laissant entrevoir un ailleurs possible à la jeune naïade en mal de liberté…
Nul hasard si le titre croate de ce film ondoyant fait référence à la murène, long poisson qui peut se montrer agressif s’il se sent menacé. En distillant avec grande maîtrise sa plongée en eaux troubles, Antoneta Alamat Kusijanovic engage, de fait, une réflexion percutante sur le patriarcat et ses violences. Beau et captivant : on comprend que Murina ait obtenu la caméra d’or l’an dernier à Cannes (l’équivalent de la palme d’or pour un premier film) !