The Sorority est une application qui vient en aide aux victimes de violence. Ici, pas de numéro vert mais un bouton sur son téléphone qui alerte les personnes les plus proches pour solliciter leur soutien. Entre 150 et 200 alertes sont envoyées chaque mois via l'application.
![Violences de genre : deux ans après son lancement, l'application d'entraide The Sorority revendique 47 000 membres 1 IMG 2415](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2022/11/IMG_2415-946x1024.jpg)
« Depuis deux ans, on a construit une bonne base », se félicite auprès de Causette Priscillia Routier Trillard, créatrice de l’application et association The Sorority. Avec 47 000 adhérant·es, elle a de quoi en être fière de sa « base », qui lutte au quotidien contre les violences faites aux femmes et aux personnes LGBTQIA+.
Si vous êtes victime d'une aggression et avez téléchargé l'appli sur votre téléphone, il vous suffit d'appuyer deux secondes sur un bouton pour qu'une alerte soit lancée aux membres de la communauté les plus proches géographiquement. Ces utilisateur·rices, pas spécifiquement formé·es à l'accompagnement des victimes de violences, écoutent, soutiennent, informent si besoin des démarches pour porter plainte, voire proposent une mise à l'abri en cas d'urgence. Ainsi, sur The Sorority, vous pouvez être l'écoutante et un jour, si besoin, celle que d'autres aideront. Selon les statistiques recueillies par The Sorority, entre 150 et 200 alertes sont envoyées chaque mois via l'application, une tendance à la hausse au fur et à mesure que la communauté grandit.
Lors d’un entraînement organisé tous les mois pour s’assurer du bon fonctionnement de l’application, une membre de Neufchâtel a reçu « cinq réponses immédiates !, indique la bénéficiaire dans son retour d'expérience. Ça m’a fait chaud au cœur toute cette bienveillance. » Priscillia Routier Trillard établit une moyenne de 10 prises de contact en une minute, message ou appel. Et d’ajouter, fière de sa communauté : « Il y en a même qui se déplacent » pour ne pas laisser seule la personne qui vient de demander de l'aide.
Assurer la sécurité en France et au-delà
Déjà 118 féminicides sont recensés pour l’année 2022. 93 000 femmes déclarent chaque année être victimes de viol ou de tentative de viol, d’après le ministère de l’Intérieur. Face aux terribles chiffres caractérisant les violences de genre, Priscillia Routier Trillard imagine The Sorority (La sororité, soit la fraternité au féminin) en 2019. Septembre 2020 : l’appli est lancée. Les inscriptions des membres sont validées à la main, avec photo, vérification de la carte d’identité et des réseaux sociaux, avec photo, vérification de la carte d’identité et des réseaux sociaux : « On veut s’assurer au maximum qu’il n’y ait pas de maris violents ou de potentiels harceleurs. Ce qui compte, c’est assurer la sécurité. »
Ces 42 000 et des poussières profils habitent partout. « Ce n’est pas une question de petite/grande ville, explique-t-elle en montrant la carte des membres géolocalisés, c’est là où il y a du bouche-à-oreille. Par exemple, on a un pôle de 25 membres dans un petit village du Nord. » « Je suis agréablement surprise d’avoir eu des réponses malgré mon éloignement d’une agglomération », se réjouit une utilisatrice de Sérent (56) lors d’une session d’entraînement.
En deux ans, cet un outil d’entraide français, s’est répandu : Belgique, Suisse, Maroc ; mais aussi « Espagne, Italie… Dans le monde entier ! La communauté francophone est puissante », s’extasie Priscillia Routier Trilla. The Sorority a depuis créé le réseau Save You, pour les Françaises de l’étranger victimes de violences intrafamiliales.
L’argent, nerf de la guerre
Qu’en est-il des hommes hétéros cisgenres, jusque-là non acceptés ? « C’est à venir », assure Priscillia Routier Trillard. « Il y aura l’option de conserver l’application en non-mixité, ou d’accepter de l’aide d’hommes. » Quand ? Là est la question. Depuis le début, tout travail sur The Sorority est bénévole. Des fonds « commencent à arriver », mais il faudra encore attendre pour l’accès aux hommes non LGBTQIA+ ainsi qu’aux mineurs. « Nous, on est un outil. Mais la vie, ce n’est pas que l’appli. Si les hommes veulent aider, qu’ils nous croient quand on dit être victime. » Prochain projet en vue : devenir un réseau social avec un fil d’actualités d’initiatives à impact pour inspirer les adhérant·es.