On ne naît pas homme, on le devient. Oui mais comment ? Dans son nouveau livre, Un garçon comme vous et moi, l’historien « alternatif » – proposant des objets et des formes originales qui font son succès auprès du public – Ivan Jablonka interroge la notion de « malaise dans le masculin » à travers un exemple banal, le sien. Il démontre ainsi que devenir homme, pour un individu, passe aussi par une forme de désobéissance aux injonctions stéréotypées – parfois toxiques – que le genre masculin impose aujourd’hui. Peut-on faire tenir, en un seul livre, les réjouissances d’un récit adolescent et les exigences d’un travail en sciences humaines ? Il semble que oui.
Causette : Pourquoi avoir choisi de vous pencher sur vos souvenirs d’adolescence pour étudier votre rapport au genre, laissant de côté les formes adultes de masculinité comme la paternité ?
Ivan Jablonka : Tous mes livres portent sur ce que j’appelle « mes disparu·es ». Je m’y intéresse en tant qu’historien. J’ai ainsi écrit sur mes grands-parents, sur Laëtitia [enquête littéraire inspirée d’un fait divers réel, l’assassinat de Laëtitia Perrais, ndlr]. Dans ce livre, il y a un disparu : le garçon que j’ai été. Ce que j’ai cherché, à travers ce garçon, c’est à établir une socio-histoire de la masculinité dans la génération qui est la mienne, dans l’époque qui m’a produit. J’ai eu un parcours assez rectiligne, mais ma masculinité s’est construite sur la désobéissance de genre.
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Considérez-vous échapper à une forme de masculinité dominante ?
I. J. : De façon évidente,[…]