La maison de luxe Hermès, connue dans le monde entier pour ses célèbres – et hors de prix – sacs Birkin, prévoit de construire la plus grande ferme de crocodiles d’Australie, qui sera capable d’héberger 50 000 crocodiles d’eau salée, rapporte ABC, le 10 novembre dernier. Mais n’y voyez pas un amour immodéré pour nos amis les reptiles. Pour le taulier du luxe, le but de l’investissement est d’accélérer considérablement sa production de… sacs à main. Lorsqu’on sait qu’un Birkin en croco et diamants s’est vendu 287 500 dollars en septembre, on ne s’inquiète pas trop pour le retour sur investissement.
Pour ce faste et funèbre projet, Hermès s’est d’ailleurs associée au fermier Mick Burn, le « roi du crocodile ». Pour la modique somme de 4,46 millions d’euros, la maison de couture et le magnat australien ont donc racheté l’ancienne ferme de melons et de bananes, The Sweet Life Farms, que l’on peut ironiquement traduire par « la douce vie à la ferme ». On ne sait toutefois pas si Hermès compte garder ce nom pour sa ferme de crocodiles, dont les peaux serviront à la production de sacs. D’ailleurs, que les gourmets se rassurent, puisque rien ne se perd, la viande des crocodiles dépecés sera également vendue.
Sur son site, la maison de couture se vante de déployer « ses savoir-faire d’excellence dans 45 pays à travers 311 magasins qui sont autant de facettes d’un même esprit résolument élégant, à la fois artisanal et innovant, contemporain et intemporel ». Hermès omet toutefois de préciser sa nouvelle acquisition, à moins que la ferme de crocos ne soit comptée dans les 311 magasins élégants mais, étrangement, on en doute. Il faut dire qu’Hermès s’est déjà fait épingler sur le sujet. En 2015, Peta révélait en effet, dans une vidéo, les conditions atroces dans lesquelles étaient élevés les reptiles pour la maroquinerie de la maison. Hermès avait à l’époque stoppé la polémique en réaffirmant son total engagement dans le traitement éthique des crocodiles élevés dans ses fermes partenaires.
Pour sa nouvelle acquisition flambante neuve, Hermès a donc vu les choses en grand : « Un laboratoire d’incubation des œufs, un couvoir, un enclos de croissance, un enclos de finition, une zone d’exploitation ouverte et des zones réfrigérées de préparation et de stockage des aliments. » Un véritable hôtel cinq étoiles, si l’on excepte qu’à la fin les crocos en ressortent sans leurs écailles.
La maison rappelle souvent que « depuis 1837, Hermès demeure fidèle à son modèle artisanal et à ses valeurs humanistes ». On applaudit donc très fort la marque qui continue, depuis plus d’un siècle, à faire perdurer le savoir-faire tricolore avec son sac en crocodile, cet animal typiquement français.