ÉDITO
« Je n’ai jamais eu honte. J’ai évidemment subi la réprobation. Mais j’ai davantage souffert du silence autour de mon avortement. À l’époque, donc en 1964, je ne pouvais en parler à personne. Pas même à ma meilleure amie. Mon mari le savait, mais on n’en parlait pas. Après la sortie de mon livre, en 2000, les femmes qui avaient subi une IVG ne voulaient pas témoigner, elles souhaitaient tirer un trait. L’amnésie. Or il est impossible d’oublier. […] Une immense solitude enveloppe les femmes qui avortent. » Voilà ce que disait Annie Ernaux dans une interview parue dans L’Humanité en 2014.
Bien sûr, son expérience à elle fut clandestine et elle mit sa vie en danger pour y parvenir. Pour autant, plus de cinquante ans plus tard, le silence et la solitude qui entourent le recours à l’avortement n’ont pas beaucoup changé. Vous qui avez pratiqué une IVG, si vous y réfléchissez bien, en avez-vous déjà parlé librement avec vos ami·es ? Avec votre partenaire ? Votre famille ? Votre employeur, la fois où vous avez dû prendre un jour de congé pour aller à votre rendez-vous médical ? Probablement pas.
C’est un tort de notre part. Car il n’y a pas de honte à avorter. Pas de raison de garder cette information secrète. Nous ne sommes pas fautives quand nous devons y avoir recours. Nous n’avons pas commis de faute quand nous sommes enceintes. Nous ne sommes pas coupables de posséder un utérus et que celui-ci se remplisse parfois contre notre volonté. Mille raisons peuvent expliquer qu’un ovule soit fécondé. Capote qui craque, pilule qui ne marche pas, insécurité émotionnelle par rapport à un partenaire ou viol, dans le pire des cas.
Mais il n’est pas ici question de se justifier de quoi que ce soit. Nous n’avons pas à nous justifier. Nous, femmes, avons depuis trop longtemps intégré le processus même de silenciation autour de l’avortement. Le secret doit être levé. C’est pourquoi, avec le Planning familial, nous lançons à partir d’aujourd’hui sur les réseaux sociaux le hashtag #OuiJaiAvorté. Pour que la parole se libère. Treize personnalités l’ont fait dans le dossier que vous découvrirez dans ce numéro. À notre tour, suivons le mouvement.
Causette
Ce numéro de décembre de Causette présente deux couvertures différentes, la première sera testée auprès de nos lectrices du Grand Ouest, la seconde dans le reste de la France. L’objectif est de mesurer quels types de sujets vous préférez.
Extraits du numéro
La sélection ciné du 22 décembre
1956 : la cloche a sonné, l’alcool est fini à la cantine !
La chronique de Cathy Yerle l Le jour de la Seigneure
Enfoncée dans mon canapé moelleux, je me délecte du froid en ce dimanche de décembre, un masque de voyage sur les yeux, quand Fiston, qui s’ennuie, me tire par les chaussons fourrés : « Qu’est-ce que tu fais, Maman ?– Rien. » Et ça, ça l’étonne. Je lui explique gentiment que le dimanche, c’est mon jour…
Dans le dense trafic de Mumbai, avec le photographe Dougie Wallace
Au Pérou, des guerrières de la faim contre l'explosion de la misère
Parentalité : la passerelle, un relais pour souffler
Témoignages : treize personnalités brisent le silence sur leur avortement
« Oui, j'ai avorté » : pourquoi il est nécessaire, en 2021, de dire que l'on a avorté
Crimes sexuels dans l’Église : payer permet-il de réparer ?
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Recyclage : l'avenir est-il dans la récupération du CO2 ?
Noël : le catalogue quichesque idéal de Causette, édition 2021
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Le bus magique
À Hongkong, la société de transport Ulu Travel propose, depuis mi-octobre, un trajet en boucle d’environ 80 kilomètres à vitesse réduite (comptez à peu près cinq heures) afin de permettre à ses usager·ères de… dormir. « Lorsqu’on réfléchissait à de nouvelles excursions, j’ai vu le post d’un ami sur les réseaux sociaux…
La duchesse sur le tapis vert
Le pull que vous portiez ce matin est le même que celui que vous avez mis la semaine dernière ? Encore mieux, c’est la troisième fois ce mois-ci que vous le sortez du placard ? Votre niveau d’engagement est proche de celui de Kate Middleton, qui, le 17 octobre, a « ébloui le public…
#ilssachentnouschassons*
Sortir de chez soi sans se prendre une balle perdue, c’est devenu un truc de bobo citadin·e. Pour les autres, le gilet pare-balles va devenir l’élément indispensable à offrir à Noël, à moins que, d’ici là, la « petite loi des séries » soit terminée. C’est ainsi que le président de la…
Les ultrariches au zénith du zinzin
R360 est un tout nouveau club très privé à 180 000 dollars l’entrée et dont le « r » initial ne veut pas bêtement dire « riche » – cher·chère pauvre qui nous lisez, vous manquez décidément d’imagination et de culture. Non, cette lettre est une discrète référence à l’archange Raziel, figure de la tradition kabbalistique et magique…
Suicide de Dinah Gonthier : « Notre devoir est de dire à nos enfants de ne pas harceler »
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Angèle, portrait d'une féministe pop
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Dans nos oreilles : Priya Ragu, Teke::Teke et Daptone Records
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