128 jane campion © Kirsty GriffinNetflix 2021
© Kirsty Griffin / Netflix

À voir sur Netflix : "The Power of the dog" de Jane Campion

Mise à jour du 28/3/22 : Jane Campion a reçu dimanche soir l’Oscar de la meilleure réalisatrice pour The Power of the Dog, qui était nommé dans douze catégories. C'est la troisième fois qu'une femme décroche cette récompense : la première fois, c'était Kathryn Bigelow en 2010 pour Démineurs. La seconde était Chloé Zao, l'année dernière pour Nomadland.

Mise à jour du 8/2/22 : The Power of the Dog est en lice pour la cérémonie des Oscars 2022 qui aura lieu le 27 mars prochain. Le film est en tête de la course avec douze nominations. Notamment dans les catégories du meilleur film, meilleur·e réalisateur·trice, meilleur second rôle féminin pour Kirsten Dunst et masculin pour Jesse Plemons et Kodi Smit-McPhee. La Néo-Zélandaise Jane Campion, entre dans l'histoire en tant que première femme à décrocher deux nominations pour l'Oscar de la meilleure réalisatrice, 28 ans après La Leçon de piano.

The Power of the Dog, le nouveau film-événement de Jane Campion, diffusé sur Netflix, s’empare des codes du western pour dénoncer la masculinité toxique. Une œuvre audacieuse et superbe, qui s’inscrit en toute logique dans la filmographie de cette pionnière, désormais icône du 7e art. En selle !

Le film

De l’art de ménager le suspense ! Douze ans après Bright Star, son dernier film, Jane Campion livre avec The Power of the Dog l’une de ses œuvres les plus inspirées. D’une beauté et d’une acuité remarquables, magistralement mise en scène qui plus est ! Nous voici transplanté·es dans les années 1920, au cœur du Montana, là même où Phil Burbank (Benedict Cumberbatch, exceptionnel) et son frère George (Jesse Plemons, très émouvant), propriétaires du plus grand ranch de la région, coulent des jours plus ou moins heureux. Phil est un homme éduqué, qui a choisi la vie rustre des cowboys. Un mâle alpha qui laisse son frère dans l’ombre, jusqu’au jour où ce dernier se marie avec une veuve désargentée (Kirsten Dunst, éperdue et frémissante), mère d’un garçon chétif, sensible, quoique très ambitieux. Phil est furieux ! Dès lors, le drame couve, entre lutte des classes et désirs interdits… S’emparant des codes du western, genre ô combien viril, Jane Campion propose ici une réflexion ironique – et percutante – sur la masculinité toxique ! Son récit, justement sinueux et douloureux, est formidable de modernité. 

La pionnière

À 67 ans, la cinéaste néo-zélandaise occupe une place à part dans l’histoire du 7e art. Chacun des sept (sublimes) longs-métrages qu’elle a signés depuis Sweetie (1989) témoigne de sa profonde originalité. À la fois flamboyant et délicat, romantique et cruel, son cinéma toujours très incarné regorge d’héroïnes au caractère singulier, souvent marginales, qui cherchent à s’affranchir des carcans sociaux. En clair, Jane Campion aime bousculer les genres, voire les renverser… aussi bien dans des films d’époque (Portrait de femme en 1996, par exemple) que dans des thrillers (Top of the Lake, sa série envoûtante à souhait). Sans doute parce que cette diplômée d’anthropologie a toujours eu à cœur de dénoncer le système patriarcal en général et l’aliénation des femmes en particulier. Bien avant #MeToo, un mouvement qu’elle a vécu, reconnaît-elle, comme un « tsunami ».

L’icône

Longtemps unique réalisatrice à avoir reçu la Palme d’or à Cannes (en 1993, pour La Leçon de piano), jusqu’à ce que Julia Ducournau l’obtienne pour Titane en 2021, Jane Campion est devenue une icône et un modèle. À son corps défendant, car cette artiste discrète n’aime rien tant que cultiver l’art… de se faire oublier ! Elle a d’ailleurs annoncé que The Power of the Dog serait son dernier film et qu’elle se consacrerait sans doute à l’enseignement. Nul hasard : les notions de liberté et de transmission la guident depuis toujours. Notions qu’elle aime décliner au féminin, on ne se refait pas ! Invitée d’honneur du Festival Lumière à Lyon, en octobre dernier, et dûment récompensée, elle a reçu son prix entourée de nombreuses réalisatrices. Précisant alors : « La sororité est un sentiment que je trouve tellement beau ! Ce compagnonnage m’est extrêmement cher. »

The Power of the Dog, de Jane Campion. Sur Netflix à partir du 1er décembre.

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