128 Madres Paralelas © Iglesias Mas
Madres paralelas © Iglesias Mas

Quatre recom­man­da­tions ciné pour ce 1er décembre

Madres paralelas, Le Diable n'existe pas, La Pièce rapportée et La Fièvre de Petrov : de quoi vous donner envie de vous réfugier dans la chaleur une salle obscure en ce premier jour de décembre.

Femmes au bord de la crise de mère

On n’en voudra jamais à Pedro Almodovar de nous faire pleurer. D’ailleurs, une fois encore, avec Madres paralelas, on plonge avec délice dans un récit coloré, jalonné de sentiments extrêmes, de rebondissements énormes et de femmes au bord de la crise de nerfs. Au bord de la crise de mère, plutôt, puisqu’il a pour héroïnes deux femmes qui accouchent seules, le même jour, et dont les bébés sont échangés à l’hôpital… 

Précisément, ce sont elles, les deux « mères parallèles » du titre : Janis, quadragénaire célibattante (resplendissante Penélope Cruz), et Ana, adolescente elle-même en mal de mère (Milena Smit, nouvelle venue opalescente). Narrée façon telenovela stylée, l’histoire croisée de leurs destins bouleversés confirme deux des grandes qualités du cinéaste espagnol. Primo, nul ne sait magnifier les femmes (et les actrices) comme lui. Secundo, peu parviennent à questionner les notions d’identité et de transmission avec une telle virtuosité. 

Car une autre thématique, plus inhabituelle chez lui, vient encore enrichir son intrigue : la guerre civile d’Espagne (1936-1939) ! En marge du parcours romanesque de ses protagonistes, Almodovar nous entraîne en effet vers un charnier secret où ont été enterrés des républicains (fusillés par des franquistes), dont l’arrière-grand-père de Janis. Une façon habile d’interroger non plus seulement la descendance contrariée de ses héroïnes… mais également les ascendances compliquées de son pays. En clair, c’est beau à pleurer.

Madres paralelas, de Pedro Almodovar. Sortie le 1er décembre. 

Leur liberté de penser

Tous les personnages du nouveau film de Mohammad Rasoulof sont en proie à un terrible dilemme. Indicible et cruel. Un mari et père aimant dont nul ne sait où il va chaque matin. Un jeune conscrit qui ne peut se résoudre à tuer comme on le lui ordonne. Un médecin interdit d’exercice qui va peut-être, enfin, révéler à sa nièce le secret de toute une vie… Ces ­différents récits, plus absorbants et poignants les uns que les autres, sont inextricablement liés en réalité. D’abord parce qu’ils se déroulent en Iran, pays tyrannisé par une dictature épouvantable. Ensuite parce qu’ils s’insèrent dans une grande œuvre cohérente, aussi digne que belle, sur la liberté de conscience. Contre la peine de mort. Cerise sur le gâteau : les femmes jouent ici un rôle primordial.

Le diable n’existe pas, de Mohammad Rasoulof. Sortie le 1er décembre. 

 Une comédie très très riche

Le burlesque est son credo, la légèreté, son moteur, la fantaisie, sa marque de fabrique. C’est dire si les films d’Antonin Peretjatko sont recommandables en ces temps difficiles ! De fait, après La Fille du 14 juillet et La Loi de la jungle, balades joueuses, un brin confidentielles, le cinéaste français nous propose de nouveau une comédie décalée qui pourrait bien, cette fois, ravir un large public.

Aux confins du vaudeville et de la fable sociale, La Pièce rapportée nous entraîne dans le monde très riche de Paul Château-Têtard, pur produit du XVIe arrondissement parisien, qui tombe amoureux d’Ava, une jeune et jolie guichetière, alors qu’il prend le métro la première fois de sa vie. Ils se marient aussi sec, au grand dam d’Adélaïde Château-Têtard, la mère de Paul, une bourgeoise exécrable autrement dénommée la Reine Mère. Dès lors, une guerre sans merci va s’engager entre les deux femmes…

Entendez une guerre savoureuse, car, même si le récit multiplie les clins d’œil au réel (« gilets jaunes » et bidonvilles compris), il est empreint d’une folie irrésistible. Dialogues jubilatoires, enchantement visuel, rythme tourbillonnant : quelque chose de l’enfance s’échappe de cette lutte des classes cartoonesque. D’ailleurs, on pense à l’univers de Jerry Lewis comme à celui des Monty Python. Grâce en soit rendue, aussi, à son casting cinq étoiles. Comme ­souvent, Philippe Katerine (Paul) et Anaïs Demoustier (Ava) font des étincelles. Mention spéciale toutefois à Josiane Balasko, géniale dans le rôle outrancier de la Reine Mère !

La Pièce rapportée, d’Antonin Peretjatko. Sortie le 1er décembre. 

Montagnes russes

Attention aux secousses ! La Fièvre de Petrov suit les déambulations ­hallucinées d’un dessinateur de BD, trentenaire quelque peu abruti par la grippe, mais encore plus par l’alcool, un soir ordinaire en Russie. La forme épousant le fond, les montagnes… russes sont donc de mise au cours de cette histoire brûlante. Titubant sans arrêt entre passé et présent, réalité et délires, humour et désespoir, son récit – visuellement très fort – n’en reste pas moins clair. Seuls le rêve et la déraison permettent de survivre dans la Russie de Poutine : tel est, finalement, le message de cette allégorie fiévreuse. Il n’étonnera personne, surtout venant d’un cinéaste interdit de sortie de territoire depuis une condamnation qu’il conteste…

La Fièvre de Petrov, de Kirill Serebrennikov. Sortie le 1er décembre. 

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