
ÉDITO
Peut-être allez-vous penser que nous sommes un peu obsessionnel·les et, soyons honnêtes, vous n’auriez pas tout à fait tort. Après notre dernière couv’ sur les soignant·es, qui semble vous avoir bien intéressé·es, voilà que Causette revient en force ce mois-ci avec un dossier sur les Ehpad. Bah oui, ma bonne dame, mais que voulez-vous, c’est pas de notre faute si les sujets qui agitent notre société ces temps-ci sont liés au care1 et que ce care est massivement pris en charge par… les femmes, pardi ! On aimerait bien que ce soit moins genré, cette affaire-là, d’ailleurs, pour sortir de la boucle infernale qui se mord la queue (si l’on peut dire…) : métier du soin = métier féminin = métier sous-valorisé et sous-payé = métier féminin. Mais pour l’instant, force est de constater qu’on en est loin.
BREF. Ces dernières années, les Ehpad ont largement occupé l’actualité. C’est à
l’occasion de la crise du Covid-19 que l’on a pris la mesure du rôle de ces établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Jusque-là, on avait planqué ces lieux de (fin de) vie sous le tapis. On ne voulait pas regarder la mort en face. Mais alors que la pandémie bloquait le pays et que nos ancien·nes étaient brutalement coupé·es de leurs proches, on s’est rappelé qu’ils et elles existaient.
Et l’on a applaudi les femmes et les hommes, soudainement essentiel·les, qui
prennent soin d’elles et d’eux à notre place, toute l’année. Ces soignant·es qui se
sont retrouvé·es en première ligne. Parfois, pour certain·es, au péril de leur vie. La
plupart y sont allé·es avec vocation et détermination. Trop attaché·es à leur métier
et à nos aîné·es. Il ne faudrait pas l’oublier.
Et puis, l’enquête du journaliste Victor Castanet, Les Fossoyeurs, couronnée par le
prix Albert Londres, a révélé en 2022 la maltraitance et les détournements d’argent
public du gestionnaire d’Ehpad Orpea. Un scandale, pur produit du capitalisme,
qui a forcé notre société entière à ouvrir les yeux sur les dysfonctionnements de
la prise en charge de nos aîné·es. Et sur notre déni collectif quant à la question
de la fin de vie. Pourtant, Simone de Beauvoir alertait déjà dans les années 1970
dans son ouvrage La Vieillesse : « Tout le monde le sait : la condition des vieilles gens est aujourd’hui scandaleuse. » Il est urgent, près de cinquante ans plus tard, de prendre ce sujet à bras-le-corps… Et d’imaginer des façons de mieux vieillir. Entre vieilles dames indignes, en coloc’ avec des enfants, entre personnes LGBTQIA+ ou dans une maison chats friendly… Les propositions sont ouvertes.
Causette
Extraits du numéro :
Andréa Bescond : « Nos anciens ne sont pas des machines à fric »
On a mordu au magnétisme de Zaho de Sagazan
La "Salade grecque" de Kaplisch et autres séries à voir ce mois-ci
À voir au ciné ce 12 avril : "Alma Viva" et "The Quiet Girl"
Cyclisme féminin : les Néerlandaises en tête de peloton
"La Chair est triste hélas", le nouvel uppercut d'Ovidie
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À voir au ciné : "Voyages en Italie" et "Sept hivers à Téhéran"
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Avec "Make up", Valentine Pétry met au jour les contradictions et l'ambivalence liées au maquillage
Bleu de travail et fichu rouge sur la tête, Youlie Yamamoto ambiance les manifs avec les Rosies
Julien Damon : « Les lunettes des toilettes ouvrent sur les grandes questions du monde »
- Le fait de prendre soin[↩]