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Comment Emmanuel Macron entend de nou­veau faire de l’égalité femmes-​homme la « grande cause du quinquennat » ?

Série Une proposition à la loupe. Le président sortant a présenté les principales lignes de son programme lors d’une conférence de presse, le 17 mars, invoquant deux grands axes pour les droits des femmes : la santé féminine et l’accompagnement des familles monoparentales. Précisions avec la députée LREM de Gironde, Bérangère Couillard.

Dans les intentions d'Emmanuel Macron, c'est bis répétita. Le président-candidat a développé les points forts de son programme lors d’une conférence de presse, jeudi 17 mars, dans laquelle il a réaffirmé sa volonté de (re)faire de « l’égalité entre les femmes-hommes la grande cause de [son] nouveau quinquennat ». Celui qui estime avoir déjà « beaucoup fait » lors de son premier mandat, notamment en matière de lutte contre les violences intrafamiliales, d’égalité salariale et professionnelle, a annoncé quelles seront cette fois les deux grandes priorités de son programme sur le sujet : la santé féminine et l’accompagnement des familles monoparentales.

Emmanuel Macron a premièrement annoncé un plan ambitieux autour de la santé des femmes. Concrètement, le candidat souhaite mettre en place un bilan de santé préventif pris en charge à 100% par la sécurité sociale à trois âge clés de la vie des femmes : 25 ans, 45 ans et 60 ans. Il souhaite également une meilleure prise en charge des femmes victimes de fausses couches, avec la suppression du jour de carence pour les arrêts maladies. Les femmes concernées recevront donc sans délai leur indemnités journalières.

Lutter contre les déserts médicaux

Le candidat LREM s’est également engagé à lutter contre les déserts médicaux, notamment en ce qui concerne la santé sexuelle et reproductive par le biais d’une plateforme - dont les détails ne sont pas encore connus. « Nous voulons nous assurer que les femmes aient accès à un rendez-vous gynécologique dans les deux mois », précise à Causette, Bérangère Couillard, députée LREM de la Gironde et relai sur l’égalité entre les femmes et les hommes pour la campagne d’Emmanuel Macron.

Il avait annoncé en janvier dernier faire de l’endométriose, un enjeu de santé public via une stratégie nationale mettant en place un programme d’envergure pour la recherche, une facilitation dans l’accès aux soins et le développement d’une formation initiale et continue pour les professionnels de santé. Qu’en est-il désormais ? « C’est toujours un de ses engagements de campagne », assure Bérangère Couillard.

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Accompagner les familles monoparentales

L’autre grand axe concerne les famille monoparentales – dont 82 % sont dirigées par des femmes et plus d’un tiers vit sous le seuil de pauvreté. Il avait déjà annoncé en 2019 des mesures pour améliorer le quotidien des mères célibataires avec notamment la lutte contre les impayés de pensions alimentaires - perçues à 97% par des femmes. C’est chose faite depuis le 1er mars 2022 : la CAF est désormais automatiquement l’intermédiaire entre le·la bénéficiaire et son ex·conjoint·e. S’il est élu, Emmanuel Macron souhaite aller plus loin pour son prochain quinquennat en doublant l’allocation de soutien familial versée par la CAF, qui passerait donc de 116 à 174 euros. « Elle permet de compléter une pension alimentaire fixée dont le montant est faible, précise la députée. C’était d’ailleurs l’une des revendications des associations familiales et notamment de la Fédération syndicale des familles monoparentales. »

Sur ce volet, la candidate LR Valérie Pécresse s’est aussi engagée en promettant de défiscaliser les pensions alimentaires. Actuellement versées par le père de l’enfant du couple séparé, elles sont considérées par le fisc comme une source de revenus pour la mère. Laquelle est donc taxée sur la somme perçue. Du côté de celui qui verse la pension, au contraire, la somme est déductible de son revenu imposable. « Je ne vois pas comment elle va mettre cela en place tout en continuant de faire une déduction fiscale pour les verseurs », s’interroge la députée LREM mettant en avant la volonté d’Emmanuel Macron « d’accompagner les mères isolées précaires » avec cette mesure qui leur est destinée spécifiquement.

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Lutter contre les violences conjugales

Le président sortant a annoncé quelques nouvelles mesures au sujet des violences envers les femmes lors de l’émission Face aux Françaises, organisée par LCI et Elle le 7 mars. Il a assuré vouloir tripler le montant de l’amende « outrage sexistes » contre le harcèlement de rue qui la porterait à 300 euros. Une mesure qu'il avait déjà annoncée en janvier lors d’un déplacement à Nice. Pour les associations féministes, la loi qui a instauré le délit d'outrage sexiste en 2018 est certes une avancé sur le papier mais son efficacité restait marginale, compte tenu de la nécessité de faire constater les faits en flagrant délit. « 5 000 verbalisations depuis 2018, je ne considère pas que cela soit inefficace », rétorque Bérangère Couillard qui précise que le candidat s’est aussi engagé à doubler les forces de l’ordre dans les transports aux « moments critiques ».

Un autre point du programme d’Emmanuel Macron consiste en la création d’un fichier des auteurs de violences conjugales. Une mesure déjà annoncée en mai après les dysfonctionnements de la police et de la justice lors du meurtre de Chahinez Daoud à Mérignac. Pourquoi donc attendre le (possible) second mandat pour le mettre en place ? « Ce n’est pas si simple à mettre en place, répond Bérangère Couillard. Il faut croiser les fichiers de façon à le mettre en lien avec celui des porteurs d’armes. C’est un travail réalisé avec la CNIL, qui demande du temps. »

Pour renforcer la lutte contre les violences conjugales, le président-candidat s’engage enfin à mettre en place des pôles de juridiction spécialisés. Un juge spécialisé dans les petites juridictions, une chambre dédiée dans les grandes. Emmanuel Macron promet également de faire passer de 2 000 à 4 000 le nombre de policier·ières spécialisé·es ainsi que d’augmenter le nombre d’intervenant·es sociaux·ales dans les commissariats. Il souhaite aussi s’engager pleinement dans la prise en charge de la parole des femmes victimes de violences sexistes et sexuelles avec la création d’un système de dépôt de plaintes en ligne afin de « pouvoir développer la plainte hors du commissariat » précisait-il le 7 mars. Une mesure qu’il avait déjà annoncée lors de la clôture du Beauvau de la sécurité en septembre dernier, espérant le mettre en place dès 2023. « Emmanuel Macron n’arrêtera pas le travail dans la lutte contre les violences faites aux femmes », certifie Bérangère Couillard.

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