
ÉDITO
« Derrière chaque grand homme, il y a une femme. » Vous connaissez l’adage ? Bien représentatif de ces phrases croustillantes, fourrées au bon sens, destinées à récompenser d’une caresse faussement reconnaissante ces jolis animaux de compagnie que sont depuis toujours ces sœurs, épouses, mères, compagnes ou collègues qui œuvrent, en effet, dans l’ombre de grands hommes.
Une petite phrase bien condescendante, d’autant plus perverse qu’on ne peut la relever sans s’exposer à une feinte surprise : « Ah bah, tu vas pas dire le contraire ? » Non, bien sûr. Mais c’est le genre de formule que l’on entend depuis des siècles – l’Antiquité au moins – et qui, une fois prononcée et approuvée consciencieusement par la vulgate alentour, permet de passer à autre chose. Depuis des siècles.
Notons que les choses changent et que, depuis quelques années (seulement), nombreuses sont les femmes qui s’activent pour faire connaître toutes ces invisibles. Nous-mêmes, chez Causette, on y contribue régulièrement. Une nouvelle fois, nous leur tendons la main. Et de nouveau, nous sommes frustré·es de ne pas avoir assez de pages pour toutes les accueillir, elles dont le destin, à chaque fois que l’on se penche dessus, nous fait bouillir de rage devant l’étendue de l’injustice, du mépris, du cynisme qui les ont maintenues dans l’ombre et qui les ont spoliées en passant.
Alors vive Jacqueline, Madeleine, Clementine, Julia et toutes les autres ! Bienvenue dans la lumière.