ÉDITO
« Derrière chaque grand homme, il y a une femme. » Vous connaissez l’adage ? Bien représentatif de ces phrases croustillantes, fourrées au bon sens, destinées à récompenser d’une caresse faussement reconnaissante ces jolis animaux de compagnie que sont depuis toujours ces sœurs, épouses, mères, compagnes ou collègues qui œuvrent, en effet, dans l’ombre de grands hommes.
Une petite phrase bien condescendante, d’autant plus perverse qu’on ne peut la relever sans s’exposer à une feinte surprise : « Ah bah, tu vas pas dire le contraire ? » Non, bien sûr. Mais c’est le genre de formule que l’on entend depuis des siècles – l’Antiquité au moins – et qui, une fois prononcée et approuvée consciencieusement par la vulgate alentour, permet de passer à autre chose. Depuis des siècles.
Notons que les choses changent et que, depuis quelques années (seulement), nombreuses sont les femmes qui s’activent pour faire connaître toutes ces invisibles. Nous-mêmes, chez Causette, on y contribue régulièrement. Une nouvelle fois, nous leur tendons la main. Et de nouveau, nous sommes frustré·es de ne pas avoir assez de pages pour toutes les accueillir, elles dont le destin, à chaque fois que l’on se penche dessus, nous fait bouillir de rage devant l’étendue de l’injustice, du mépris, du cynisme qui les ont maintenues dans l’ombre et qui les ont spoliées en passant.
Alors vive Jacqueline, Madeleine, Clementine, Julia et toutes les autres ! Bienvenue dans la lumière.
Extraits du numéro :
Elles sont au plus près du pouvoir, et pourtant, zéro trace d’elles dans la loi. Les Premières dames sont à la fois célèbres, via leur mari président, mais invisibles ; à la fois centrales dans la com’ du chef d’État, mais sans statut officiel. L’historienne Armelle Le Bras-Chopard, spécialiste du…
Poétesse de talent, Jacqueline Pascal a beaucoup influencé, au XVIIe siècle, le cheminement spirituel de son frère Blaise, qui deviendra le héraut français du jansénisme.
Delia Derbyshire, précurseuse de la musique électronique, a travaillé avec Yoko Ono ou Paul McCartney et, surtout, a composé le générique de la mythique série Doctor Who – sans jamais en être créditée de son vivant.
Elles peuvent demeurer longtemps dans l’ombre du quotidien, de leur mari, ou d’elles-mêmes. Mais parfois, on les (re)découvre, à la faveur de la maternité, et elles reprennent leur place dans l’Histoire.
Remettre en lumière les femmes invisibilisées par l’Histoire – écrite par les hommes pour les hommes –, c’est parler du matrimoine. Un mot qui a lui-même été effacé au XVIe siècle par les grammairiens, suivant leur règle : « Le masculin l’emporte sur le féminin. » Quatre siècles plus tard,…
Marie de France, poétesse du XIIe siècle, est connue – pas assez – pour ses lais, de courts récits en vers. Pourtant, elle est aussi l’autrice de fables piquantes et poétiques, proches de celles que La Fontaine écrira bien plus tard. Après des siècles d’oubli, celles-ci sont enfin publiées par…
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